L’Ascension. Les trafiquants d'éternité-Tome 2

Le destin exceptionnel du pape Paul III. Une saga historique captivante
De
Amélie de Bourbon Parme
Gallimard
Parution le 3 octobre 2024
496 pages
23 €
Notre recommandation
4/5

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Thème

Dans l’Italie du XVI ème siècle, Alessandro Farnèse, issu d’une lignée de petits seigneurs provinciaux, installés au nord de Rome, dans le Latium, devient pape en 1534 sous le nom de Paul III. En trois tomes d’une saga intitulée Les trafiquants d’éternité, Amélie de Bourbon Parme, lointaine descendante du pontife, relate sa jeunesse, puis sa montée vers le pontificat. La troisième partie est en cours de rédaction.

L’Italie, à cette époque, est composée d’une multitude de petits États en guerre larvée les uns contre les autres, sous la menace du Royaume de France et de l’Empire, en l'occurrence celui de Charles Quint, qui tentent d’imposer leur domination sur la péninsule. Le pape contrôle difficilement les États pontificaux et opère en permanence un jeu de balance entre les deux puissances.

À mi-chemin du roman historique et de la biographie, l’auteur ressuscite cette période fertile en évènements, comme le sac de Rome par les lansquenets (1527), et livre un portrait attachant d’un grand pape de la Renaissance.

Points forts

  • L’Ascension plonge le lecteur dans le cœur du Saint-Siège et dans l’intimité des papes qui se sont succédé après Alexandre VI, le pape Borgia, à la réputation sulfureuse. À l’apogée de la Renaissance, Jules II, Léon X, Clément VII, détruisent la Rome antique pour bâtir une ville nouvelle: avec le concours d‘artistes exceptionnels, Raphaël, Michel Ange, Sangallo…, églises et palais se multiplient sur les vestiges de l’Antiquité, notamment le fameux palais Farnèse, aujourd’hui siège de l’ambassade de France en Italie. Pour financer ces édifices colossaux, l’Église vend des “indulgences“ censées réduire la période de purgatoire après la mort. Ce trafic va révulser Luther et faire émerger le protestantisme. 

  • L’auteur livre des portraits contrastés de ces papes du premier tiers du XVI ème siècle, issus des grandes familles italiennes, les Médicis, les Della Rovere, soucieux d’utiliser la période de leur pontificat pour établir leur dynastie, dans la gloire et l’opulence, pour les siècles des siècles; ils vivent d’ailleurs souvent avec femme et enfants, d’autant que les cardinaux ne sont pas obligés d’être prêtres. Leurs politiques fluctuantes sont relatées avec talent, même si, a posteriori, la critique est plus aisée; Jules II s’en tire bien, à la différence des deux papes Médicis qui lui succèdent. 

  • Le portrait du héros, le futur pape Paul III, est attachant, décrit dans son intimité familiale, subissant les exactions de son fils, Pier Luigi, amoureux de sa compagne, Silvia, dont il doit se séparer au moment où il reçoit les ordres majeurs, passage obligé pour le trône de Saint Pierre. 

  • Ce livre foisonnant est aussi original par son point de vue: de Rome, l’auteur décrypte avec clarté le déroulement et la logique des guerres d’Italie qui de Louis XII à François 1er ont été l’idée fixe des souverains français. 

C’est d’ailleurs un ouvrage d’une lecture facile et agréable.

Quelques réserves

Tout attachant, documenté, vivant qu’il soit, le portrait d’Alessandro Farnèse pêche par deux aspects. Malgré les efforts méritoires de l’auteur pour ressusciter cette époque, le cardinal raisonne plus comme un contemporain que comme un personnage du XVI ème siècle. C’est un défaut inhérent à ce genre d’exercice. Mais surtout, l’auteur en fait un parangon de sagesse dans un univers de médiocrité et d’outrance: n’eut-il aucun défaut?

Encore un mot...

Voilà un ouvrage divertissant, riche d’informations sur une période exceptionnelle de l’histoire européenne, le jaillissement de la Renaissance, campant avec bonheur un des papes qui a beaucoup compté dans la reprise en mains de l’Église et la construction de l’identité catholique.

Une phrase

« Le souvenir de la trahison de Pier Luigi, rallié à l’armée du duc de Bourbon, venait de lui revenir à l’esprit.                                                                                                                                               
Cette catastrophe plus intime se confondait avec celle qui menaçait Rome, mais elle était plus cruelle. La déloyauté de son fils le révoltait et l’accablait en même temps. La chair de sa chair avait piétiné son devoir de fidélité, comme l’avait fait son frère autrefois, provoquant son emprisonnement au château Saint-Ange. Des siècles d’allégeance et d’héroïsme, sur le point d’être récompensés à leur juste valeur, avaient été balayés. » Page 374

L'auteur

Marie Amélie de Bourbon Parme, descendante d’une illustre famille ayant régné sur le duché de Parme, est historienne. Elle a donné plusieurs ouvrages, sur la mort de Louis XVII, sur Charles Quint, pour lesquels elle a reçu des prix littéraires. Le premier volet de sa trilogie sur le pape Farnèse, L’Ambition, a été publié en 2019 dans la collection blanche de Gallimard, et porte sur la jeunesse d’Alessandro Farnèse, jusqu’à la disparition d’Alexandre VI Borgia.

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