La Barque de Masao
Parution le 22 août 2024
203 pages
19,50 euros
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Thème
Masao, à la sortie de l’usine où son activité de rectifieur de pièces industrielles façonnées semble lui apporter la satisfaction du travail accompli, retrouve sa fille, Harumi, qu’il n’a pas vue depuis de très nombreuses années. Ses grands-parents maternels l’ont recueillie à la mort de leur fille Kazue, sa mère, morte de manière dramatique mais volontaire le lendemain de l’accouchement.
Un chemin s’ouvre, permettant à Masao de raconter son amour pour Kazue et à Harumi d’entendre la difficulté de vivre de cette maman qu’elle n’a pas connue.
Un chemin s’ouvre : convergence de la route suivie par Masao, ponctuée des diverses professions qu’il a pu exercer et de la voie de développement personnel d’Harumi, devenue architecte.
Un chemin s’ouvre : lieu de reconstruction d’une filiation abandonnée mais emplie d’un désir réciproque de redéploiement.
- L’un, Masao, raconte la tentative de surmonter l’épreuve de la disparition de Kazue en construisant de ses propres mains une barque sur laquelle la navigation va lui offrir un temps d’oubli et de réconciliation avec sa conscience.
- L’autre, Harumi, s’épanche auprès de son père sur son enthousiasme à participer à l’élaboration d’un projet de musée, lieu de mémoire par essence.
La barque, délaissée puis restaurée, deviendra le symbole de leur rapprochement et de leur fusion.
Points forts
Antoine Choplin nous permet d’accéder, au travers de son roman, à la délicatesse des sentiments exprimés ici avec l’élégance d’une écriture ciselée et légère, et aussi à la délicatesse de la nature même de ce peuple nippon, sobre et sincère, méticuleux et humble.
Le texte nous insère dans une atmosphère purificatrice, avec la finesse de l’estampe et la concision poétique du haïku.
Les scènes se succèdent et finissent par s’assembler pour dessiner un tableau où la mer, destructrice de la vie de Kazue, redevient pour Masao, debout sur sa barque, le vecteur d’une vie réparée.
Quelques réserves
Une petite fille séparée définitivement de sa mère à sa naissance, un père traumatisé par la mort de sa compagne et impuissant à prendre en charge son éducation, une distanciation sentimentale et une difficulté à restaurer le lien filial, ce constat pourrait induire chez le lecteur une forme justifiée de révolte et d’incompréhension.
Mais Masao, amant esseulé et père absent, par son humanité pudique, nous fait finalement comprendre son attitude et son désarroi.
Encore un mot...
Au-delà de l’intrigue, le roman d’Antoine Choplin nous offre un regard sur le peuple japonais et sur le Japon.
Le personnage de Masao revêt ce caractère ingénieux, scrupuleux et travailleur d’un peuple reconnu pour toutes ces qualités tandis que Harumi porte l’étendard affirmé de la créativité audacieuse et novatrice.
Le drame qui les a séparés puis réunis pourrait peut-être évoquer le destin national japonais historique du siècle précédent, émergeant avec courage et brio pour continuer à forger l’image d’une société souvent admirée et enviée.
Et cette barque, précaire mais robuste, aurait valeur de symbole !
Une phrase
« Je ne sais pas comment le dire, Harumi. Comment te dire cette sorte d’écho, renvoyé par le sentiment de honte. Et de manque. Pas forcément assourdissant, non, mais qui ne s’éteint jamais. » (P. 40)
« Elle [Kazue] a parlé encore. De ce quartier qui lui donnait la nausée...Et des grands murs, c’est ce qu’elle a dit, érigés de tous côtés, sans la moindre brèche, et qui fermaient tous les espaces. Des routes interdites. Des lumières défendues. » (P.99)
« Il est maintenant debout, dans sa barque, les pieds noyés dans l’eau accumulée et qu’il faudra bientôt songer à écoper de nouveau...Mais debout. » (P.201)
L'auteur
Antoine Choplin est né à Châteauroux en 1962.
Il est l’auteur d’une douzaine de romans publiés depuis 2003 dont La nuit tombée récompensé du Prix France Télévision en 2012.
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