La vie mensongère des adultes

Un roman d’apprentissage bien sombre et trop prévisible malgré des personnages campés avec talent
De
Elena Ferrante
Gallimard,
404,
22 €
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Thème

A presque treize ans, Giovanna, fille unique choyée par ses parents, professeurs tous les deux, ne leur attribue que des qualités. Sa vie idyllique sur les hauteurs de Naples va pourtant basculer au moment où les changements physiques dus à son âge font prononcer à son père une phrase sur sa ressemblance avec sa propre sœur, qui allie « laideur et propension au mal.» Cette tante Vittoria va attirer irrésistiblement  Giovanna, parce qu’elle l’intrigue et parce qu’elle ignore pourquoi ses parents la détestent autant. Il lui faudra descendre dans les bas quartiers de la ville pour rencontrer une sorte de furie, qui représente tout ce que sa famille rejette : impudique, agressive, vindicative, elle s’exprime de façon vulgaire, en utilisant le dialecte napolitain. Captivée par cette femme menaçante et fascinante, qui lui ouvre les portes d’un autre monde, l’adolescente  va suivre ses incitations à regarder les adultes au-delà de leurs apparences lisses. Elle découvre alors leurs mensonges, leurs trahisons, leurs secrets les plus obscurs. La perte de son innocence se traduit par une métamorphose spectaculaire. Elle veut devenir pire que sa tante. Consciente de son pouvoir sur les garçons, elle se montre provocante avec eux. Torturée par des sentiments contradictoires, elle alterne la tendresse et la cruauté avec les siens et ses amies. Bref, elle s’enfonce dans son mal-être. Seul, l’inaccessible Roberto, « un garçon en or », la rassurera sur son intelligence et sa beauté, corrigeant en quelque sorte la blessure paternelle.

Points forts

• On retrouve les thèmes favoris de l’auteur : l’emprise de la famille, les tourments de l’adolescence,  l’amitié féminine, l’amour douloureux, la violence des rapports sociaux ... 

• Les personnages sont à l’image des quartiers où ils vivent. La ville de Naples est comme coupée en deux : les hauteurs aux belles avenues résidentielles abritent les privilégiés, alors que tout en bas, les immeubles délabrés des rues sordides sont habités par les déshérités 

• La passion pour la lecture, l’importance de la culture, la nécessité de la réflexion et le goût pour les discussions  sont évoqués comme les seuls moyens de réussir.

Quelques réserves

• Un titre plat, mal choisi. 

• Le récit est construit sur un jeu d’oppositions, trop systématique : beauté/ laideur, bonté/méchanceté, élégance/trivialité, riches mesquins/ pauvres généreux, intellectuels athées/ baptisés incultes, italien impeccable/ dialecte napolitain, Roberto/Rosario … Giovanna finira par constater, comme une évidence, que le mal et le bien cohabitent en nous ! 

• Le besoin de dégradation ressenti par Giovanna et son  désir frénétique de se sentir « héroïquement abjecte » paraissent excessifs. La sexualité n’est présentée que sous une forme brutale, elle n’est jamais sublimée par l’amour.

Encore un mot...

Elena Ferrante confirme son talent indéniable pour camper des personnages très vivants, pour fouiller la psychologie des adolescentes et pour décrire le déterminisme social. Mais dans ce roman d’apprentissage bien sombre et trop prévisible, les codes simplistes et le manichéisme des contes pour enfants sont repris d’une manière presque caricaturale: une héroïne naïve, une sorcière, qui l’initie à tout ce qu’elle ignorait jusque-là et surtout à la transgression, des objets symboliques comme le miroir ou le bracelet maléfique, une quête obstinée de l’amour et enfin la rencontre du prince charmant qui lui échappera … Voilà sans doute les ingrédients qui expliquent le succès phénoménal de cet auteur qui se cache toujours derrière un pseudonyme !

Une phrase

« Pendant cette période, j’appris toujours davantage à cacher à mes parents ce qui m’arrivait. Ou, plus exactement, je perfectionnai ma manière de mentir en disant la vérité. » p.98

« Des mensonges, encore des mensonges : les adultes les interdisent, et pourtant ils en disent tellement. » p.189

L'auteur

C’est le huitième roman de la mystérieuse Elena Ferrante, après le succès vertigineux de L’amie prodigieuse (2011) (15 millions d’exemplaires vendus, dont 4 millions en France et adaptation en série pour la télévision en 2019), premier tome suivi des trois autres : Le Nouveau Nom (2012),  Celle qui fuit et celle qui reste (2013) et  L’enfant perdue (2014). 

Commentaires

André
mer 19/08/2020 - 09:19

Gde déception : bavardages fatiguants au final. Arrêt à la moitié du livre.

Sandrine
lun 31/08/2020 - 12:31

J'ai été très déçue également tant j'ai aimé les précédents romans, je m'attendais à mieux, la fin n'en parlons pas elle est inexistante !
tant est si bien que j'ai cru que le livre n'avait pas été fini d'imprimé ?!

orfilane
dim 06/09/2020 - 23:03

Difficile début puis très belles réflexions surtout pour une gamine de 16 ans, sur sa famille, ses amies et sur ses lectures comme Les Évangiles, Gian veut tout tout apprendre pour être, au niveau de son amour, et briller en société et veut aussi le contraire.

