Le Cas Malaussène
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Thème
Sonnant quelque peu comme une parodie improbable de « Vingt ans après » de Dumas ou d’un épisode de la saga des Rougon-Macquart de Zola, ce roman brasse, comme les séquences qui l’ont précédé, une quantité de thèmes impressionnante. Il met notamment en scène, en un perpétuel débordement sarcastique, la nouvelle génération d’une famille à la recherche de sa vérité au cœur de psychodrames domestiques, faisant plusieurs clins d’œil appuyés au monde de l’édition et flirtant longuement avec les codes du roman policier à travers les méandres d’un mystérieux kidnapping.
Points forts
- Un style reconnaissable entre mille, fruit d’un talent et d’une inventivité indéniables. Difficile de s’ennuyer à travers ce texte, si l’on fait du moins l’effort non négligeable de s’y plonger, chacune de ses pages contenant un trésor de bons mots et, parfois, de métaphores poétiques. On sera ravi d’y lire, par exemple, des descriptions riches de roses trémières « passant par des jaunes incongrus et des bleutés arachnéens » et de longues phrases à la ponctuation recherchée qui changent de la machine accablante des romans « actuels » boudant adjectifs et virgules au point d’en devenir indigents.
- Un humour mordant, très particulier, qui fait le sel du roman et permet de redécouvrir joyeusement des personnages perdus dans les années 80 en réveillant des nostalgies littéraires. Les fidèles lecteurs de Pennac retrouveront sans peine ce grain de folie et cette fraicheur qui les avaient charmés dans les précédents épisodes de la saga.
Quelques réserves
- La prose très spécifique du livre, loufoque à souhait, ne sera pas, à coup sûr, du goût de tous les lecteurs. Certains jugeront que ce texte souffre de relents de « nouveau roman » un peu datés. D’autres, habitués à des lectures plus classiques ou attendant d’une fiction qu’elle fasse naître en eux des émotions manifestes, se résoudront tout simplement pas à ne plus suivre le fil de l’intrigue et à refermer le livre à mi-chemin. Des répliques déconcertantes, semblant jaillir de nulle part, telles que : « Et si je ramenais un p’tit orang-outang dans mon tiroir, qu’est-ce qu’il en dirait mon tonton préféré » ? seront jugées, par ceux qui apprécient le comique de l’absurde, brillantes et cocasses ou, par d’autres, franchement pénibles.
- Il est difficile de retrouver les personnages repris de romans sortis, pour les premiers, il y a plus de vingt ans. À moins d’être un grand amateur de la saga, il faut, même lorsqu’on a lu et aimé « Au Bonheur des ogres », « La Fée carabine » ou « Monsieur Malaussène », se reporter une bonne vingtaine de fois à l’index pour comprendre qui est qui, ce qui peut rendre la lecture confuse, du moins très chronophage.
Encore un mot...
Un roman très particulier, dans la veine de la saga Malaussène, qui pourra exaspérer certains de ses lecteurs non avertis tout en ravissant les inconditionnels de son auteur, sans jamais laisser quiconque indifférent.
Une phrase
« Bon, pense Silistri, résumons-nous : nous allons soustraire à la loi une bande de kidnappeurs, les trimballer avec leur otage dans un véhicule volé par un fonctionnaire de police pour les planquer dans un orphelinat, le tout sur ordre d’une juge d’instruction qui n’a aucune intention d’en référer à qui que ce soit ». (p 203).
L'auteur
Daniel Pennac est né en 1944 à Casablanca.
Il a été lauréat du Prix Renaudot en 2007 pour un roman autobiographique, « Chagrin d’Ecole », dans lequel sont décrits les malheurs d’un enfant en échec scolaire et ses progrès réalisés sur le tard grâce à l’intervention d’un professeur de mathématiques.
En 1995, il a publié une fiction détonante, « Au Bonheur des ogres », la première d’une saga présentant les Malaussène. Sur un mode saugrenu et décalé, celle-ci raconte l’histoire d’une famille, dont on peut suivre les aventures roman après roman, notamment dans « La Fée Carabine » (1987) ou encore « La Petite Marchande de prose » (1990).
Son dernier livre, « Le Cas Malaussène / 1. Ils m’ont menti », est le huitième de cette série.
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