Le mystère de la femme sans tête

Le destin d’une héroïne russe exilée en Belgique, décapitée en 1942 sous les ordres d’Hitler. Roman historique ou fiction ?
De
Myriam Leroy
Seuil
Publication en Janvier 2023
283 pages
19,50 €
Notre recommandation
2/5

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Thème

 Lors d’un confinement limitant les sorties, l’auteure se promène avec une amie dans le cimetière d’Ixelles à Bruxelles. Son attention est attirée par une tombe avec le nom de Marina Chafroff, morte décapitée en 1942. Grâce à Internet, l’auteure apprend que Marina est une jeune fille russe, exilée à Bruxelles avec sa famille à la suite de la révolution russe de 1917. Elle s’est mariée avec Yuri Maroutaëff de 6 ans son cadet, et a deux garçons Nikita et Vadim.

Nous sommes en 1942. Bruxelles est occupée par les Allemands, et Marina écoute Radio-Moscou avec Staline qui incite à tuer l’occupant. Son mari et ses amis se retrouvent : sont-ils résistants ?  A la suite d’une action commise envers l’occupant, les Allemands prennent 60 personnes en otages afin que l’auteur (ou les auteurs) se dénoncent. Marina poignarde alors un fonctionnaire allemand  et se dénonce comme coupable de l’attentat. Sans procès réel, Marina sera condamnée à mort. Emmenée en prison à Cologne, elle y sera décapitée à la hache sur ordre d’Hitler lui-même.

Points forts

Il est intéressant de suivre la vie de ces Russes exilés à Bruxelles depuis la Première Guerre mondiale ; religion, superstitions et diverses pensées s’y côtoient. Seul, le témoignage du plus jeune fils (3 ans à l’époque des faits) rappelle quelques faits.

Portrait d’une héroïne courageuse, déterminée. Mais oubliée, effacée par les hommes tant de son vivant qu’après sa mort.

Quelques réserves

Ce roman me laisse partagée. S’il a le mérite de mettre en avant une jeune femme au destin extraordinaire, on ignore malgré tout si cette fiction correspond à la réalité, faute d’éléments suffisants.

Encore un mot...

Cette mère de famille aurait pu marquer l’Histoire. Pourquoi est-elle donc tombée dans l’oubli ? Qui était Marina Chafroff ? Quelle personnalité réelle? A -t-elle  commis l’attentat? Pourquoi s’est-elle dénoncée  en laissant ses deux jeunes garçons?  S’il est sûr que Marina a bien été décapitée, ses revendications, sa personnalité restent floues. Son mysticisme est-il réel ? L’auteure, en parlant de Marina, nous livre ses réflexions sur la place des femmes, son ressenti et son propre vécu dans la société. Elle transpose ainsi son militantisme féminin sur la personne de Marina. En mettant en parallèle le destin de Marina en 1942 et sa vie en 2022, les remarques féministes permettent à l’auteure de régler ses comptes avec son environnement. Personnellement, je ne suis pas très convaincue par ce livre. Toutefois, ce livre se lit facilement et le style est plutôt fluide.

Une phrase

-  « … Le visage d’une femme russe, l’air très jeune, un béret à la Gavroche perché sur le crâne. La fille a une gueule, une trogne qui n’est pas là pour être aimée.(...) C’est sa physionomie qui captive. Un petit nez rond et des bonnes joues mais une morgue et des yeux durs, des yeux qui te voient là où tu ne veux pas être vue … Tout dans ce visage dit à la personne qui regarde : “ Dégage”.»  p. 23/24

- «  Tu penses que Marina, tu la comprends. Tu n’as aucun mal à envisager comment on peut faire d’une injustice une obsession, d’une obsession une maladie, et d’une maladie un ouragan ». p .135

L'auteur

Myriam Leroy est née en 1982. Journaliste, écrivaine, elle habite à Bruxelles. Ce livre est son troisième roman, après Ariane (Don Quichotte Éditions, 2018) et Les Yeux rouges ( Seuil, 2021).

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