La poète aux mains noires
Paru le 12 septembre 2024
182 pages
22€
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Thème
1874, au village de La Borne, Marie Talbot écrit pour « dresser l’inventaire de sa vie ». Née Jeanne Brulé, elle est la fille bâtarde d’un maître potier et de sa servante. Élevée sans amour par sa mère, elle se prend de passion pour la terre. Son père lui reconnaissant des prédispositions va lui permettre de faire son apprentissage dans son atelier de grès, cette terre qui, une fois cuite, devient dure comme la pierre. La sculpture deviendra sa raison d’être malgré les difficultés pour une femme de se consacrer à son art. Un mariage obligé ne lui laissera, à part un fils tendrement aimé, que des déconvenues.
Points forts
Les techniques du grès et l’ambiance des ateliers nous sont bien décrits, les femmes alors faisaient le travail d’anseuses. Marie a pu dépasser ce stade.
Les femmes à l’époque étaient considérées comme mineures et devaient obéir aux hommes n’étant même pas maîtresses de leurs biens.
Le dialogue avec George Sand, même s’il est inventé, permet de se situer dans l’époque.
La difficile recherche de liberté dans un siècle et une région peu favorables à l’épanouissement des femmes.
Quelques réserves
Aucune réserve pour cette biographie romancée qui donne enfin une voix et un visage à Marie Talbot.
Encore un mot...
L'auteure a utilisé les dates et écrits notariés pour faire revivre l’histoire de Marie, mais c’est tout de même une œuvre de fiction qui nous rend si vivante cette artiste si peu connue. Sur la tombe de Marie Talbot, George a écrit sur un morceau de terre crue : « La poète aux mains noires rompt mais ne plie pas ».
Une phrase
« Mon enfance fut teintée de solitude. Orpheline de mère et de père, non pas par décès de mes ascendants mais par manque d’intérêt. Je me suis élevée dans l’imaginaire, dans un monde de terre et de statues. » page 25
« Ce jour-là, j’ai scellé définitivement mon destin. Je ne créerais plus que des femmes. Je rompais définitivement avec la fonction de l’objet. Je laisserais à mon père les plats, pots, jarres et terrines, les contenants pour tous les aliments qui existaient sur cette terre et qui ajoutaient à l’oppression des femmes. Je ne m’occuperais que des fluides. Les fluides… De mes femmes jaillirait l’eau, source de vie et de plaisir. » page 79
L'auteur
Ingrid Glowacki est conseillère juridique. La poète aux mains noires est son premier roman.
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