Le roi et l’horloger
Parution le 3 février 2023
Traduit par Eric Boury
316 pages
22.50 €
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Thème
A la fin du XVIIIe siècle, Jon Sivertsen, horloger de son métier, remet en état une superbe pendule astronomique mise au rebut dans les caves du palais royal de Christiansborg à Copenhague. Le roi Christian VII prend plaisir à venir le regarder travailler en l’écoutant raconter l’histoire de son père Sigurdur, fermier dans une Islande alors vassale du Danemark, qui fut condamné pour avoir enfreint des règles morales particulièrement rigides comme l’usurpation de paternité, alors passible de la peine de mort.
Points forts
- Le découpage du roman habilement partagé entre les ateliers du palais de Copenhague peuplé d’élégants courtisans et les fjords de la lointaine Islande, habités d’austères fermiers en butte au froid et à la disette.
- Les relations presque amicales entre un roi sans autorité mais conscient de son rang et un artisan sachant la petitesse de sa condition (il garde la tête baissée sur la poitrine comme il sied à un homme du peuple) mais bien décidé à montrer à son roi la réalité islandaise et la cruauté des représentants de la couronne.
- La description minutieuse de l’horloge astronomique, « la merveille conçue par Habrecht » (chef d’œuvre dont on peut encore voir l’équivalent à la cathédrale de Strasbourg) et son long remontage qui ponctue le récit jusqu’à la réussite finale.
- Les personnages originaux et attachants : Jon Sivertsen l’horloger narrateur qui travaille juste pour servir la beauté des choses symbolisée par l’horloge ; Christian VII, fatigué et malade, dont la royauté n’est plus que de façade ; Sigurdur, fermier de Geirseiyri, victime consentante qui ignore le ressentiment. D’autres, moins sympathiques comme le Bailli Olafur qui saute sur toutes les occasions de s’approprier les biens de ceux qui ont commis un faux pas, armé du « Storidomur », corpus de lois régissant les relations entre les sexes baptisé « jugement suprême ».
- Les descriptions d’une Islande aux paysages splendides peuplée d’hommes durs, moitié fermiers, moitié pêcheurs de requins, où règnent le froid et la disette.
Quelques réserves
Le texte, bien écrit et certainement bien traduit, est parfois difficile à lire et à mémoriser, du fait de la multiplication des noms propres islandais. Il faut suivre les protagonistes, Grimolfur, Sigurdur, Gunnar, et autre Bjarni Palsson dans de multiples lieux improbables comme le fjord de Breidafjördur, la vallée de Saudauksddalur, la crique d’Orlygshöfn, la prison de Stokhuser ou l’église de Saurbaer à Raudisandur…
Encore un mot...
Contrairement aux fictions qui ont fait sa réputation, Indridason n’a pas cherché à introduire le moindre suspense dans ce roman-là (on sait dès la vingtième page ce qui va advenir des héros). Il s’agit plutôt d’une réflexion presque philosophique touchant à la nature du temps illustrée par la complexité de l’horloge d’Habrecht et d’une étude désenchantée sur les éternels rapports de force entre les humains.
Une phrase
« Tout le monde n’est pas logé à la même enseigne, dit Jon. Il suffit d’avoir trois relations hors mariage en Islande pour être condamné à la pendaison, alors qu’à trois rues d’ici, chacun peut se vautrer dans la luxure à sa guise. » P.247
L'auteur
Historien de formation , Arnaldur Indridason est né à Reykjavik en 1961. Écrivain, journaliste et critique cinématographique, il est surtout connu pour ses romans noirs couronnés par de nombreux prix, traduits en quarante langues et vendus à 18 millions d’exemplaires à travers le monde.
Pour retrouver quelques chroniques de Robert Haehnel sur les livres d'Arnaldur Indridason :
- La pierre du remords
- Les roses de la nuit
- Ce que savait la nuit
Commentaires
Répétitif ennuyeux 2/20
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