Le Meurtre du Commandeur
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Thème
Le narrateur est un peintre que sa femme vient de quitter. Il trouve refuge dans une maison isolée dans la montagne, qui a appartenu à un peintre célèbre. Dans le grenier il trouve une toile emballée, le Meurtre du Commandeur.
Parallèlement, des événements étranges surviennent : il entend des bruits de clochette la nuit, il rencontre un mystérieux voisin qui lui demande de faire son portrait ...
Un jour, le Commandeur du tableau lui apparaît. Il mesure 60 centimètres et c’est le début d’un parcours initiatique, étrange et inquiétant, qui va confronter le héros aux obsessions de Murakami : l’art, la solitude, la transmission, la fragilité.
Points forts
- Murakami trace son sillon en produisant des romans sans cesse plus ambitieux, qui s’inscrivent dans la continuité de son oeuvre. Chaque livre est le fruit d’une inspiration qui, loin de se tarir, semble s’enrichir et se renouveler constamment. A près de 70 ans, là où un Philip Roth a connu une fin de carrière pénible faite de petits opus mineurs, Murakami continue à surprendre avec des romans foisonnants, au souffle épique.
- On retrouve le même voyage symbolique et initiatique que dans « La course du mouton sauvage », le premier de ses livres qui connut le succès en France mais aussi, l’initiation magique et hypnotique de « Kafka sur le rivage ». A chaque nouveau livre, on retrouve l’univers et les personnages de Murakami, personnel et obsessionnel, qui nous aspire comme dans 1Q84. Ici, des hommes et des femmes, à différentes étapes de leur vie, sont confrontés à des événements inattendus qui vont les marquer à jamais. Ce mille-feuille d’histoires superposées qui communiquent entre elles compose les épisodes d’une vie.
- L’écrivain est passionné par les arts (en octobre est également paru un livre sur ses échanges avec le chef d’orchestre Seiji Ozawa), son héros est un peintre qui entretient un rapport très personnel avec son art et ses modèles. Murakami parle magnifiquement de la peinture et de la création artistique, du rapport à la réalité et sa retranscription, de l’expertise technique et, plus généralement, du rapport à son sujet, ce qui pousse l’artiste à le peindre et son sentiment face à l’achèvement d’une toile.
Quelques réserves
A mon avis -et je ne suis pas le seul...- Murakami n’a pas de point faible. Mais il se peut qu’il soit mal compris, comme par les autorités de Hong-Kong, par exemple, qui ont fait interdire son roman aux moins de 18 ans pour « indécence », ce qui est totalement absurde et dépassé.
Encore un mot...
"Le Meurtre du Commandeur", c’est la nécessité de tuer le père, de s’affranchir des contraintes qu’on s’est construites, de sortir du cadre imposé et gagner sa liberté, qu’elle soit créatrice, affective ou familiale. Chaque personnage est confronté à un choix, qui est de franchir ce pas, ou non, et de se réaliser. Pour chacun d’eux, il y a un avant et un après "Le Meurtre du Commandeur."
Une phrase
Livre 2, page 359:
« Quoi qu’il en soit, il fallait absolument que je vois Marié dans ce monde réel et que nous discutions longuement en tête à tête. Il fallait que nous échangions des informations sur les événements auxquels l’un et l’autre nous étions confrontés durant ces quelques jours. Si c’était possible.
Mais ici, était-ce vraiment le monde réel ? »
(…) Pourtant, ce que je prenais pour le monde réel ne l’était peut-être pas vraiment. Peut-être était-ce seulement ce que je croyais".
L'auteur
Haruki Murakami est né à Kyoto en 1949. Son œuvre est traversée par ses années « de formation » : études de théâtre et de cinéma, patron d’un club de jazz.
Il est aujourd’hui l’un des écrivains les plus importants, tant sa lecture de la société nous aide à mieux la comprendre.
Les rapports qu’entretiennent les gens dans ses livres sont marqués par une difficulté grandissante à communiquer; ils trouvent refuge dans des univers parallèles, fantastiques et surréalistes, à la recherche d’un ailleurs.
Plusieurs fois favori pour le Nobel (qui a préféré se déshonorer en n’attribuant pas son prix en 2018), l’originalité, la cohérence et la puissance de son œuvre, construite sur quatre décennies, font d' Haruki Murakami un écrivain qu’on gagne vraiment à lire.
Commentaires
Une des clé de ce roman, c'est Murakami lui-même qui la donne dans le 1er tome!
"la réalité ne se limite pas seulement à ce qui est visible"
Il aurait surement été pote avec Philip K Dick , lui !!
Oui ou bien tous les auteurs pour qui la vie se poursuit, se prolonge dans des mondes parallèles poreux qui nous entourent, nous captivent et nous libèrent plus qu'ils nous enferment ou nous oppressent
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