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Thème
Les Neville, vieille famille aristocratique belge , ont connu les fastes et les ors mais aujourd'hui se trouvent confrontés à de graves problèmes d'argent. Le comte et son épouse se résolvent, après avoir du se séparer de l'Aston Martin de la comtesse et renoncer aux Clubs huppés fréquentés par la haute société, à vendre le château de famille (dit "le Pluvier"). Mais cela ne sera pas avant d'organiser une fête mémorable, avec comme chaque année sa cohorte d'invités chics et toujours fortunés.
Monsieur est un peu illuminé, très classe et sympathique. Madame est admirable de désintéressement, aimante et si soucieuse de ces bonnes manières qui siéent à son rang. Malheureusement, ils ont une fille complètement dépressive (c'est le pitch), prénommée "Sérieuse" !
Problème: le comte est tombé sous l'influence d'une voyante... et de ses prédictions dramatiques : Monsieur va commettre un meurtre au cours de la réception sur la personne d'un invité. Mais quel invité ?
La suite ? Achetez le livre, et vous découvrirez que "ce qui est monstrueux n'est pas forcément indigne" et, en plus, vous passerez un bon moment.
Points forts
Je définirais ce roman- conte comme un thriller délicieusement suranné. "Le Crime" a les accents d'un ouvrage d'Agatha Christie, de "Petits meurtres entre amis " par exemple . D'ailleurs, il se lit comme se regarde un feuilleton à épisodes, c'est sa force ; comme dans tous les romans de Nothomb, les images sautent à la figure.
En résumé, les points forts :
1/ L' histoire, la trame, est à dormir débout Mais, bien construite, elle tient... debout justement . Grâce peut être à Oscar Wilde qui a, avec "Le crime de lord Arthur Savile", inspiré notre auteure; grâce aussi a ses accents poétiques.
Les personnages sont crédibles et le mystère reste entier jusqu'à la fin.
2/ De belles réflexions sur la société, une certaine société certes; mais aussi sur la vie en général (l'éducation, la vie de couple, la culpabilisation, la foi...)
3/ Un style éblouissant; un humour décapant, bien ciblé sur le microcosme d'un milieu ou règne le Don Juanisme de l'aristocratie (selon la formule de Marcel Proust).
Quelques réserves
C'est du pur Nothomb. Donc, on pourra regretter la légèreté du sujet, l'inconsistance de la trame, la brièveté de la conclusion un peu bradée (mais c'est ce qui donne son effet de surprise), l'impression de facilité voir de désinvolture laissée par l'écriture.
Encore un mot...
C'est du très bon Nothomb qui nous touche. Il ne faut pas bouder son plaisir en cette rentrée littéraire si sérieuse.
Une phrase
"Pourquoi a-t-on inventé l'enfer alors qu'il existe l'insomnie".
(Henri, comte Neville, confronté à son affreux destin!)
L'auteur
La célèbre romancière belgo-nippone (elle est née à Tokyo) signe, avec ce roman légèrement déjanté, son vingtième rendez vous littéraire annuel et incontournable avec ses indéfectibles admirateurs.
Grand Prix de l'Académie Française en 2007, cette "malade de l'écriture", comme elle se définit elle même, a marqué le paysage de l'édition avec "Stupeurs et Tremblements", sorte de roman autobiographique, fruit d'une expérience douloureuse vécue au sein d'une entreprise japonaise.
Auteure controversée et un brin "exotique", la femme au chapeau revendique souvent son identité et son appartenance à l'aristocratie de son pays. Illustration parfaite dans "Le crime du comte Neville".
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Un thriller délicieusement suranné.
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