Le Fleuve Guillotine

Révolution Française: Lyon, ville martyre
De
Antoine de Meaux
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Lu
par Culture-Tops

Thème

La tourmente révolutionnaire qui secoue la France depuis 1789  atteint son paroxysme après la prise des Tuileries et l’abolition de la monarchie, le 10 août 1792. Le pays sombre dans le chaos : armées étrangères débordant les frontières, guerres civiles embrasant la Vendée et des villes comme Caen, Bordeaux, Marseille, Toulon et surtout Lyon. Dans cette cité, les modérés, partisans de la Révolution, s’insurgent contre le pouvoir central parisien qui se radicalise en mettant la Terreur à l’ordre du jour. Pendant des mois, les Lyonnais  regroupant  une masse hétéroclite de bourgeois, d’aristocrates, de prêtres ou de négociants lui tient tête. Ils organisent le siège de la ville enserrée entre son fleuve et ses collines. Les destins basculent, les familles déchirées entre les deux camps s’entretuent et les aventuriers jouent avec les compromissions. Pour venir à bout de l’insurrection, les hommes de la Convention ne sont pas avares de  moyens : outre l’utilisation incessante de la guillotine, fusillades en masse, bombardements, destruction de quartiers entiers  et envoi  de commissaires redoutables comme Collot d’Herbois et Fouché, chargés de châtier les coupables.

Points forts

1 Un roman historique classique qui renoue avec la grande tradition romanesque du XIXe siècle. On pense aux Chouans de Balzac ou à Quatre Vingt Treize de Hugo. Un souffle puissant qui se répand comme un fleuve et qui sert à dresser une fresque sanglante et flamboyante de ce moment historique. 

2 Un aspect de la Révolution mis ici en lumière, méconnu ou évoqué souvent de manière rapide, alors que la guerre de Vendée éclatant au même moment a imprimé plus profondément les mémoires. Même si celle-ci a duré plus longtemps, le niveau d’atrocités commises par le pouvoir central est comparable.

3 Un point de vue qui n’est pas habituel, celui des modérés ou des contre-révolutionnaires. Ils sont mis en scène avec précision, avec leurs idéaux, leurs doutes, leurs refus et leurs renoncements. Alors que le camp adverse apparaît comme une masse furieuse, assoiffée de sang.

4 Un souci du détail historique qui révèle un extraordinaire travail de documentation. Vocabulaire, noms de lieux,  noms  de personnes : tout est d’une grande précision. Les cartes insérées à la fin de l’ouvrage aident au repérage géographique. Loin de nuire au récit, l’ensemble de ces détails l’enrichit, le rend plus véridique et accentue sa force. Il donne de la couleur aux images et rend le propos aussi vivant que les scènes successives d’un film.

Quelques réserves

Un seul : c’est trop long, et souvent trop descriptif. On suit l’armée des Lyonnais avec force détails, le long de chemins ou de routes où apparaissent une quantité de noms de hameaux, de villages ou de villes. On la retrouve dans la ville de Lyon où l’on se perd à cause de l’abondance des noms de lieux évoqués. Ceci au détriment de l’intrigue dont on lâche un peu le fil et qui manque de force. Les scènes de combat sont aussi très nombreuses. Le sang coule beaucoup, les têtes tombent en grand nombre et les fusillés en ligne s’affalent le long de leur poteau d’exécution. C’est un peu trop.

Encore un mot...

La Révolution  à nouveau mise à l’honneur dans ce roman, sous un angle inhabituel et sans lourdeur idéologique. Après  plus de deux siècles, il devient possible de l’évoquer selon le point de vue que l’on choisit de prendre. Lyon a été une ville martyre en 1793, presque entièrement détruite, dont un grand nombre d’habitants a été passé au fil du « rasoir national », un des surnoms de la guillotine, sinistre emblème de la Révolution qui dérive.

L'auteur

Antoine de Meaux, né en 1972, est d’abord un réalisateur avant d’être auteur. Après avoir signé des documentaires pour la télévision, qui s’attachent à présenter des portraits ( Patrick Modiano, Simone Valère et Jean Desailly, Philippe Noiret ou l’aventurier Michel Vieuchange), il participe ponctuellement au magazine de Stéphane Bern, « Secrets d’Histoire », de France 2. 

En tant qu’écrivain, il est l’auteur, entre autres, de l’Ultime désert, et deCharles Foucault, l’explorateur fraternel.

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.

Ils viennent de sortir

Romans
Tata
De
Valérie Perrin