JOUR DE COURAGE
160 pages
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Thème
Livio, 17 ans, élève de Terminale dans un lycée de la banlieue lyonnaise, doit présenter à sa classe un exposé sur la censure nazie en Allemagne et les autodafés. Au centre de son propos, il a choisi de mettre un inconnu, Magnus Hirschfeld, médecin juif et fondateur du premier institut de sexologie au monde, défenseur des minorités dites déviantes, dont la riche bibliothèque scientifique fut brûlée.
A mesure que Livio avance dans son exposé, l’intolérance enragée à l’égard de la communauté homosexuelle et de la différence passe au premier plan, laissant presque à la marge le sujet historique de départ, devant un professeur circonspect sur la conduite à tenir, et une classe d’abord ennuyée, puis gênée et finalement divisée devant ce qui se révèle le coming-out d’un adolescent étouffé par le mensonge qu’est sa vie.
Points forts
-- Dans ce livre très informé, on découvre Hirschfeld, médecin pionnier qui s’engagea à démontrer que l’homosexualité n’était ni un vice ni une maladie mais une orientation innée, ceci dans le but d’obtenir sa dépénalisation.
– Le récit interroge la virilité à travers Livio, un de ces garçons solitaires et en souffrance dont la figure occupe depuis quelque temps une place remarquée dans la littérature ( Pour en finir avec Eddy Bellegueule , d’Edouard Louis), la chanson (Eddy de Pretto) et certaines séries TV françaises ( Mytho et A l’intérieur ).
– Qu’est-ce que le courage ? Qu’est-ce qu’être soi ? Comment l’intime et l’Histoire dialoguent-ils ? Où en est la tolérance et qui sont les « déviants » d’aujourd’hui ? Autant de questions que soulève l’auteur sans tomber dans le didactisme.
– La situation est originale : le récit du coming-out est situé dans la micro-société d’une salle de classe, dont l’atmosphère est fort bien rendue et qui permet une espèce d’analyse in vitro des différentes émotions provoquées par la révélation – surprise, gêne, sidération, dégoût, révolte, solidarité.
Quelques réserves
– Beaucoup d’informations, ce qui donne à ce roman un petit air scolaire de « fiche ».
– La grande sobriété de l’écriture fait qu’on n’entre pas assez dans l’intériorité du personnage principal, et que ses camarades de classe (sauf Camille, la plus proche de lui) “n’émergent” pas. Le personnage du professeur méritait aussi, vu la situation de dérive, d’être travaillé.
Encore un mot...
Le livre est sans doute trop court pour l’ambition qu’il défend. On le survole sans vraiment être retenu par ses aspérités qui pourtant sont nombreuses.
Ce roman, tous publics du fait de la simplicité de son style et de l’actualité de son thème, me paraît tout de même davantage destiné à accrocher des adolescents par ses vertus pédagogiques et sa bonne connaissance de cet âge charnière (et ce n’est pas une critique), qu’un lectorat d’adultes exigeants qui restera un peu sur sa faim.
Une phrase
« A qui aurait-il pu se plaindre, avec qui aurait-il pu partager ces mots entendus au gymnase ou à la piscine, plus ou moins explicites, qui le salissaient ? Il n’avait pas eu le courage de la confrontation, il n’avait pas eu le cran de se battre, de défendre ce qu’il était, et maintenant que cela arrivait devant témoins, maintenant qu’il savait manier les mots et les idées, il n’était toujours pas prêt. »
L'auteur
Brigitte Giraud est née en 1960 en Algérie. Elle est professeur et a écrit dix romans, parmi lesquels Un loup pour l’homme (Flammarion), Une année étrangère (Stock, Prix Jean Giono 2009), A présent ( Stock, mention spéciale du Prix Wepler 2001). Elle est aussi l’auteure d’un recueil de nouvelles, L’amour est très surestimé (J’ai lu).
Commentaires
Le titre de ce roman me dérange. Le courage aurait été de s’affirmer comme gai et non de disparaître. Je connais la situation de Livio. Je suis gai et bien vivant .
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