La Collection

La vie de Frits et Jacoba Lugt sans concession et consacrée exclusivement à l'art.
De
Alice Dekker
Arléa
Parution en Juillet 2024
174 pages
19 €
Notre recommandation
4/5

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Lu
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Thème

La Collection est une narration sur le couple formé par Frits Lugt et sa femme Jacoba Klever. Ils vont consacrer leur vie entière à l'art en réunissant l'une des plus impressionnante collection dédiée aux maîtres hollandais du XVIIe siècle et qui sera finalement rassemblée au sein de la Fondation Custodia à Paris à partir de 1956. Voyages, achats, ventes, expositions, compilation de peintures, de dessins et de correspondances authentiques, écriture de catalogues rythment leur quotidien.

Issus de grandes familles bourgeoises, originaires des Pays Bas, nous suivons l'histoire de   leur famille qui ne sera épargnée ni par la maladie, ni par le deuil, ni par la guerre. Mais en dépit des épreuves qui les frappent, il apparaît au fil des années que les besoins de la collection prennent le dessus sur tout autre sujet. Cette collection hypertrophiée devient un ogre exigeant tout l'amour et l'attention du couple, suscitant leurs émotions et déshumanisant par contraste leurs rapports aux vivants.

Points forts

  • La traversée des deux premiers tiers du XXe siècle est très intéressante. L'évolution des usages entre le Belle époque et la période Entre-deux guerres est bien rendue. Mais surtout, la spoliation des œuvres pendant la Seconde Guerre mondiale nous renvoie parfaitement aux vies bouleversées, à l'exil forcé, aux agissements troubles - collaborations subies ou complaisantes - de ceux restés au pays.

  • Les portraits psychologiques des différents membres de la famille sont également fouillés et apparaissent comme des marqueurs de leurs époques. Ainsi on perçoit l'image de la femme du début du siècle, dont les nerfs sont marqués par le carcan social et que l'on isole. Une société patriarcale forte avec des chefs de familles tout puissants. Un fils aîné, indigne de l'héritage artistique de ses parents. Des filles, tout juste bonnes à marier. Finalement, seul le fils cadet - parce que décédé ? - trouve grâce aux yeux de ses parents.

  • Le choix de la narration par ce fils mort nous rapproche de ce couple qui pourrait par ailleurs apparaître monstrueux dans leur rigidité.

Quelques réserves

Quelques difficultés à appréhender les noms néerlandais et quelques notes de traduction au début seraient utiles : opa signifie papi et oma, mamie.

Encore un mot...

J'aime la façon dont l'auteure renverse les valeurs en faisant apparaître la collection comme un membre à part entière de cette famille : à chacun de se plier à elle et à ses besoins. Une œuvre est capable de susciter le désespoir le plus profond à l'idée même d'en être séparé. Une peinture usurpée et retrouvée par hasard dans une exposition provoque un choc plus puissant que la fragilité d'une fille. De même, cette collection démembrée par la guerre plonge le couple Lugt dans la sidération la plus complète et ils n'auront de cesse de rechercher les œuvres éparpillées avec l'énergie que l'on met à retrouver un enfant perdu.

Une phrase

« Ces derniers temps, père avait confié à Claar que la collection leur était comme un enfant. Je jurerais qu'ils y voyaient même leur plus belle réussite. Assurément leur grand œuvre. Un infatigable défi qui les a mêlés tout à fait jusqu'au dernier instant et scellé leur union de la meilleure des manières. Finalement bien davantage que les deux garçons et trois filles qui en étaient nés. » P.13

L'auteur

La Collection est le quatrième roman d'Alice Dekker. Bien que née en France, elle a une double culture franco-néerlandaise. Elle est par ailleurs très impliquée dans la vie publique en tant que chef de cabinet d'une commune de Seine et Marne et dans la vie entrepreneuriale en tant que relation presse depuis 25 ans.

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