La montée des périls
Parution le 8 mars 2023
214 pages
19 €
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Thème
Paul de Salles, critique littéraire et écrivain, rencontre dans un « événement culturel contemporain » - exposition, installation ? - Erika Dauze, chroniqueuse chargée de réaliser les « contenus textuels » - discours, interviews ? - d’une candidate à la mairie de Paris plus ambitieuse que cultivée.
Bien qu’évoluant tous deux dans un milieu bobo-branché, ils tombent immédiatement amoureux l’un de l’autre « à l’ancienne » avec présentation aux parents à la clé.
Points forts
Une galerie de personnages typiquement de notre temps, appartenant à la fine fleur des dîners en ville : Marie Pauline, écri-vaine, nombriliste et victimaire du type Annie Ernaux ou Virginie Despentes; Mahaut, rédactrice en chef des pages culture d’un grand hebdo, et, à ce titre, apte à influencer les politiques culturelles des différents partis; Frédéric, député conservateur sans grands scrupules quant aux moyens de faire chuter ses adversaires politiques; Charlène, candidate ministrable, aux prétentions démesurées à l’inverse de sa culture, entièrement dépendante de son media training (entraînement à la prise de parole face aux médias) et de ses speech writers dont elle lit les discours mot pour mot sans les avoir assimilés. A noter son interview politique sabotée au cours duquel elle multiplie les erreurs et qui n’est pas sans rappeler le face-à-face désastreux de Marine Le Pen…
Les coucheries indispensables à la réussite, l’importance des réseaux, la superficialité des programmes politiques (tout en mots et en accroches) complètent cette description d’un monde factice et surfait.
Quelques réserves
Malheureusement, l’ouvrage de Viry est lui-même formidablement artificiel et pas un personnage n’est suffisamment crédible pour être attachant, y compris les deux héros principaux, Paul et Erika, qui s’expriment comme personne ne le ferait. L’humour et l’autodérision veulent pourtant être présents et le lecteur comprend bien que Viry utilise la langue de bois et le franglais pour servir la satire mais sa démarche trop pesante paraît plus prétentieuse que convaincante. La pensée qui se voudrait complexe n’est en fait que compliquée et les conversations rapportées sont tout sauf plausibles.
Encore un mot...
Marin de Viry veut à la fois décrire et dénoncer le politiquement correct d’un milieu qu’il connaît bien.
Hélas, courageux mais pas téméraire, il prend pour ce faire de telles précautions oratoires, emploie de telles circonvolutions pour dire les choses sans les dire tout en les disant, que son texte en devient très difficile à lire pour ne pas dire qu’il frôle l’illisible.
Une phrase
« Elle ne voyait aucun problème à assumer la dimension bêtement positive, publicitaire, artificiellement enthousiaste, bourrée d’anglicismes avilissants, d’un certain langage politique. Pour elle, bourrer les salles, salir la réputation de ses adversaires en payant des officines, régler les caméras pour faire croire que le vide était plein, briefer les trafiquants d’image rebaptisés en consultants, faire envoyer quotidiennement six messages à ses followers, bosser ses éléments de langage avec des gens plus cultivés et intelligents que soi à qui on donnait des ordres, relevait de la contrainte professionnelle normale. » p. 149
L'auteur
Né à Boulogne-Billancourt en 1962, Marin de Viry est membre du comité de rédaction de La Revue des Deux Mondes après avoir collaboré aux revues Commentaire et Le Banquet. Il est également chroniqueur au Figaro.
Auteur notamment d’essais polémiques comme Le matin des abrutis ou Tous touristes et de romans comme L'arche de mésalliance, et il a créé à Sciences-Po un séminaire sur le roman contemporain et la modernité.
Il a obtenu le Prix Cioran en 2007 qui récompense un essai.
Commentaires
Très déçue par ce roman fouillis dont je n’ai pas compris l’objet. Le titre est prometteur, la lecture est terriblement pesante.
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