La vie parfaite

Beaux thèmes, bon récit, mais personnages peu authentiques
De
Silvia Avallone
Editions Liana Levi
Notre recommandation
3/5

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Lu
par Culture-Tops

Thème

Deux histoires de femmes se côtoient : Adèle habitant un « quartier » proche de Bologne attend un enfant alors qu’elle est mineure et que sa situation familiale et sociale est en tout point précaire ; Dora, habitant un quartier chic de la ville, socialement gâtée, se languit de l’absence d’enfant dans son couple en souffrance. Deux drames contradictoires dans lesquels Zéno, élève de Dora et ami d’Adèle, interviendra en jouant le rôle du sage et de l’ami, mais sans pouvoir imposer de solution. 

Le lecteur attend une fin logique : l’enfant non désiré serait confié en adoption au couple désirant, d’autant plus qu’il existe un intermédiaire. Ce serait trop simple...

Points forts

1)  Le double sujet, très intéressant socialement et humainement, la découverte de deux milieux sociaux aux antipodes mais qui se recoupent par leur humanité.

2) Une écriture vivante et adaptée à la situation, très bien rendue par la traduction en français de Françoise Brun.

3) Un récit souvent émouvant et qui se laisse lire avec intérêt et plaisir.

4) La manière dont est racontée la procédure d’adoption, excellente. On parle souvent de parcours du combattant. Si ce livre pouvait aider à regarder avec plus de cœur le problème des adoptants confrontés pendant des années à ces circuits administratifs absurdes ! 

5) L’analyse du vécu de quelques familles dans les cités, couples en loques, femmes seules avec ados dealers … C’est très bien raconté et prodigieusement vivant. 

Quelques réserves

1) La chronologie du récit part d’une bonne idée : elle démarre de l’accouchement de la jeune fille pour revenir sur les circonstances qui l’ont menée là. Malheureusement ce n’est pas toujours très clair et le lecteur peut se perdre entre les personnages, les lieux et les époques qui constituent les deux histoires.

2) La mère qui pèse 150 kilos, le dealer trop beau qui tue son père trop alcoolique, les minettes archi maquillées, le père qui rentre de tôle, qui en fait des tonnes et disparait aussi sec, la mère qui va perdre son boulot, la femme qui tue l’enfant unique de sa sœur en faisant une marche arrière… c’est peut-être un peu beaucoup pour un seul roman...

3) Est-il inventé, ce quartier Labriola près de Bologne ? Le nom du philosophe italien y est-il pour quelque chose ? On aimerait en savoir davantage.

Encore un mot...

Je n’ai pas trouvé les personnages très authentiques. Malgré tout l’intérêt que j’ai pu porter à leur situation, je ne me suis pas identifiée à eux, je ne suis pas rentrée dans leur histoire. Quelles que soient ses qualités littéraires, son imaginaire romanesque, la vigueur narrative de son style, je trouve que ce livre, au demeurant très intéressant, manque de conviction profonde.

Une phrase

« Moi je ne compte pas, dit-elle pourtant à Bianca (l’enfant dont elle est enceinte). Ce qui compte, c’est le monde où tu vivras. Un jour je passerai par ici. Et la plus belle petite fille que je verrai jouer ; pas seulement la plus belle mais la plus heureuse, je saurai que c’est toi. »

L'auteur

Née en 1984, Silvia Avallone, Italienne, suit des études de lettre et de philosophie à Bologne. Elle épouse un libraire et devient écrivain. Elle est l’auteur d’un recueil de poésie et de quatre romans qui connaissent un grand succès et sont traduits dans plusieurs langues. Ils sont publiés en France chez Liana Levi. Silvia Aballone obtient pour son premier roman, « d’Acier », le prix Campiello Opera Prima, et son roman, "le Lynx", est porté à l’écran par Stefano Mordini . Elle est également lauréate du prix des lecteurs de l’Express.

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