La Maladroite

Un roman coup de poing
De
Alexandre Seurat
Editions du Rouergue - 128 pages
Notre recommandation
4/5

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Lu
par Culture-Tops

Thème

Un avis de recherche est lancé. Diana, une enfant de 8 ans, a disparu. Une institutrice qui a bien connu la petite fille voit la photo. « Quand j'ai vu l'avis de recherche, j'ai su qu'il était trop tard », dit-elle. C’est le choc immédiat- et une conviction profonde : la petite Diana n’a pas été enlevée. Pour l’institutrice qui, depuis, a perdu le sommeil, aucun doute : la gamine est la victime de ses parents qui ont organisé sa « disparition ». Dès lors, les témoignages vont se succéder- de celles et ceux qui ont côtoyé Diana, de près ou de loin. Certains vont dire : « Comment pouvait-on deviner ? » alors que l’enfant était plongé dans le silence ; d’autres, enseignants, médecins (parmi lesquels le médecin scolaire qui se réfugie dans le déni), gendarmes, assistantes sociales et même la grand-mère ou le demi-frère, vont raconter l’enfance maltraitée- on remontera ainsi jusque, même, au temps de la conception de l’enfant ; on apprendra que l’enfant est née sous X, prénommée Diana, « un nom de princesse -mais de princesse brûlée vive. Comme si c’était aider l’enfant qui partait déjà mal dans la vie"… Tous vont dire ce qu’ils ont vu, ce qui les a troublés. Tous vont avouer qu’ils n’ont rien pu (rien fait ?) pour éviter l’issue fatale. Tous vont aussi pointer les manques, les lacunes d’un système de protection de l’enfance…

Points forts

- Inspiré d’un fait réel, La maladroite brille par la violence retenue mais permanente. Pour son premier roman, Alexandre Seurat a su éviter les effets de style, les pleins et déliés de la belle écriture, pour rapporter les faits dans leur froideur et leur brutalité.

- Parmi les nombreuses réussites de ce texte, la maîtrise parfaite du roman choral- jamais une fausse note, toujours de la puissance et du poignant. L’absence de commentaires- les faits, seulement les faits et des souvenirs, des doutes aussi…

- Pas le moindre pathos sous la plume d’Alexandre Seurat. Ce qui pose encore plus froidement, plus cruellement la question  de la responsabilité des  personnes et de la société. Personne coupable, tous responsables?

Quelques réserves

A certains moments de la lecture, on regrettera le côté froid (et implacable) d’un texte qui prend les allures d’un procès-verbal dressé par le plus consciencieux des greffiers…

Encore un mot...

Sans mélo ni compassion, LE roman coup de poing sur l’enfance maltraitée.

Une phrase

« Quand j’ai vu l’avis de recherche, j’ai su qu’il était trop tard. Ce visage gonflé, je l’aurais reconnu même sans nom- ces yeux plissés, et ce sourire étrange- visage fatigué-, qui essayait de dire que tout va bien, quand il allait de soi que tout n’allait pas bien, visage me regardant sans animosité, mais sans espoir, retranché dans un lieu inaccessible, un regard qui disait tu ne pourras rien, et ce jour-là, j’ai su que je n’avais rien pu ».

L'auteur

Né en 1979, Alexandre Seurat est professeur de lettres à Angers. En 2010, il a soutenu une thèse de Littérature générale et comparée. "La maladroite" est son premier roman.

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