La Splendeur des Crespi
Parution le 2 mai 2024
540 pages
23,90 Euros
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Thème
Nous sommes en 1877, Cristoforo Crespi, fils d’un modeste teinturier, est propriétaire d’un terrain sur les rives de l’Adda, non loin de Bergame en Lombardie. Il décrit à Silvio son fils aîné l’empire industriel dont il rêve : sa propre filature entourée d’une cité ouvrière. Ce sont, autour de l’usine, des logements, des immeubles et des maisons avec jardins, pour les ouvriers, une église, une école, un centre de soins avec médecin, une auberge…
Nous suivons pendant 50 ans le développement de ce rêve, les vies ouvrières comme celles des vies de la famille Crespi. Tous traversent la Première Guerre mondiale qui fait des ravages dans toutes les classes sociales, puis c’est la montée du fascisme.
Points forts
- Les personnages nombreux et attachants : entre autres, Cristoforo, grand amateur d’art qui se constitue une pinacothèque fabuleuse, toujours accompagné de Pia sa femme. Silvio l’aîné qui poursuit avec sérieux le rêve de son père. Emilia, au cœur de l’histoire, figure attachante.
- La réussite de cette famille Crespi qui connaît succès et estime, mais aussi les difficultés dues au changement de statut social, et des difficultés au sein de la famille elle-même.
- L’évolution des usines de textile et de filatures avec les soulèvements ouvriers, la Première Guerre mondiale qui décime tant de familles, puis la montée du fascisme qui divise les familles.
- Les nombreux thèmes abordés au long de l’histoire : homosexualité, prostitution, la mortalité infantile, travail des enfants, meurtres, suicides.
Quelques réserves
Un livre peut-être un peu long ; de nombreux personnages avec des allées et venues dans le découpage en douze parties, ce qui demande une certaine attention pour ne pas perdre le fil de l’histoire !
Encore un mot...
L’an passé au cours d’un voyage en Italie, nous avions visité ce village de Crespi d’Adda, classé au patrimoine de l’UNESCO. L’usine a cessé de fonctionner en 2003 mais l’ensemble est remarquablement entretenu et encore habité par des descendants des ouvriers. Ce livre évidemment m’a beaucoup attiré.
Dans un récit fluide et avec une écriture soignée, l’auteure nous donne une lecture sociale et historique intéressante. Malgré un patron qui a à cœur d’apporter l’espoir d’une vie meilleure, cette cité ouvrière n’empêche pas le fossé existant entre les classes sociales : le luxe dans la vie des patrons, la déclinaison du métier difficile dans l’industrie du textile avec le travail des enfants et les machines détruisant les corps. Et nous assistons à la grandeur puis à la décadence de ce village-usine idéal.
Une phrase
« Le métier d’entrepreneur n’a rien de facile. On serait tenté de croire que l’argent constitue sa principale préoccupation ; c’en est une aucun doute là-dessus ; mais l’argent est une créature inanimée dont le maniement obéit à des règles précises, bien définies et, par conséquent, prévisibles. La préoccupation la plus grave de l’entrepreneur lui vient plutôt des êtres humains : ils font aussi bien sa richesse que son désespoir, dans la mesure où ils ont à la fois pour mérite et pour limite de penser par eux-mêmes, ce qui les rend souvent difficiles à maîtriser ». p.316
L'auteur
Alessandra Selmi, âgée de 47 ans, est italienne et enseigne l’écriture à l’Université Catholique de Milan. Ce livre est son premier roman traduit en français.
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