Le Parti d'en rire, Pierre Dac Président !
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Thème
En 1965 (première élection présidentielle au suffrage universel direct) l'humoriste Pierre Dac, relançant avec Jean Bardin l'hebdomadaire satirique l'Os à Moelle qu'il avait créé dans les années 30, annonce sa candidature à la présidence de la République. Il forme un parti : le M.O.U (Mouvement ondulatoire unifié) avec pour slogan de campagne :" Les temps sont durs, vive le MOU", laissant entrevoir quelques uns de ses futurs ministres dont les chroniqueurs, Jacques Martin, René Goscinny et Jean Yanne.
Le "roi des loufoques" n'est pas n'importe qui : il fut, à Londres, l'un des "Français qui parlent aux Français" et sa fidélité à De Gaulle ne saurait être mise en doute. Néanmoins, après plusieurs semaines de ce canular, l'Elysée lui fait savoir que la plaisanterie a assez duré !
Ce livre rappelle donc les grandes lignes du "programme" du candidat Pierre Dac, émaillé, on s'en doute, de nombreux jeux de mots et plaisanteries dont il avait le secret. Tout est prétexte à réforme : l'enseignement, le déficit budgétaire ("gouffre abyssal"), la médecine, la cour des comptes, les dépenses de l'Etat, l'heure d'été, les astigmates, l'EDF, l'étalement des vacances... et bien sûr les impôts ("déclaration toute simple") et même l'emploi du 49.3 ("porte ouverte à n'importe quelle extravagance") !
Points forts
Les actualités journalières justifie la relecture de cet étonnant "programme" énoncé il y a plus de 50 ans qui cible toujours les mêmes problèmes : Les réformes du Ministère de l'Education nationale qui consistent toujours à revenir sur celles du gouvernement précédent et les élèves-étudiants toujours en partie promis au chômage... les agriculteurs de plus en plus nombreux à déserter leurs terres... Les mandats d'amener de la police qui devraient être disponibles dans les bureaux de poste tandis que les forces de l'ordre devraient être équipées de gilets lumineux pour que personne ne puisse contester que ce sont des lumières...Pour les médecins, il faudra mettre en place une loi votée par ordonnance... Et pour les "affaires", pour fourrer plus facilement le nez dedans, on créera un Ministère de l'Intrusion publique, etc, etc.
· Il est intéressant de traquer quelques uns des ressorts de l'humour de Pierre Dac : parfois des assonances approximatives (pour les boulangers... chaque four suffit sa peine ; pour les serruriers, rien ne se fait sans pêne ; pour les pêcheurs bretons, il faut aider les alarmés du chalut...). Très souvent il joue sur le double sens des mots ("En cas de luttes intestines, je m'engage à ne jamais hésiter à procéder à une purge gouvernementale"). Il excelle aussi à faire cohabiter deux propositions totalement étrangères l'une à l'autre. ( "une révision constitutionnelle est indispensable dans le respect des droits de l'homme et du citoyen et dans celui de la Déclaration des droits de succession, de mutation et du droit canon antiaérien"). Quelquefois, assez rarement, on descend un peu sous la ceinture : "Quand les Français sont en élection, il peut y avoir des filles maires".
· Au final, bien des propositions, loufoques certes, ne sont pas dénuées de bon sens ! Et comme le M.O.U. avait pour ambition d'établir un climat de bienfaisante détente, d'apaiser les passions exacerbées et partisanes... il serait encore bien utile aujourd'hui.
· La mise en page, avec de multiples polices de caractère, accentue le plaisir de parcourir cette amusante lecture.
Quelques réserves
Quelques chiffres, dans la préface, auraient aidé à mesurer l'impact de cette plaisanterie : combien de mois a-t-elle duré ? Les Français y ont-ils été sensibles et dans quelle mesure ? Quel était le tirage de l'Os à Moelle ? A-t-il augmenté dès les premières chroniques du "parti d'en rire" ?
Encore un mot...
Pour les futurs électeurs que nous sommes, à quelques semaines des élections, 150 pages de rire et de sourire ne peuvent qu'être bénéfiques au moral (lequel, selon Pierre Dac, est "essentiel pour notre pays" et justifie la création d'un ministère du Moral).
Une phrase
"Je m'engage à écarter du pouvoir les hommes politiques qui ont la vue basse. Ils sont un danger pour la France mais surtout pour nos palais nationaux. Un seul de ces élus qui dévale en courant les marches de l'escalier de l'Assemblée nationale a toutes les chances de finir à plat ventre et au plus bas, et pas seulement dans les sondages d'opinion".
L'auteur
Le journaliste, scénariste et écrivain Jacques Pessis, né en 1950, spécialiste du music-hall et de la variété française, s'emploie, depuis de nombreuses années, à garder vivante la mémoire de Pierre Dac (1893-1975), dont il est le neveu adoptif et le légataire universel. Il lui a consacré plusieurs spectacles ainsi que des anthologies et des livres parmi lesquels : Pierre Dac, mon maître 63 ( Le Cherche Midi, 2012) et La substantifique moelle de Pierre Dac. Le club des loufoques, 1937-1940 (Éditions François Bourin, 1994)
Longtemps collaborateur de Philippe Bouvard, Jacques Pessis publie chaque semaine dans Le Figaro sa chronique "Les gens". Il a rédigé des biographies consacrées notamment à Piaf, Trenet, Baker, Poiret, Maillan, Dalida (il vient de faire paraître Dalida, une vie pour l'amour(Editions TohuBohu, 2017).
Il est également producteur de plusieurs séries télévisées sur l'humour et sur la chanson française.
Ils viennent de sortir
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