La Petite Menteuse
Parution en Août 2022
217 pages
20 €
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Thème
Nous sommes dans une petite ville de province. Alice Keridreux, la cinquantaine, avocate pénaliste, sort d’un procès d’ Assises.
Dans son cabinet une jeune femme l’attend. “ Elle veut être défendue par une femme “ lors de son prochain procès en appel. C’est Lisa Charvet, 20 ans, qui doit se retrouver face à l’homme qui l’a violée il y a 5 ans.
Alice dissèque le dossier. Un coup de tonnerre se produit : Lise avoue avoir menti il y a 5 ans en accusant Marco Lange, un ouvrier plâtrier, coupable idéal, à l’alcool mauvais et au casier judiciaire chargé.
L’avocate reprend point par point toutes les causes ayant entraîné ce qui est peut-être une erreur judiciaire.
Pourquoi Liza a-t-elle menti ? Quelles souffrances à la maison et au collège l’ont entraînée dans ce mensonge et cet engrenage judiciaire ?
Points forts
- Une analyse forte de la souffrance de Lisa pendant son adolescence.
- Alice Keridreux décortique parfaitement la nature humaine à travers ses personnages.
- Lors de la plaidoirie que prépare Alice, l’auteure démontre avec des mots remarquables tout ce qui se joue devant les tribunaux
Quelques réserves
Le titre lui-même du livre, « La petite menteuse », dévoile sans doute trop l’intrigue.
Encore un mot...
L’auteure aborde un sujet intéressant, à contre- courant de l’époque MeToo.
Alice Keridreux s’oppose même à la copine de son propre fils, 20 ans également, qui ne comprend pas comment sa belle-mère peut défendre « des salauds, des violeurs » en acceptant d’être l’avocate de Lisa ! C’est toute la difficulté concernant la parole des victimes - tant Marco Lange qui clame son innocence que Lisa victime de la société.
Le mensonge est le fil conducteur de l’histoire avec ses deux victimes. En mettant l’accent sur le doute et la présomption de culpabilité, l’auteure démontre le fonctionnement de la justice avec ses dérives, parfois l’oubli de ses grands principes, influencée par les débats de société, les réseaux sociaux. La vérité n’est pas toujours celle que l’on imagine.
Une phrase
- « Ah ! les merveilleux témoins ! Même quand ils ne savent rien, ils trouvent quelque chose à dire, s’agaça Alice. Elle éprouvait une fois de plus les mots justes d’Erri de Luca “ Prendre connaissance d’une époque à travers les documents judiciaires, c’est comme étudier les étoiles en regardant leur reflet dans un étang”. » P. 57
- « Vous avez senti comme la conviction est une chose fragile ? Les enseignants dont on avait loué la vigilance ont été accablés pour leur naïveté… A la certitude si solide d’hier, on en a substitué une autre. C’est la même machine qui tourne. Elle a seulement changé de sens ». P. 210
- « Elle s’approchait de la fin. Il avait fallu si peu de choses pour que deux vies basculent. L’ennui et le mal-être d’une adolescente, la grossièreté des garçons, la volonté de bien faire de deux enseignants, la célérité d’un gendarme, les rumeurs malfaisantes d’une petite ville, la conviction établie d’une mère, la mauvaise conscience d’une père. (…..) le plus dérangeant, dans toute cette affaire, n’est pas de savoir pour quelles raisons Lisa a menti, mais pourquoi tant de gens ont eu envie de la croire ». P. 212
L'auteur
Pascale Robert-Diard est chroniqueuse judiciaire au Monde depuis 20 ans. La petite menteuse est son premier roman
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