Il neige sur le pianiste

Une vieille romancière séquestre un beau pianiste et soigne un petit renard. Un roman poétique.
De
Claudie Hunzinger
Grasset
Parution le 21 août 2024
216 pages
20 €
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

La narratrice, une romancière âgée, solitaire, vivant au milieu des bois dans une montagne de l’Est de la France, invite, sans trop y croire, un pianiste, renommé, jeune et étranger, à venir séjourner chez elle. 

Un argument convainc l’artiste : un piano Steinway l’attend dans le grenier !

Après l’arrivée du musicien, la neige tombe abondamment isolant la montagne et la maison. Il ne peut pas repartir comme prévu le lendemain et il va vivre 10 jours et 11 nuits avec son hôtesse.

Mais quel but poursuit vraiment l’hôtesse en organisant cette séquestration…avec la complicité de la neige ? 

Ce roman intriguant et déroutant est - contre toute attente - non violent mais très sensuel, il aborde en filigrane la solitude, les angoisses et les désirs d’une femme âgée.

Points forts

Le lecteur se sent tout de suite immergé dans la maison de la narratrice où le temps semble ralenti. On a l’impression de pénétrer dans une bulle protectrice empreinte de calme et de poésie. Mais à plusieurs reprises le lecteur peut douter de la sérénité des lieux. Cette maison au milieu des bois est-elle vraiment un havre de douceur et d’humanité ?

Les personnages sont tous énigmatiques du début à la fin du roman ; qui sont-ils ? Pourquoi sont-ils là ? Sont-ils bienveillants ? Qu’attendent-ils réellement des autres protagonistes ?

Claudie Hunzinger à plusieurs reprises sait semer le doute sur les intentions de l’hôtesse à l’égard du pianiste accueilli et séquestré.

Quelques réserves

La progression du roman sur 10 jours et 11 nuits s’avère très douce et peut sembler ennuyeuse car lente. On s’attend à un retournement de situation, à un acte violent…en vain. Amateurs de sensations fortes, ce roman ne vous est pas destiné.

Il est sans doute préférable de connaître les précédents ouvrages de Claudie Hunzinger et son univers pour bien apprécier ce roman.

Encore un mot...

Ce livre m’a fait penser à certains romans japonais, lents, contemplatifs où l’on se réjouit de la nature environnante, où on se réjouit aussi du moment présent, et où l’on apprécie les petites choses du quotidien. 

Une phrase

  •  “ Ses yeux largement écartés, imaginatifs, obliques et jaunes, fardés de noir. Leur expression ouverte, candide. Son museau effilé, ses babines délicates. Son sourire ni cruel ni sardonique, pas du tout à vous donner la chair de poule. Un sourire enfantin. Ses proportions parfaites, son allure virevoltante.La pelisse n’est pas épaisse, mais courte, ocre-roux-gris, plus grise que rousse, marquée déjà de cicatrices. Un jeune renard plutôt bandit parce qu’un peu sombre. Contenant de l’ombre. Du secret. Des braises.
    Et c’est ainsi que j’avais commencé à nourrir un renard.” (Page 27)

  • “ La neige et moi, nous allons le séquestrer.
    Quand on prononce ce verbe, on le sent siffler entre les dents, puis craquer comme une serrure. Il réveille alors des quantités d’images de films, haches, linge, sang. Et de lectures, misère, souffrance, pitié, pitié. Mais je ne suis pas encline à ce genre de choses. Je ne suis pas destructrice. On peut séquestrer autrement. Mais comment ? La voiture en panne ne suffira pas pour le retenir. Alors quoi, qui ? La neige. Elle va me prêter main-forte. Garder les issues. C’est juste une question de passage à trouer entre les règnes, et alors on l’entendra s’approcher, le gorille blanc, on l’entendra craquer, le gel, et d’un coup la porte de la maison sera fermée.
    Pourquoi a-t-il eu la bizarre idée de venir se perdre dans la neige ? “(Page 59)

L'auteur

Claudie Hunzinger est une artiste plasticienne et écrivaine française, née à Turckheim en 1940. Ses études supérieures la conduisent vers le professorat de dessin, puis après cette expérience de l’enseignement elle s’oriente vers l’art plastique. Ses thèmes de prédilection : les livres, la nature, les arbres. La montagne vosgienne dans laquelle elle vit nourrit ses créations littéraires et artistiques. Sa pratique artistique s’oriente vers les tapisseries et des œuvres créées à partir de la laine du troupeau de brebis de son mari. En 1973, elle publie Bambois, la vie verte qui expose sa vie en montagne. Puis après une longue pause littéraire, elle sort des ouvrages à un rythme régulier depuis 2010 : Elles vivaient d’espoir, La survivanceLa langue des oiseauxL’incandescente… Elle reçoit le prix Femina en 2022 pour Un chien à ma table

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