Sylvia
mar 15/09/2020 - 12:01

Je viens de terminer ce roman que je lis en italien et pour moi cela aura été un bonheur de lecture !
La complexité des personnages, adultes ou adolescents, est toujours très bien étudiée, avec une grande sincérité et un certain cynisme, à travers le regard de cette jeune fille qui perd peu à peu tout angélisme à l'égard du monde qui l'entoure en avançant dans les méandres de l'adolescence.
L'image du père, brillant et important, est particulièrement intéressante car, après avoir voué à ce père pendant toute son enfance une adoration inconditionnelle, on assiste à sa chute sans concession quand l'adolescente perd ses illusions et son innocence.
Sans parler bien sûr de Naples en toile de fond qui donne vraiment envie d'y retourner ...

elisabeth Boisseau
mar 22/12/2020 - 14:08

Un roman qui me laisse une impression mitigée. Un peu simpliste et manichéen, une fin bâclée et peu aboutie. Une vision des hommes très discutable et caricaturale. Néanmoins, j'ai lu ce récit d'une traite, j'aime l'écriture de cet auteur toujours fluide et directe, les thèmes récurrents sur l'amour, la famille, l'amitié, la transgression. A lire même si ce roman ne vaut pas les précédents.

Plus courageuse que vous ! Je n'en suis qu'au tiers, mais je vais terminer, par curiosité; apparemment, la fin n'a pas l'air géniale
d'après les critiques des "déçus", dont je suis; ce livre m'a été prêté par une amie (heureusement) , inutile de dépenser de l'argent pour ce bouquin, vive les bibliothèques ! Ferrante surfe sur le succès de " l'Amie Prodigieuse" ... Dommage pour nous et ses personnages, tous dans l'excès et proches de la caricature . On ne sait pas trop à quelle époque ce passe cette histoire, mais la gamine de 13 ans en rose des pieds à la tête, difficile à croire , quant à la Zia ... Bref, une totale déception !

Andrée Gérard
mar 02/03/2021 - 00:09

Nous ménage t elle une suite ....

Diane
dim 28/03/2021 - 22:54

Très déçue. Une chance qu’il y a les bibliothèques, car je voulais l’acheter.
Bref, un roman pour ado.

Jean-Pierre PAOLI
jeu 13/05/2021 - 18:13

J'ai tellement aimé que j'ai écrit le suite...

Béa
ven 22/04/2022 - 13:16

Déçue par ce roman, et par une fin inexistante.

Michelle
lun 18/07/2022 - 03:32

Tellement déçue. Au départ je pensais le donner à une amie qui, comme moi, avait énormément apprécié la série de livres sur L'Amie prodigieuse ... mais heureusement que j'en ai lu des parties avant, car je suis devenue de plus en plus "tannée" et déprimée....

Josiane
lun 26/12/2022 - 14:01

A éviter aucun intérêt.

Jacques
mer 11/01/2023 - 22:13

J'ai lu ce livre en italien, en une semaine, avec passion. Il était difficile pour l'autrice de se maintenir au niveau des livres qui ont fait son succès. Personnellement, je trouve qu'elle y est parvenue. La fin décevante ? évidemment, c'est parce qu'elle annonce une suite...

Jean-Pierre Pa…
dim 13/08/2023 - 09:38

J’ai été captivé de bout en bout par ce livre. Ce passage complexe de l’adolescence à l’âge adulte y est parfaitement décrit. Les réflexions sur la vie et sur la société sont justes.
Que ce livre ait rencontré un tel succès confirme que les gens savent reconnaître les livres de qualité pour peu qu’on prenne la peine de leur en présenter.

Ropib
ven 01/03/2024 - 12:33

Les jeux d'opposition mis en réserve me semblent bien correspondre aux conceptions de la pré-adolescence, qui n'est pas une période réputée pour son ouverture d'esprit. Au contraire on cherche à classifier, à faire rentrer tout le monde dans un conformisme étroit... c'est même un âge où les enfants dénoncent leurs parents aux autorités ; on pourrait travailler à savoir pourquoi on fonctionne comme ça à cet âge, mais faire comme si ce n'était pas le cas me semble osé.

L'auteur décrit la sexualité comme n'étant pas sublimée par l'amour, soit. Si ça avait été l'inverse on aurait pu lui reprocher de faire comme tout le monde. C'est ici plutôt un bon point plutôt qu'une réserve : on explore un point de vue.

J'ai beaucoup aimé ce livre, même si je n'ai pas trop compris la fin abrupte (ce qui ne me dérange pas).
De ce qui me semble, le "prince charmant" n'échappe pas à la protagoniste, et c'est plutôt elle qui lui échappe. L'idée que le sujet échappe à son propre désir me semble être un peu plus intéressante que simplement l'idée que l'objet de désir échappe au sujet. L'approfondissement de cette idée pourrait faire l'objet d'un roman d'ailleurs, ici ce n'est qu'un élément de la fin. Est-ce en fait, d'ailleurs, la signification générale de la fin, une tentative d'émancipation de ses propres désirs ? la destruction de toutes les attentes pour ne plus avoir d'espoir donc plus de désespoir ? ce serait assez cynique, et témoignerait de cette ambition naïve de dépasser la naïveté en se moquant de soi-même au sortir de l'adolescence, et qui prépare la reconstruction d'une libido (sexuelle et sociale) qui pourra devenir adulte.

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