La couleur de l'eau

Bon mais ne méritait pas un Grand Prix littéraire
De
Kerry Hudson
Editions PHILIPPE REY - 346 pages
Notre recommandation
3/5

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Lu
par Culture-Tops

Thème

Dave, vigile dans un magasin londonien, laisse volontairement filer une jeune voleuse de chaussures. Elle l'attend à la fin de journée et lui, le taiseux  désenchanté, perçoit chez elle une nature effarouchée qu'il cherche à apprivoiser. Commence une relation complexe  entre deux êtres  déjà abîmés par la vie, qui se rapprochent tout en se craignant : il l'accueille chez lui sans savoir quoi que ce soit de sa vie; elle se laisse approcher tout en cachant ses lourds secrets; chacun cherchant à découvrir et à protéger l'autre....

Points forts

- Kerry Hudson raconte les galères, les faiblesses, les fragilités et les blessures de ces personnages écorchés, en quête de compagnie pour lui, de protection pour elle, de gentillesse, de tendresse et de confiance  pour les deux : ils se rapprochent, se heurtent, se méfient, s'attachent, se fuient et finissent par s'aimer. De la tendresse dans un monde très brut. 

- L'auteure décrit avec justesse et finesse, sans aucun sentimentalisme et sans jugement, leur quotidien brutal entre rêves abandonnés et désenchantement pour Dave,  entre espoir de trouver une vie meilleure et du travail  à Londres pour Alena qui a fuit sa petite ville de Sibérie.

- Le difficile parcours d'Alena livrée à la cruauté des circuits de prostitution et les problèmes d'immigration avec leur lot de dénonciation, de peur et d'isolement, sont bien évoqués dans toute leur brutalité.

Quelques réserves

- Un univers sombre et des personnages sans éclats qui se raccrochent comme ils peuvent l'un à l'autre. 

- La relation ambiguë d'Alena avec Fédir : sexe, alcool, dépendance, peur, harcèlement ; elle s'enfuit, il la retrouve, elle cède, elle s'échappe de nouveau .... on a du mal à y croire.

- La lâcheté de Dave qui s'est laissé dicter sa vie par sa mère et s'est marié sans en prendre la décision : on a envie de le secouer. Et son voyage en train pour aller retrouver Alena en Sibérie est long, très long... 

- La construction du livre est difficile à suivre car ce ne sont que des va et vient entre passé et présent de Dave et Alena, de l'un et de l'autre, dans le même chapitre, sans qu'on sache tout de suite avec lequel on est.

Encore un mot...

J'éprouve un sentiment à la fois mitigé et indéfinissable à propos de ce livre: il se lit avec une certaine avidité car on a envie de savoir comment se finit cette histoire d'amour chaotique entre deux cabossés de la vie, mais j'ai eu du mal à vraiment m'attacher à eux; et ça ne fait pas rêver...
La couleur de l'eau, couleur de leurs yeux... mais on aurait aimer qu'elle soit plus bleue...

Pour faire court, le Prix Femina Etranger a eu de biens meilleurs crus.

Une phrase

"Il lui posa beaucoup de questions sur la Russie, sur ce qu'elle aimait manger, comment on disait tel ou tel mot en russe. Des choses sans danger. Et elle lui posa des questions sans risque, comme s'ils discutaient sur une paroi rocheuse et que leur choix de questions constituaient leur prise."

L'auteur

Kerry Hudson est écossaise. "La Couleur de l'Eau" est son deuxième roman, pour lequel elle vient de recevoir le prix Femina Etranger 2015.

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