Jours Tranquilles à Bangkok
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Thème
Errance dans Bangkok. Un journaliste anglais vient y résider, s’en va, revient, décrit ses vagabondages dans la ville de soi (ruelle) en soi, dans les quartiers que le visiteur occidental n’a guère l’habitude de parcourir. Jours tranquilles à Bangkok, fine allusion à Henri Miller, sous-titré Un séjour dans la capitale du plaisir, tient du guide de voyage, du journal intime bourré de réflexion sur la vie, la philosophie, les disparités des civilisations. L’auteur, Lawrence Osborne, promène son regard très britannique et distancié sur la capitale thaïe, mystérieuse et corrompue dans son fascinant chaos.
Points forts
On songe à Green ou à Durrel pour l’écriture, à Nicolas Bouvier pour l’analyse de civilisation. Du voyageur suisse, il tient cette capacité à décrire sans juger, à comprendre sans hiérarchiser, à observer sans moraliser. Avec ses prestigieux collègues d’Outre-Manche, il partage un style, un ton, inimitables, de ces britanniques plongés dans un monde qui n’est pas le leur.
C’est brillant, finement observé, par un homme cultivé dont les références culturelles sont judicieusement invoquées, sans pédantisme. Les réflexions philosophiques abondent, joliment mêlées à des descriptions crues des bas-fonds de la ville et à une cartographie des lupanars de cette capitale du sexe. Autant dire que et par le style et par le regard posé, l’ouvrage est loin de manquer d’intérêt.
Comme guide de voyage, c’est en effet précis et probablement précieux pour celui qui veut sortir des sentiers battus, même si cela requiert un certain courage, la consommation des araignées, cancrelats et autres scorpions, même frits, n’étant pas à la portée du premier occidental venu. Peut-être l’éditeur aurait-il dû pousser l’abnégation jusqu’à insérer une carte de la ville dans l’ouvrage.
Quelques réserves
Dans sa version originale, l’ouvrage date de 2009, ce qui réduit peut-être son intérêt comme alternative au Baedeker, tant la ville bouge et se reforme sans cesse.
Tous ceux qui professent vis à vis du tourisme sexuel et du commerce de la chair une condamnation sans nuances seront probablement choqués par des propos que tant la morale traditionnelle que la nouvelle bienpensance ne peuvent tolérer. Ce livre n’est pas qu’une apologie de ces pratiques, tant s’en faut, mais c’est aussi cela, à travers la tolérance amusée qu’affiche l’auteur à leur égard.
Enfin, le lecteur peu familier de la capitale thaïe risque d’être un peu perdu entre les quartiers, les bars et les ruelles dans lesquels s’ébat notre auteur.
Encore un mot...
Une formidable introduction à Bangkok pour ceux que la réputation de la ville ne rebute pas, par un auteur qui s’affirme comme l’un des maîtres de la littérature britannique.
Une phrase
« Les magasins pimpants, le confluent des races, la poursuite du plaisir – tout cela pouvait être balayé et l’avait d’ailleurs si souvent été dans l’histoire des hommes. Où se trouvait la ville où le Giton de Pétrone se faufilait comme du menu fretin ? Dennis me disait souvent que Bangkok le faisait penser à une ville de l’Antiquité romaine, du moins telle qu’il les imaginait. Des cités livrées à une luxure polythéiste. Rien, ajoutait-il, ne pouvait être plus éloigné des villes de langue anglaise, lesquelles n’étaient pas fondées sur l’amour du plaisir, mais sur l’idolâtrie du pouvoir. »
L'auteur
Ecrivain britannique de 60 ans, Lawrence Osborne, à la fois romancier et écrivain voyageur, journaliste collaborant à de nombreuses publications, apparaît comme une étoile montante des lettres de langue anglaise, le digne successeur de Graham Green. Il a vécu dans de nombreux pays avant de s’établir à Bangkok.
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