Le Festin
Traduit de l’anglais par Denise Van Moppès
467 pages, 24 Euros
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Thème
Septembre 1947, le Révérend Seddon se rend chez son ami le Révérend Bott de St Sody en Cornouailles. Celui-ci ne peut lui consacrer du temps pour jouer aux échecs car il doit écrire une oraison funèbre pour les disparus de la falaise.
Été 1947 : l’hôtel/manoir de Pendizack vient de disparaître englouti par la chute de la falaise entraînant la mort de sept résidents.
Qui a péri ? Qui a survécu ? Ce manoir transformé en hôtel par la famille Siddal désargentée (la mère, le père et les trois fils) voit cohabiter des vacanciers hétéroclites.
Il y a Lady Gifford, aristocrate égoïste, avec son époux et ses quatre enfants ; Mrs Cove, veuve âpre aux gains avec ses trois filles miséreuses mais espiègles ; un chanoine acariâtre et sa fille terrifiée et soumise ; un couple en difficultés et endeuillé ; une écrivaine bohème et sans grande morale avec son jeune chauffeur/secrétaire.
Mais aussi une intendante irascible et médisante ; une jeune femme de chambre Nancibel, lumineuse et généreuse…
Dès le début nous savons le drame à venir. L’auteure nous entraîne à vivre la semaine qui a précédé l’accident. Faciles à suivre malgré le nombre, nous découvrons tous ces personnages, enfants et adultes, excentriques, pleins de défauts, et de charme aussi.
Sept jours…. Sept histoires… Je n’en dis pas plus car ce serait dommage de dévoiler tout ce récit.
Points forts
- Tout au long de ces sept jours, à travers les journaux intimes, les savoureux dialogues ou monologues, nous suivons les évolutions des personnages tant physiques que mentales : une belle étude de caractères.
- Des personnages représentent les sept péchés capitaux, d’autres les sept vertus. Une sorte de jeu de piste pour les identifier !
- Une analyse sérieuse de la vie en Angleterre après la guerre : les tickets de rationnement, les rapports de classe, les privations, les désillusions ...
Quelques réserves
Aucune. Une lecture réjouissante.
Encore un mot...
Sous un aspect apparemment léger, ce roman est féroce et tendre à la fois. L’Hôtel de Pendizack est comme un théâtre de plein air. L’avant-propos nous permet de bien nous situer dans le livre, sans pour autant dévoiler toute l’intrigue.
Des personnages attachants, d’autres aux insupportables défauts mais tellement bien décrits que l’on vit avec ! Sur Sept jours, nous assistons à la métamorphose des uns et des autres, des bonheurs se construisent. Dès le départ, nous savons ce qui est arrivé mais nous suivons avec intérêt la préparation de ce Festin par les sœurs Cove ; le suspense est savamment entretenu : QUI va disparaître ? et qu’ont pu raconter au Révérend Bott les survivants ?
Avec un humour exquis, Margaret Kennedy nous narre un conte plus violent qu’il n’y paraît. Quand nous arrivons enfin à ce Festin : quel régal so british ! Même la couverture du livre est délicieuse.
Une phrase
- « Le sommet de ces falaises était recouvert d’une masse de broussailles, de ronces et d’ajoncs qui avaient fini par envahir les anciens chemins de douaniers, et l’endroit n’était guère propice à la promenade. Il avait découvert dans le sol d’étranges craquelures et fissures. » p.228
- « Tout le monde chantait. Tout le monde criait. Ils faisaient tant de bruit que, pendant quelques secondes, ils ne prêtèrent pas attention à un autre bruit qui grandissait peu à peu, jusqu’au moment où il écrasa tous les autres dans un grondement terrible et assourdissant qui les jeta à terre, aveugles et épouvantés. » p.464
L'auteur
Margaret Kennedy (1896-1967) est une romancière, nouvelliste, essayiste et scénariste anglaise. Elle est l’auteur de très nombreuses parutions depuis les années 1920. L’une d’elles,Tessa, la nymphe au cœur fidèle, fut adaptée au cinéma en 1933 et au théâtre en 1934.
Tombé dans l’oubli, Le Festin, publié en mars 2022 avec une traduction revisitée, donne une nouvelle vie à ce roman réjouissant et délicieux.
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