La nuit du revolver
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Thème
Un texte document, un événement aussi. Roman vrai ? Récit d’un affabulateur ? « Un reporter enquête sur le sujet le plus sombre : sa propre vie », précise le sous-titre. Et la vie de Carr, c’est quelque chose. Un sommet de la déglingue, de la défonce… On résume : découverte de la cocaïne à l’université, on y ajoute l’alcool. Immédiatement, entre Carr et la coke, c’est le coup de foudre. Passion toxique, ça durera de nombreuses années malgré des cures de désintox… Le point de non-retour, Carr sait ce que ça veut dire pour y être allé tant et tant de fois. Il confie : « Ce n’était pas tant d’avoir trouvé un nouveau but dans l’existence que d’être fatigué de ne pas en avoir ». Il dit encore avoir mené la vie d’un « connard débauché », avec potes, femmes, fêtes, écriture d’articles, plantages professionnels, ratages personnels…
Et puis, le déclic. Le crack, fini. Et la décision de comprendre, ou pour le moins d’écrire cette période de vie. Mais, à trop avoir fréquenté les paradis artificiels, la mémoire a flanché. Ainsi, David Carr se lance dans une enquête sur sa propre vie. Une auto-enquête, comme d’autres se complaisent dans l’autofiction. Se réapproprier son histoire. Après vingt ans de dérive, oublier la coke, s’occuper de ses deux filles. Entendre un ami lui dire : « Je n’ai jamais possédé de flingue, je crois que c’était le tien », cet ami qui avait dû pointer l’arme sur lui pour le faire dégager…
Points forts
- En près de 600 pages, le voyage au bout de la défonce. Un voyage où le délire est permanent, où l’on fréquente un amnésique parano à la recherche du temps perdu.
- L’écriture crue et cahotante pour l’histoire d’une fulgurante descente aux enfers, puis d’une lente et douloureuse rédemption.
- Une auto-enquête (qui a nécessité trois années de travail) sans concession, rédigée comme un roman.
- La lucidité implacable de l’auteur sur lui-même, sur sa déchéance, sur son retour des paradis artificiels.
- A l’image d’un Hunter S. Thompson (l’un des inventeurs du gonzo journalisme), David Carr ne s’embarrasse pas avec l’écriture fictive ou romanesque. Avec lui, c’est tout pour l’écriture brute et brutale.
Quelques réserves
Un point faible lié plus à l’auteur lui-même (personnalité borderline, accès de colère, violence passée envers les femmes,...) qu’à son livre…
Encore un mot...
Une chronique captivante, étourdissante, bouleversante…
Une phrase
« En pratique, je buvais dès que je me levais et je m’injectais toute la coke que je pouvais trouver. Je me rappelle un jour où, particulièrement bourré, j’ai enfilé une chemise blanche bien repassée, ce qui était rarissime. Mais quand je l’ai eue sur le dos, j’ai remarqué la tache cramoisie au creux de mon bras gauche ».
L'auteur
Né le 8 septembre 1956 à Minneapolis, Minnesota, David Carr était journaliste et écrivain. Il a grandi à Hopkins, où son père possédait un magasin de vêtements. Ensuite, il étudie le journalisme et la psychologie à l’Université du Minnesota avant de collaborer au journal « Twin Cities Reader » puis au « Washington City Paper ». Plus tard, il s’installe à New York, écrit pour le site Inside.com et des magazines comme « The Atlantic Monthly » et « New York » puis intègre en 2002 la rédaction du « New York Times » dont il devient une des plus brillantes signatures, spécialiste des médias et réputé pour son humour et son style percutant. En 2008, il publie un récit autobiographique « The Night of the Gun » dont la VF est parue donc, en cette année 2017, sous le titre « La nuit du revolver ».
Le 12 février 2015 un peu avant 21 heures, il s’écroule dans la salle de rédaction du « New York Times ». Peu après, il est déclaré mort à l'hôpital, emporté par un cancer du poumon.
La vie de David Carr, son œuvre, ses hauts et ses bas seront prochainement adaptés pour la télévision par Shawn Ryan, le créateur de la série « The Shield »- avec, dans le rôle du journaliste- écrivain, Bob Odenkirk, vu dans les séries « Breaking Bad » et « Better Call Saul ».
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