Le Bal des ombres
Aux éditions Rivages
465 p.
23 €
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Thème
Les fils de l’intrigue se tissent autour de trois personnages légendaires au théâtre du Lyceum à Londres à l’époque victorienne : Abraham Stoker, qui sera l’auteur de Dracula, pour l’instant administrateur de la salle de spectacle, choisi par son propriétaire Henry Irving, l’immense acteur shakespearien au caractère insupportable et Ellen Terry, comédienne exceptionnelle au succès jamais démenti. Ils forment un trio d’une originalité folle. « Bram » subit les extravagances, les colères et aussi les accès de tendresse du «Chef » ! Ellen, la maîtresse du plus bruyant et démonstratif des deux, semble très attachée à celui qui n’ose pas lui déclarer sa flamme et qui, par ailleurs, se dispute sans cesse avec sa femme, Florence, qu’il admire cependant.
Le Lyceum leur impose un rythme de vie, qui ressemble à une cavalcade entre les mises en scène, les répétitions, les décors à construire, les costumes ou les accessoires à choisir, les soirées de spectacles à organiser et bien sûr l’entretien de la salle et la comptabilité. Des « ombres » célèbres, comme Bernard Shaw, Mark Twain, Oscar Wilde ou Walt Whitman, et le monstre Jack l’Eventreur pimentent ce récit mené tambour battant.
Points forts
• L’atmosphère des coulisses d’un théâtre est très bien rendue à travers l’effervescence de la troupe, galvanisée par le génial Henry Irving et apaisée par le méthodique Abraham Stoker.
• La personnalité complexe des trois protagonistes, unis par une amitié indéfectible, est dévoilée au fur et à mesure des années qu’ils partagent dans ce célèbre lieu.
• Abraham Stoker se montre impitoyable dans son métier d’administrateur, tout en cachant une sorte de feu intérieur. En proie à des angoisses nocturnes, il communique, en effet, avec des fantômes et est hanté par l’idée de son futur personnage Dracula.
Quelques réserves
• Un livre, composé du journal de Bram, de lettres, de dialogues rapportés, de coupures de presse, dans lequel le réel et le surnaturel se mêlent, pourra déconcerter certains lecteurs.
Encore un mot...
Cet auteur irlandais nous propose un roman baroque sur la renaissance d’un théâtre à l’époque de la reine Victoria. Il plonge le lecteur dans ce monde de l’artifice, de l’emphase et des caprices avec une belle aisance. Le plus intéressant reste la naissance tumultueuse du fameux Dracula dans l’esprit de Stoker.
Une phrase
Irving à Stoker : « Ton amitié m’est si précieuse que le mot même ne peut la décrire … Tu es mon roc, mon vieux. Je me repose trop sur toi. Tu es l’eau dont je m’abreuve, l’homme que je voudrais être. » p. 314
« Tu vas avoir beaucoup de succès, tu sais. Avec ton histoire de vampire … Toi et moi, nous ne serons plus là depuis longtemps, mais ton comte assoiffé de sang sera célèbre dans le monde entier. Pareil à Judas. » p. 357
L'auteur
Né en 1963 en Irlande, Joseph O’Connor a connu le succès grâce à Desperados (1998), L’Etoile des mers : adieu à la vieille Irlande (2003), Redemption Falls (2007), Les âmes égarées (2014).
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