L’Ami arménien

Amitié adolescente. Un roman magnifique
De
Andreï Makine
Grasset, publié en janvier 2021 -
213 pages -
18€
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

En Sibérie, avant la chute du mur, l’auteur vit dans un orphelinat . En secourant Vardan, un adolescent, de la cruauté des autres élèves, il se fait un ami de ce jeune arménien. Ce garçon malade est plus mûr que ceux de sa génération. Avec Vardan et sa famille, le narrateur va découvrir la tendresse maternelle, les premiers émois devant la si jolie sœur mais aussi une civilisation et un destin  dont il ignorait tout. Son « Royaume d’Arménie » est en fait un quartier pauvre de la ville où vivent les proches des inculpés emprisonnés dans l’ancien monastère en attente de jugement.

Points forts

- L’auteur met en lumière une part inconnue de son enfance.

- Les relations entre les deux adolescents sont intéressantes car Vardan, l'aîné d’un an, montre à son ami le chemin : « il m’a appris à être celui que je n’étais pas ». Peut-être parce qu’il sent que sa vie sera brève, Vardan montre à son ami que le ciel commence à ses pieds.

- La famille de Vardan, dont Chamiram la mère, se montre accueillante et tendre, et la sagesse est représentée par Sarven le patriarche recevant ses compatriotes assis devant son cadran solaire.

- L’exil et ses douleurs nous sont suggérés par la vision de ces photos dont tous les personnages ont disparu dans le génocide.

Quelques réserves

Je n’en vois pas à part peut-être ce désenchantement devant la modernisation de la ville de ses souvenirs.

Encore un mot...

C’est un récit autobiographique qui nous montre une facette méconnue de l’auteur. Cet adolescent élevé dans un orphelinat va découvrir, grâce à son ami arménien et sa famille, à la fois ce que peut être la chaleur d’un foyer mais aussi la douleur de l’exil après le génocide.

Une phrase

« J’en vins à penser que la véritable étrangeté de ce garçon n’était pas liée à ses origines ni même à sa santé défaillante mais à ce fragment muet dans le récit de Chamiram -cette parcelle vierge de la fresque, un vide frappé de mutisme et dont personne ne devait découvrir le secret qui pourtant recelait la clef de leurs vies. » (p. 64)

L'auteur

Andreï Makine est né en 1957 en Sibérie, ses parents sont probablement morts dans des camps. Après l’orphelinat, il a passé du temps chez sa grand-mère qui lui a fait connaître la langue française. Il fait des études de littérature française contemporaine. En 1987, iI arrive en France et recevra en 1995 avec Le Testament français (Mercure de France) le prix Goncourt, le Goncourt des lycéens et le Médicis. Il a publié une vingtaine de romans tous écrits en français dont La Musique d’une vie (Seuil, 2001), L’Archipel d’une autre vie (Seuil, 2016), Au-delà des frontières (Grasset, 2019). En 2000 il reçoit la Grande médaille de la francophonie. Depuis 2016, il est membre de l'Académie Française, dont il est le benjamin.

Le clin d'œil d'un libraire

Librairie LE FAILLER, à Rennes : presque aussi ancienne que le Parlement de Bretagne ! 

Une librairie plus achalandée que LE FAILLER avec ses 90 000 références, ça n’existe pas... ou presque pas !  Plus sérieusement, cette institution rennaise fondée en 1925 et qui compte 35 collaborateurs fait partie des 10 plus grandes librairies de France. Quasiment, un monument historique, au cœur du vieux Rennes. Les déclarations qui pouvaient laisser penser que le livre n’est pas essentiel en ont ici choqué plus d'un ! «Or pendant le premier confinement nous avons eu tellement de témoignages de gens isolés qui ont exprimé le besoin de livres pour s’évader ou s’apaiser»  nous confie Dominique Fredj, à la fois ému et tout en colère contenue, poursuivant : "particulièrement dans cette période anxiogène  où nous sommes en quête de repères, à la recherche de nos racines, le livre nous permet de poursuivre... et de survivre".

Chez Le Failler on a joué, bien sûr, le jeu du Clic et Collect en maintenant le lien avec les lecteurs. Un exemple ? Les conseils des libraires étaient préenregistrés sur leur site internet. Dominique Fredj reste positif : «Quand on fera le bilan, on pourra dire que cette crise nous a beaucoup appris sur la chaîne de solidarité créée spontanément autour du livre et l’attachement des gens à leurs librairies indépendantes». On n’arrête plus Dominique Fredj et sa librairie est éternelle, contre vents et marées. Normal : le bâtiment à pans de bois qui l’abrite,  juste à côté du Parlement, date de 1595, un des derniers qui réchappa à l’incendie qui ravagea la capitale bretonne en 1710.

Librairie Le Failler, 35 rue St Georges 35000 Rennes. Tél. 02 99 87 87 87

Texte et interview par Rodolphe de Saint-Hilaire, pour la rédaction de Culture-Tops.

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