On la trouvait plutôt jolie
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Un jour (date non précisée, mais horaire affiché : 6h48) à Port-de-Bouc dans l’autobus 22. Ouverture d’« On la trouvait plutôt jolie », le nouveau roman de Michel Bussi, pour un « jour de peine » : « Silencieuse, la péniche glissait sous l’autobus 22. Leyli, le front collé à la vitre, deux rangées derrière le chauffeur, observait s’éloigner les immenses pyramides de sable blanc charriées par le bateau à fond plat, imaginant qu’on leur volait leur sable, qu’après leur avoir pris tout le reste, on leur prenait aussi la plage, grain après grain… »
En quatre-vingt-trois séquences, l'auteur déroule un récit pour un « voyage » qui commence dans le désert sahélien, et qui s’achève dans la jungle urbaine marseillaise. Un « voyage » qui va durer quatre jours et trois nuits...
Héroïne de ce « voyage » : Leyli (un prénom peul), une jeune femme malienne.
Le romancier s’est emparé d’un thème furieusement d’actualité depuis quelques années : les migrants. Leur parcours pour rejoindre l’Europe. Les difficultés auxquelles ils sont confrontés dès les frontières passées.
Leyli vit à Port-de-Bouc, près de Marseille, dans un appartement minuscule avec ses trois enfants. Petits jobs et enfin, un travail à temps plein. Mais elle trimballe un lourd secret. On lit : « Tout le monde possède des rêves, Bamby. Et ce qui compte, ce n'est pas de les réaliser, c'est juste de pouvoir y croire. Qu'il existe une possibilité, une petite chance... »
Très vite, comme dans tous épisodes de la série télé « Columbo », on connaît l'identité du meurtrier mais on ignore les raisons du meurtre.
Points forts
- Michel Bussi sait manier l’art du suspense, aussi renversant que bouleversant. Au fil des pages, sans jamais forcer le trait, il déroule une histoire, celle de Leyli et de ses enfants.
- L’auteur se défend d’avoir écrit un thriller politique, il préfère parler d’un roman humaniste, puisant son « inspiration dans des héros ordinaires. D’ailleurs, ce que j’affectionne le plus, c’est mettre des héros ordinaires dans des lieux ordinaires mais dans des situations extraordinaires. C’est une façon de sublimer le réel ».
- Romancier en vue depuis la parution de « Nymphéas noirs » (2011), Michel Bussi propose une mécanique implacable, ce qui a fait de lui l’un des plus brillants auteurs français de thriller.
- Avec « On la trouvait plutôt jolie », un titre emprunté à « Lily », la chanson de Pierre Perret, Bussi joue la carte du récit universel.
Quelques réserves
A vouloir imposer un rythme soutenu, des pistes qui se révèlent fausses et des rebondissements pas toujours indispensables, certains lecteurs risquent de s’égarer en cours de voyage, à Marseille ou à Rabat…
Encore un mot...
Il faut savoir oublier les préjugés, nés du fait que Michel Bussi est un des plus gros vendeurs de livres en France: le lecteur est happé par l’art et la manière de ce romancier dit "populaire".
Voilà un thriller bien troussé, un roman qui se "dévore", avec une histoire haletante.
Un roman qui fait réfléchir et pose de vraies questions…
Une phrase
Ou plutôt deux :
- « Pour couper la conversation, P. avait tourné le volume de l'autoradio. Renaud chantait, c'est pas l'homme qui prend la mer, c'est la mer qui prend l'homme.
« Dès que le vent soufflera... »
Ils longeaient la plage, pas très loin des Aigues Douces. Des gamins se baignaient, P. les avait regardés avec mépris avant de lâcher :
- La mer, c'est dégueulasse, les migrants crèvent dedans… »
- A propos de Lampedusa:
"Plus de trois mille morts noyés près des côtes depuis 2002. Le double du « Titanic », la moitié de la population de l'île.
[...] Julo, lors d'un voyage scolaire au lycée, avait visité Checkpoint Charlie à Berlin : les fous qui étaient morts pour passer le mur, de l'est à l'ouest, étaient devenus des héros, des résistants, des martyrs! Ceux qui tentaient aujourd'hui de franchir la frontière, du sud au nord, attirés par le même Occident, par les mêmes démocraties, étaient au mieux des hors-la-loi, au pire des terroristes.
Question de nombre ? De mode ? De couleur ? De religion ?
Ou la boussole du monde s'était-elle simplement déréglée ? »
L'auteur
Né le 29 avril 1965 à Louviers (Eure), Michel Bussi est aujourd’hui un écrivain « à plein temps » après avoir été professeur de géographie à l’université de Rouen et directeur de recherche au CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique). Surtout, en 2016, il a été, derrière Guillaume Musso, l’auteur le plus vendu en France, reléguant Marc Lévy, habitué au duo de tête dans ce classement, à la troisième place. Sans tapage, Bussi s’est installé parmi les romanciers à grand succès- il commente : « Il y a un côté assez surréaliste dans le fait d’être lu par des millions de gens, c’est difficile d’y croire. Le rapport à l’histoire est le même que vous soyez lu par cinq mille ou par un million de personnes. Je suis entouré par des gens qui n’ont pas changé, donc ça aide ».
Il a publié son premier roman, « Code Lupin », en 2006. Parmi les suivants, paru en 2011 et grand prix Gustave Flaubert de la Société des Ecrivains Normands, « Nymphéas noirs » est son premier best-seller. L’année suivante, il publie « Un avion sans elle » récompensé par, entre autres, le Prix Maison de la Presse.
Lors de la Foire du Livre 2017 à Francfort, des éditeurs venus de Grande-Bretagne, du Brésil, de Chine, de Bulgarie, de Russie ou encore de Malaisie se sont battus pour obtenir les droits de ses livres pour leur pays.
Et, alors qu’est sorti récemment « On la trouvait plutôt jolie »- son 11ème roman dédié « aux géographes, amis, collègues qui explorent le monde », il expliquait ce qu’on appelle déjà « le phénomène Bussi » : « Les lecteurs adorent qu’on raconte des histoires ».
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