L'Ancien calendrier d’un amour
Parution le 11 janvier 2023
195 pages
19.50 €
Infos & réservation
Thème
Le terrible XXe siècle russe avec son passage de l’Empire à l’URSS, vécu par le jeune Valdas Bataeff, bourgeois aisé de Saint-Pétersbourg devenu chauffeur de taxi à Paris après avoir guerroyé dans les armées blanches et découvert les bas-fonds révolutionnaires. Deux guerres mondiales, une révolution devenue guerre civile, l’exil et la débrouille ; Kathleen, la fiancée perdue, quelques maîtresses de passage, dont la première, Taïa, fille de pêcheurs frayant avec des contrebandiers en Crimée, c’est toute la grande histoire racontée à hauteur d’homme qui nous est livrée dans ce bref récit sans concessions.
Points forts
- Cette belle idée (qui donne son nom au récit et que l’on retrouve chez nombre d’écrivains slaves) que l’histoire racontée s’inscrit entre les parenthèses de l'ancien calendrier de la Russie Impériale, le calendrier grégorien et la nouvelle chronologie imposée par les « constructeurs de l'avenir radieux », ces fameux 13 jours qui ont tant fait rêver Gabriel Matzneff (cf . « Voici venir le fiancé ») qui séparaient le calendrier grégorien et le calendrier julien avant la révision de celui-ci.
- Quelques personnages attachants qui symbolisent un monde facile, désormais disparu , comme Lera, la belle-mère de Valdas qui troussait de jolies comédies à la Tchekhov pour divertir ses invités dans sa villa bourgeoise de l’Alizée
- La résistance placide malgré le danger, bien réelle bien que dénuée de toute prétention au courage, dans un Paris de l’Occupation dont on a un peu oublié les vélos-taxis, mais pas les princes russes qui les conduisaient…
Quelques réserves
La volonté de présenter au lecteur un siècle d’histoire, de guerres et de révolutions à travers la vie d’un seul personnage qui serait emblématique de sa patrie bouleversée semble bien artificiel et laisse un sentiment de frustration ; Valdas lui-même n’a d’ailleurs pas beaucoup de personnalité, en tous cas aucun trait de caractère qui mériterait de retenir l’attention.
Encore un mot...
Le manque de profondeur de ce petit texte, par ailleurs bien écrit, risque fort d’engendrer un oubli instantané dès le volume refermé.
Une phrase
“ Il se souvenait vaguement d’une avancée de deux semaines qu’en 1918 les Rouges avaient imposée à la chronologie, passant du calendrier julien au calendrier grégorien, pour renouer « avec le temps dans lequel vivaient les pays civilisés », selon Lénine. Ce temps « civilisé » pensait Valdas, n’avait pas empêché tous ces beaux pays, fiers de leur culture, de s’entre-tuer pendant cinq interminables années…” (p.113)
L'auteur
Andreï Makine, né en Sibérie en 1957, a publié une douzaine de romans en français, traduits dans plus de quarante langues, parmi lesquels Le Testament français (prix Goncourt et prix Médicis 1995),
Au cours d'un voyage en France en 1987, il avait obtenu l'asile politique pour devenir professeur de langue et de culture russes à Sciences Po et à l'École normale supérieure. Il a été élu à l'Académie française en 2016.
A découvrir :
- L’Archipel d’une autre vie
- L'ami arménien
Commentaires
Bien qu'appréciant l'écriture d'Andreï Makine, je suis un peu déçue de ce dernier livre. Je partage cette chronique : texte court manquant de profondeur. Se lit agréablement .
Ajouter un commentaire