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Thème
La septième fonction du langage est tout à la fois un polar (Meurtre de Barthes commandité par Kristeva et Sollers), une farce politico-historique (pour expliquer la victoire de Mitterrand face à Giscard en 1981 lors leur duel télévisé), un exercice d’érudition linguistico-sémiologique (Théorie structuraliste du langage de Jakobson et Austin dont Barthes était friand), le tout mixé avec quelques scènes érotiques, de grosses blagues potaches (castration de Sollers) et le récit de la vie d’une secte littéraire de haut vol (dont Umberto Eco est le Grand Protagoras).
On y circule de Paris à Venise en passant par Ithaca (Usa) avec un large horizon.
Mis à part les deux héros principaux (le policier enquêteur et son assistant enseignant en linguistique), les personnages de ce « roman » sont les vedettes de la French Theory structuraliste des années 70 et les hommes politiques en scène au moment de l’élection présidentielle de 1981.
L’auteur semble avoir une connaissance encyclopédique des œuvres de Foucauld, Deleuze, Guattari, Barthes, Derrida, Sollers, Kristeva, Althusser, BHL (Bernard Henri Lévy) qu’il ridiculise tous, sans jamais aller au fond des choses. Manque la philosophie analytique…
Pour ne pas trop larguer les « lecteurs nuls », Laurent Binet fait quelques petits billets sur la French Theory, qu’il attribue dans son roman à des étudiants américains débutants.
Mais pour vraiment apprécier l’exercice, son lecteur devrait être du même niveau que lui...
Beaucoup de citations, notamment en italien mais aussi en anglais ou en allemand, sans traduction.
Points forts
On n’a pas le temps de s’ennuyer en lisant ce gros livre, car le style, le type de fiction, les lieux changent souvent ; Indiscutablement, des scènes drôles, des descriptions saisissantes, des personnages bien croqués mais souvent caricaturés et agités. Mais est-ce de la littérature ?
Quelques réserves
Agrégé tardif (à 33 ans) de lettres modernes et pas de philosophie, Laurent Binet est à coup sûr un écrivain mais, peut-être, n’a-t-il pas assez confiance en son talent. Il semble vouloir étaler ses connaissances à tout bout de champ.
En plus de la French Theory, comme il a été classé 15/4 au tennis, on bénéficie aussi de son expertise dans ce domaine pour l’analyse d’un match télévisé Lendl/Borg.
La poésie non plus n’a pas de mystère pour lui, donc va pour les « anacoluthe, catachrèse, enthymème et métabole », restes de révision de l’oral de l’agrégation.
Du coup, son livre devient un fourre-tout, mélange d’une sorte de résumé d’émission de France Culture où chacun essaye d’étaler son savoir et d'un scénario de talk-show à la « Ardisson », où les participants essayent de niaiser plus que leur voisin. Le polar y perd de sa consistance et l’essai philosophique de sa force démonstrative. Reste la farce…
Encore un mot...
C’est un exercice complet d’écriture mais probablement pas la première pierre d’une œuvre. Comme aurait pu dire Céline, reste à écrire avec son sang.
L'auteur
Laurent Binet, né le 19 juillet 1972 à Paris, écrit en 2000 un récit d'inspiration surréaliste, Forces et Faiblesses de nos muqueuses (éd. Le Manuscrit). En 2004, il publie La Vie professionnelle de Laurent B. (éd. Little Big Man) qui témoigne de son expérience d'enseignant dans le secondaire à Paris et en région parisienne.
En 2010, suite à son expérience d’enseignant en Slovaquie, il publie un roman historique HHhH (éditions Grasset), récit de « l'Opération Anthropoid », au cours de laquelle deux résistants tchécoslovaques furent chargés par Londres d'assassiner Reinhard Heydrich, chef de la Gestapo et des services secrets nazis. Réflexion sur la fiction romanesque et son articulation problématique à la vérité historique.
Laurent Binet est chargé de cours à l'Université Paris VIII et à l'Université Paris III. Musicien, il a été également chanteur-compositeur du groupe Stalingrad.
A la suite d’une rencontre avec Valérie Trierweiler qui lui avait consacré un article dans Paris Match (où elle le qualifiait de « beau gosse agrégé de lettres »), il obtient de pouvoir chroniquer la campagne présidentielle de François Hollande. Le livre n'a pas le succès escompté. En 2014, il dément les rumeurs selon lesquelles il aurait aidé Valérie Trierweiler à écrire son pamphlet contre François Hollande, « Merci pour ce moment ».
Commentaires
Pas d'accord !
Laurent Binet est un formidable écrivain qui a écrit un livre épatant comme dirait Jean d'Ormesson ...La septième fonction du langage" est un livre à la lecture jubilatoire, follement original et intelligent, érudit, profondément drôle et écrit avec une fluidité et une simplicité désarmantes. Ce qui n'était pas gagné d'avance tant le sujet évoqué, la sémiotique, était susceptible de rebuter tout un chacun. Cette odyssée rocambolesque dans les milieux politiques et intellectuels des années Giscard est à la fois une réflexion sur le langage, une approche narrative extrêmement brillante, un polar linguistique et enfin un récit au style cristalin. Les personnages "réels" plus vrais que nature sont à hurler de rire. Il y a dans ce livre des morceaux d'anthologie dont une magnifique scène de sexe.
A recommander toute affaire cessante.
d'accord avec le commentaire, mais c'est Borg et non Lendl qui gagne la finale de Roland Garros 81, Binet écrit le contraire: liberté du romancier ?
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