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J’emporterai le feu
Parution le 23 janvier 2025
430 pages
22,90 euros
Infos & réservation
Thème
Nous nous intéressons maintenant à la 3ème génération, les deux petites filles de l’alsacienne Mathilde qui avait épousé Amine. Aïcha, leur fille, s’est mariée avec Medhi, un brillant ingénieur qui a été placé à la tête d’un organisme de crédit par le roi lui-même. Mais le caractère entier de ce dernier et ses réflexions arrogantes envers les amis du roi, viennent de l’envoyer directement en geôle, sans motif et pour une durée plus que indéterminée. Ce qui exacerbe chez ses filles Mia et Inès un sentiment d’injustice et d’ingratitude. Nous suivons la destinée de ces jeunes femmes.
Points forts
On note tout de même, dans cette trilogie, que les femmes sont formidablement à l’honneur. Ce sont elles les éléments essentiels de cette famille, avec leurs personnalités fortes, leur intelligence, et surtout leur détermination : rien ne les arrête. Et pourtant, elles ont chacune une singularité propre avec des caractères bien frappés qui les distinguent les unes des autres. L’auteur noous gête !
Leïla Slimani nous gâte également avec l’aspect poétique de son écriture si fluide et si agréable à lire. Chaque description est sujet à rêverie, à vagabondage avant de revenir brutalement à la réalité. Les paysages sont paisibles, avec un léger souffle de brise, avant la tempête qui se soulève assez souvent d’ailleurs, climatiquement comme moralement. - - Un autre trait remarquable de cet écrivain : elle n’est jamais dans le jugement. Elle nous raconte les faits, expose les événements, explique ce qui est explicable et accepte les situations, ce qui est une gageure dans ce pays où beaucoup de choses sont proscrites.
Un dernier élément que l’on retrouve dans les trois tomes de la saga : l’esprit de famille. Si l’un d’entre eux se conduit mal, on râle comme un voleur à son encontre mais on est farouchement solidaire pour l’aider à se sortir de l’ornière.
Quelques réserves
Aucune réserve car cette trilogie, qui s’achève sur un ton mélancolique, ne ferme pas la porte à une éventuelle suite. On peut rêver, non ?
Encore un mot...
Ce roman fourmille des mille petits détails de la vie quotidienne que l'auteur distille avec beaucoup de tendresse et d’amour. Ce récit familial où chacun essaie de tirer son épingle du jeu, où chacun essaie de trouver sa place avec douceur comme avec de la violence mais bien décidé à réussir, est attachant en diable. Et revient en permanence l’héritage des pères : à quoi bon faire fructifier la terre pour que personne ne reprenne le flambeau ? De même, est évoquée la notion de responsabilité des enfants envers ce cadeau de leurs parents.
Une phrase
[en parlant de Selma :] « … Inès ne le comprenait pas, elle n’aurait pas pu mettre de mot là-dessus, mais elle pressentait chez sa tante à la fois une force démesurée – elle vivait seule et libre – et une tristesse désespérée – elle vivait seule et libre. Elle l’admirait. » P.127
« Medhi avait beau répéter à ses filles qu’il ne fallait pas être esclave de l’opinion des autres, que seul comptait ce qu’on était vraiment, à l’intérieur, il savait que c’étaient des foutaises. Nous n’étions jamais rien d’autre que ce que les autres percevaient, ce que nous leur donnions à voir. Les secrets du cœur, les qualités cachées de l’âme, les bonnes intentions, tout ça ne comptait pas dans le vrai monde. » P.194
[un clin d'œil :] « Mon père est rentré à la maison et a dit : « voilà, c’est fait ». Une phrase de tueur à gages. » P. 255
L'auteur
Leïla Slimani (1981) a publié chez Gallimard Dans le jardin de l’Ogre (2014) et Une chanson douce (2016) prix Goncourt, prix des Lectrices du journal Elle, prix Goncourt des lycéens et prix Renaudot des lycéens. Puis, aux Editions de l’Aube, elle a publié Le diable est dans les détails (2016) et Simone Weil, mon héroïne (2017). Elle s’est lancée en 2020 dans une trilogie marocaine La guerre, la guerre, la guerre : Tome I, Le pays des autres (2020); Tome II, Regardez-nous danser (2022) et ce IIIème et dernier tome, J’emporterai le feu.
A lire sur Culture-Tops :
- Chanson douce
- La guerre, la guerre, la guerre.
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