Inside Story
706 pages -
24,90 €
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Thème
Autobiographie, certes mais roman aussi et surtout. Martin Amis, un peu plus de 70 ans au compteur, se penche sur sa vie. Il la regarde « par-dessus son épaule » et nous prend à témoin de sa bonne fortune. Fils d’un écrivain à succès (Kingsley Amis), qu’il s’appliqua à surpasser, tout au long d’une vie peuplée, à part à peu près égales, de conquêtes féminines, de beuveries, de l’écriture d’une œuvre riche et variée et de rencontres amicales qui sont peut-être finalement la grande affaire de sa vie.
Points forts
Les amis de Martin : ils s’inscrivent dans plusieurs registres, qui se mélangent et se recoupent.
- Les amis pour la vie
Christopher Hitchens, né en 1949 comme lui, son meilleur copain, son jumeau, avec un mélange d’envie et d’admiration, qu’il ira jusqu’à accompagner en Amérique pendant les 18 mois que dureront son traitement infructueux pour soigner son cancer. - Les amis modèles
- Philip Larkin, ami et contemporain de son propre père, dont une ex-fiancée essayera, par pure vengeance, de lui faire croire qu’il pourrait être son géniteur.
- Saul Bellow surtout, pour lui le plus grand écrivain américain contemporain. Prix Nobel de littérature et première source d’admiration et d’inspiration. Martin Amis le côtoie durant toute la seconde partie de la vie de l’Américain, passant progressivement du rôle d’admirateur à celui de soutien lorsque Bellow est frappé par la maladie d’Alzheimer.
- Vladimir Nabokov ou John Updike, dont il parle avec tendresse, émotion et reconnaissance, dont il cite des passages de l’œuvre qu’il commente et explique.
- Elizabeth Jane Howard, belle-mère (la seconde femme de son père), l’auteur de la saga des Cazalet, chroniquée ici et à qui il témoigna bien après la mort de son père (elle mourut à 90 ans en 2014) une affection, une bienveillance et une reconnaissance quasi filiale.
- Les amis femmes
- Phoebe Phelps, une de ses conquêtes qui le marqua le plus (et on comprend pourquoi mais on vous le laisse découvrir) et peut-être une des rares femmes taillée pour rivaliser avec lui.
- Sa femme Isabel Elena Fonseca, auprès de qui il trouva sur le second versant de sa vie, une sorte de sérénité jusqu’à devenir un mari épanoui et heureux.
Mais le livre parle aussi de la vie, de l’écriture, de la liberté, toujours synonymes de rencontres enrichissantes et passionnantes, racontées avec la malice d’un écrivain à succès, longtemps iconoclaste, aujourd’hui plus apaisé.
Quelques réserves
Mis à part le fait qu’il déteste les Français (un peu comme tous les Anglais) … sa vie est totalement immergée dans la vie littéraire anglaise, dont nous n’avons pas tous les codes. On a parfois l’impression de rater un épisode.
Encore un mot...
J’ai adoré ses romans, du premier, Le dossier Rachel, étincelant premier roman jusqu’à l’un des derniers, La zone d’intérêt, qui se déroule dans un camp de concentration ( !). Quel plaisir de retrouver Martin Amis au meilleur de sa forme, calmé mais toujours brillant et prolixe, tout au long de ce projet éblouissant, dont chaque page se déguste comme une sucrerie.
Une phrase
« Jusqu’en septembre 2001 – j’avais cinquante-deux ans – je ne m’étais jamais interrogé sur mon identité (mon quoi ?). Pourquoi l’aurais-je fait ? J’étais blanc, anglo-saxon, hétérosexuel, non croyant, sains de corps et d’esprit … Les crises d’identité, je les laissais au reste du monde, le monde présent (encore existant, actuel), fluide, agité, caméléonesque, avec son étalage de syndromes, de maladies, de troubles, et sa ribambelle bouillonnante de destinés érotiques (je suis bi, je suis trans, je suis chaste). En bref, notre identité dort en nous, au moins où jusqu’à ce qu’on la réveille ». Page 186
L'auteur
Martin Amis est un écrivain britannique, une sorte de croisement entre Mathieu Lindon et Philippe Djian, si on devait le situer plus précisément pour le lecteur français. Il a toujours choisi de s’attaquer frontalement au monde qui l’entoure en maniant à armes égales l’humour et le cynisme. Il met en scène les excès de notre société, excès qu’il a partagé pour la plupart et qui font de lui un habile pourfendeur de nos tourments.
