La Poursuite de l’idéal
486 pages -
23 €
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Thème
A la fin de ses études, Cyrille Bertrand s’interroge sur lui-même et sur son avenir. Il comprend qu’il doit échapper à la médiocrité de son milieu social, mais comment ? Etre poète, en menant une existence d’esthète raffiné et cultivé à l’image de Valéry Larbaud, voilà son rêve ! Il aimerait aussi imiter l’aisance naturelle de son ami Ambroise, qui appartient à cette haute bourgeoisie, faite pour la réussite et le bonheur. Hélas, « notre héros » se heurte à la réalité prosaïque d’emplois subalternes assommants et ingrats. Son parcours est d’abord jalonné d’échecs professionnels et amoureux. Puis le temps s’accélère, la vie va lui sourire grâce à la rencontre d’Amandine, belle, élégante et intelligente, et surtout grâce à la sœur de son ami qui l’introduit au ministère de la culture. Il s’occupe de la création d’un Musée de la Littérature française avec un vieil universitaire revenu de tout : cet épicurien solitaire et désinvolte incarne à ses yeux la supériorité d’un esprit libre. Cyrille entrevoit même son « idéal » lors d’une nuit poétique et enchanteresse à Naples ! Rattrapé par l’air du temps utilitariste et toujours poussé par Ambroise, il devient scénariste d’une série télévisée à succès, c’est l’apothéose ! Mais ce triomphe, obtenu au prix de compromissions et de trahisons indispensables pour avancer dans ce monde qu’il déteste, lui laisse un goût amer.
Points forts
• Nous suivons l’itinéraire de Cyrille, héros ou plutôt antihéros en conflit avec la société qu’il découvre, puisqu’elle ne correspond pas à ses aspirations profondes. Sensible, rêveur, idéaliste, il doute de lui-même et des autres, et se complaît dans l’insatisfaction. Partagé à l’égard des femmes entre ses élans romantiques et ses désirs sensuels, il ira de désillusions en désillusions. Au fond, épris de légèreté, d’élégance, de raffinement, de beauté, d’élévation morale et spirituelle, il ne peut que rejeter son époque qu’il juge vulgaire, inculte, abrutie par la consommation, le règne des écrans et le divertissement obligatoire.
• L’esprit d’observation de l’auteur se vérifie à chaque page dans sa précision et sa justesse : il brosse des portraits courts et incisifs grâce à un sens du détail significatif, il décrit avec le même talent des moments intimes ou des scènes plus amples et il reproduit des dialogues tranchants et drôles d’une vérité saisissante.
• Il porte un regard acéré sur les mœurs, les mentalités et les courants de pensée d’aujourd’hui. Tout y passe avec une liberté de ton rare ! La peinture caustique des milieux culturels ne manque pas d’humour, dans certains passages mémorables, comme le Festival d’Avignon ou l’interview du sociologue de gauche … Il se moque des discours à la mode, des consciences morales donneuses de leçons, des indignations à bon compte, du vandalisme des manifestations. Il déplore le reniement de notre propre culture, au profit d’une américanisation envahissante ou du multiculturalisme.
• Une belle écriture classique et fluide, tellement agréable à lire : un sens de la formule, de nombreux aphorismes, des trouvailles originales.
Quelques réserves
Je n’en vois aucun.
Encore un mot...
Patrice Jean nous propose un chef d’œuvre foisonnant, au souffle intense, qui allie la force de l’évocation à la finesse de l’analyse. Il brasse avec ambition les réalités morales, sociales et culturelles, qui reflètent si bien notre époque. Son grand sujet reste la littérature comme refuge suprême ! D’ailleurs ce roman d’apprentissage étincelant se nourrit de nombreuses références littéraires et s’inscrit dans la filiation de Balzac, Stendhal et Flaubert.
Une phrase
« L’écrit, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, s’abaissait (ou se hissait) à l’évanescence de la parole. » p.151
« Il fomentera loin de tout un mauvais coup, c’est-à-dire un roman. Il prendra à la gorge son époque ; il la connaît … Il écrira un roman pour se désolidariser de son temps. » p.479
L'auteur
Né à Nantes en 1966, Patrice Jean, professeur de lettres, a publié cinq romans aux Éditions Rue Fromentin, dont Revenir à Lisbonne ou l’imposture amoureuse (2016), L’Homme surnuméraire ( 2017), au succès reconnu, et Tour d’ivoire (2019).
Le clin d'œil d'un libraire
C’est Ici, et nulle part ailleurs (c’est pour lire !)
La plus grande librairie indépendante de Paris, c’est Ici.
S’enfoncer dans des canapés moelleux avec un bon petit café, prendre son temps avant de choisir son livre, c’est encore Ici.
Ici, à deux pas de l’Opéra, vous savez, c’est ce vaste espace culturel fondé il y a plus de deux ans par ces deux jeunes femmes associées, Delphine Bouétard et Anne Laure Vial, qui ont eu le temps de rouler leur bosse au cœur de tous les métiers du livre, la Fnac, Flammarion, Virgin, avant de poser leur sac dans cette ancienne enseigne de prêt à porter devenue Librairie de Boulevard, lieu de vie pour tous les livres, havre de paix, lieu d’échanges, de partage et de convivialité : « Nous avons voulu que chacun se sente chez soi et participe à la vie de la librairie » déclare Anne Laure Vial, toute en douceur. 500 m2, 40 000 références, 10 libraires hyper motivés, Ici comble un grand vide après la fermeture en quelques années des trois grandes librairies du quartier dont la mythique institution de Madame del Duca.
Ici crée l’évènement culturel toute l’année : une centaine de signatures, de conférences, de débats autour de la culture et de la littérature, ça se passe Ici, quoi qu’il en coûte, car c’est essentiel dans ce vrai quartier de Paris… comme ailleurs. Comme aux Galeries Lafayette on trouve tout Ici : SF, BD, polars, beaux livres, sciences humaines, livres jeunesse. Heureusement le conseil est là, à tous les rayons. A propos, quel est le vôtre, Anne Laure ? : « J’aime beaucoup Camille Laurens et son livre d’autofiction « Fille » ! Franchement, ça tombe bien Ici !
Librairie Ici 25 Boulevard Poissonnière, 75002 Paris - Tél. : 01 85 01 67 30
Texte et interview réalisés par Rodolphe de Saint-Hilaire pour la rédaction de Culture-Tops.
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