Le pays que j’aime

Un roman, au ton juste, et sans fioriture, qui vous embarque
De
Caterina Bonvicini
Editions Gallimard
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

L’histoire débute en Italie dans les années 70/80, au temps des Brigades Rouges et de la Loge P2. Bien loin des attentats et du scandale éclaboussant alors la banque Ambrosiano, deux familles tiennent dans Le pays que j’aime les rôles principaux : d’un côté, les Morganti, grands bourgeois menant la vie à grandes guides et, de l’autre, les modestes Carnevale qui sont leurs domestiques. D’abord élevés ensemble et partageant les mêmes jeux, Olivia Morganti et Valerio Carnevale seront séparés lorsque le couple des Carnevale volera en éclats, la mère de Valerio ayant pris un amant et s’installant avec son fils et lui à Rome. En parallèle de l’histoire de leurs enfants, les deux familles se heurteront à la cruelle imprévisibilité de l’avenir et au jeu de massacres des illusions.

Points forts

Y aurait-il une recette propre aux écrivains italiens qui nous fasse aimer leurs livres ? Après le formidable succès des romans d’Elena Ferrante, Caterina Bonvicini reprend le flambeau. Et on marche, on court dès les premières lignes de ce roman au ton juste et sans fioriture. Petite enfance, adolescence, épanouissement et espoirs insensés, maturités en pointillé, les deux héros ne cessent de se croiser et de se manquer. 

A aucun moment, l’attention du lecteur ne se relâche car, jusqu’au bout, Caterina Bonvicini ne laisse deviner si son histoire finira ou non en happy end. Dans cette valse-hésitation où l’amertume le dispute à l’espérance, l’espoir reste heureusement en embuscade, comme un allié sur qui on se donne l’illusion de pouvoir compter.

Quelques réserves

De temps à autre, quelques termes qui n’étaient pas employés par des enfants dans les années 70 tintent singulièrement. Erreur de traduction ou volonté absurde de confondre les époques ?

Encore un mot...

Quand une page, un chapitre se termine, ce sentiment si délicieux que tout n’a pas encore été dit, que chacun des personnages peut encore nous surprendre et nous mettre le cœur en lambeaux. Qui dira assez le bonheur de l’inattendu où la fragilité de toute histoire d’amour consume le lecteur ?

Une phrase

- « Adolescents, nous oscillions de façon presque schizophrénique entre la pudeur absolue et la violence verbale, entre la peur de nommer les choses et l’envie d’écrire nos pensées sur les murs. Parfois, j’ai la sensation que les âges de la vie restent en nous pour toujours et que la maturité est simplement notre capacité à les reconnaître …ces âges qui s’accumulent dans notre esprit pour le plaisir de nous confondre encore un peu plus. »

-  "Quand on cesse d’imputer à sa famille toutes les erreurs qu’on fait, cela signifie qu’on vieillit. Cette phase est appelée « maturité » juste pour adoucir le concept".

L'auteur

Née en 1974 à Florence, Caterina Bonvicini est connue du public français depuis que Gallimard a traduit et publié son cinquième roman l’Equilibre des requins (2009) qui avait reçu en Italie le prix Rapallo-Carige et sera couronné en France par le Grand Prix de l’Héroïne Madame Figaro (2010). Le pays que j’aime est son huitième roman.

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