Il manie l’absurde, la caricature et le grotesque sur le fil du rasoir et a souvent lui-même été la cible de critiques violentes de la part de ceux qu’il pourfendait.
Il a enseigné l’écriture à Manchester. Inside story nous livre d’ailleurs quelques pages dont les apprentis écrivains ne manqueront pas de s’inspirer …
Le clin d'œil d'un libraire
LIBRAIRIE SAINT PAUL. A PARIS.
« On sait maintenant à quel saint se vouer »
A condition d’avoir la passion des livres. Et cette passion, les six libraires de la librairie Saint Paul, sise rue de Châteaudun, à mi-chemin entre l’Eglise de la Trinité et celle de Notre Dame de Lorette, l’ont chevillée au corps. Son directeur Christophe Aveline, tout laïc qu’il est, se consacre corps et âme à la propagation de la spiritualité chrétienne et catholique mais aussi de toute croyancequi élève l’esprit, toutes religions confondues. C’est en 1936 qu’un ordre religieux italien, les Pauliniens, crée en France la première librairie à l’enseigne de Saint Paul (c’était rue Dufour). Il en reste deux en France, les librairies Saint Paul ayant surtout essaimé au Québec.« Notre librairie appartient toujours à cette congrégation dont la vocation est donc l’évangélisation par le livre. Mais nous marchons sur nos deux jambes avec 60% de nos ventes réalisées avec des ouvrages spirituels et 40% en littérature générale » résume Christophe Aveline «Nous sommes ouverts sur le monde, nous portons le regard chrétien sur le monde. »
« Nous recommandons évidemment des romans porteurs de certaines valeurs morales et humanistes :
Par exemple Pierre Adrian, avec « les Ames simples », mais aussi « Ames brisées » chez Gallimard, écrit en français par un jeune japonais et aussi « Bach, maître spirituel » une autre manière d’écouter la musique par le pasteur Alain Joly ou encore Brahms par Olivier Bellamy(« L’automne avec Brahms ») connu pour ses émissions sur Radio classique, qui vient souvent tendre l’oreille dans ce lieu un peu sacré ! La peinture n’est pas oubliée : le philosophe Michaël de Saint Chéron présentait ici il y a un mois son « Soulage, d’une rive à l’autre ».
Les libraires de Saint Paul, comme l’horloger, ont ce rare talent de faire des « ponts » entre les arts, la lecture… et la passion.C’est la foi, « l’espérance » qui a sauvé la librairie Saint Paul pendant la très rude période de fermeture et le premier confinement, affirme son directeur. Les colloques, les conférences, les rendez- vous cultuels et culturels, les fameux 19-20 mensuels de la librairie Saint Paul ont été mis entre parenthèses au grand dam de ses fidèles pendant 2 mois. Heureusement, chaque jour, Aveline publiait sur son site ses réflexions, impressions, critiques pour maintenir la flamme. Bref, ce fut un rare et minuscule moment de grâce que votre serviteur a eu la chance de passer le jour de la Saint Valentin, à l’écoute de Christophe Aveline avec, pour finir, ce petit clin d’oeil que nous devons à Christiane Rancé, habituée des lieux qui vient de publier « Le dictionnaire amoureux des saints.»
LIBRAIRIE SAINT PAUL. 28 rue de Châteaudun 75009 PARIS Tel01 45 48 33 00
Texte et interview réalisés par Rodolphe de Saint-Hilaire pour la rédaction de Culture-Tops.
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