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Thème
L’histoire commence en août 1942, dans le camp de concentration Kat Zet I, en Pologne, où règne une atmosphère très contrastée. Les officiers nazis mènent une vie banale et frivole, voire débauchée et lubrique, pendant que leurs victimes subissent l’horreur de l’extermination.
La vie dans le camp est racontée par trois personnages auxquels l’auteur donne successivement la parole dans chaque chapitre: tout d’abord Angelus Thomsen, un officier SS aux airs de Dom Juan; puis le commandant du camp, Paul Doll, caricature bouffonne, grotesque et détestable du nazi; et enfin, Smulz, chef du commando d’exécution, juif à la solde des nazis, chargé de conduire ses coreligionnaires à la mort, présenté comme “l’homme le plus triste du monde”.
Au coeur de cet enfer naît, dès le début du roman, une histoire d’amour platonique entre Thomsen et Hannah Doll, l’épouse iconoclaste et rebelle du commandant.
Points forts
-Le début du roman, qui raconte le coup de foudre de Thomsen pour Hannah Doll, dans lequel s’immiscent insidieusement des allusions au décor concentrationnaire.
-La fin du roman (en 1948), qui s’achève sur une entrevue entre Thomsen et Hannah Doll, teintée d’un peu d’espoir et de poésie.
-Le sentiment d’horreur persistant. Des passages terrifiants sur l’arrivée des convois, l’odeur caractéristique du camp, le démembrement et le comptage des cadavres ...
Quelques réserves
-Le point fort précédent: âmes sensibles, s’abstenir. Le roman comporte des passages choquants.
-Le texte est truffé de mots allemands qui, pour un lecteur non germanophone, peuvent gêner la lecture.
-L’intrigue est parfois décousue ou piétine, et certains passages sont inégalement réussis.
Encore un mot...
The Zone of Interest ne peut laisser insensible étant donnée la gravité du sujet traité. Il suscite des émotions subtiles et contradictoires, parfois un certain malaise, voire une envie de jeter le livre, et l’on s’en voudrait presque de sourire à la lecture de cette farce loufoque et infernale.
Martin Amis, à l’instar de Jonathan Little dans Les Bienveillantes, s’interroge au fond sur la véritable nature des nazis, sur ce qui a pu les animer, refusant ainsi la simplification et ouvrant une porte sur la complexité de l’âme humaine.
Il faut accepter d’aller au-delà de l’aspect provocateur et révoltant du roman si l'on veut suivre l’auteur dans son projet: Un jour, n’est-ce pas, quelqu’un, un poète, un visionnaire viendra au ghetto ou au Lager et explicitera l’assiduité quasi farcesque de la haine allemande (Martin Amis).
Une phrase
Paul Doll, commandant du camp, à une prisonnière: Vous paraissez bien vous porter, ma chère. La coupe en brosse est très seyante. Et ça, c’est votre numéro de téléphone?... Pardon, je plaisante. Nicht?
L'auteur
Fils de romancier, atypique et provocateur, Martin Amis a été désigné en 2008 par leTimes comme l’un des plus grands écrivains anglais depuis 1945. Ses romans les plus célèbres sont Money (1984) et London Fields (1989).
L’éditeur allemand de Martin Amis a refusé de publier The Zone of Interest. Gallimard, l’éditeur attitré de Martin Amis en France, depuis 1997, en a lui aussi refusé la publication, émettant officiellement des réserves littéraires sur le texte. Mais les vraies raisons de ce refus ne seront sans doute jamais évoquées publiquement... Avant même ses traduction et parution en français, le roman a en effet été l’objet de nombreuses controverses, notamment autour du cynisme avec lequel Martin Amis traite le sujet de la Shoah.
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Une réécriture burlesque de la Shoah est-elle possible?
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