Histoire de la violence

Graine de grand
De
Edouard Louis
Editions du Seuil - 240 pages
Notre recommandation
4/5

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Lu
par Culture-Tops

Thème

Deuxième roman d’Edouard, Histoire de la violence (allusion à peine masquée aux travaux de Michel Foucault) a fait l’événement de la rentrée littéraire de janvier 2016. La nuit de Noël, après avoir quitté ses amis Didier et Geoffroy, Edouard le narrateur rencontre Reda. Ils se retrouvent dans un lit, font l’amour. Quand le narrateur fait remarquer à son compagnon que son téléphone portable a disparu, celui-ci le viole, le frappe. V(i)ol de nuit. Reda s’en va et lui demande pardon. Plus tard, bien plus tard et sur l’insistance de ses amis, Edouard lance les démarches médicales, les poursuites judiciaires même s’il éprouve des réticences à envoyer son amant-agresseur en prison: il garde au plus profond de lui d’affreux souvenirs de visites à un cousin détenu dans une maison d’arrêt. Au récit du narrateur, se juxtapose la version de sa sœur Clara, rapportée à son mari un peu beauf’. S’entrecroisent, s’entrechoquent alors la version d’Edouard et celle d’une sœur qui le voit encore et toujours comme un fils du sous-prolétariat devenu un intellectuel, avec les codes de la bourgeoisie.

Points forts

-La grande maîtrise d’Edouard Louis dans la construction de Histoire de la violence, sans que jamais ne paraisse l’usage de la technique.

-La cohabitation, évidente dans ce roman, de plusieurs situations, plusieurs sentiments. Souffrance d’être victime, refus (et non pas négation) de cette souffrance, analyse sociologique, sensation de légèreté après avoir quitté son milieu familial et social…

-Dans une interview, Edouard Louis avouait souhaiter « une autobiographie qui serait écrite par quelqu’un d’autre ». Avec Histoire de la violence, c’est (grandement) réussi.

-Avec ce texte impeccable qui rappelle Annie Ernaux et Hervé Guibert et qui décline la violence- politique, sociale, sexuelle, raciale-, Edouard Louis confirme son statut de « surdoué des lettres françaises ».

Quelques réserves

Les limites de l’autofiction. Evoquant Histoire de la violence, Edouard Louis confie : « Dans ce livre, il n’y pas une ligne de fiction ». Au moins, ça a le mérite d’être avoué mais ça perd de sa force quand on appelle Claude Simon et Friedrich Nietzche pour expliquer, justifier tout fait de vie…

Encore un mot...

Le roman des illusions perdues avec un jeune homme qui, le soir de Noël, subit des violences après avoir accueilli à son domicile un amant. S’ensuivent les interrogations sur la nécessité, ou non, d’en référer à la police et à la justice. Un roman prétexte à une réflexion sur la violence de (et dans) notre société.

Une phrase

« Maintenant c’est terminé. Mon comportement a changé. Ma volonté de tout dire s’est transformée peu à peu en un essoufflement constant, une fatigue indifférente, je suis épuisé et c’est cet état qui m’a décidé à monter dans le train et à faire la route jusque chez Clara. Il me reste quelques peurs qui surgissent parfois et que j’essaye de ne pas nommer ».

L'auteur

Né Eddy Bellegueule le 30 octobre 1992 à Hallencourt (Somme), Edouard Louis a étudié au lycée d’Amiens puis l’histoire à l’Université de Picardie, avant d’intégrer en 2011 l’Ecole Normale Supérieure, rue d’Ulm à Paris, où il étudie la sociologie. En 2013, il change de patronyme et devient donc Edouard Louis. La même année, il dirige un ouvrage collectif : Pierre Bourdieu. L'insoumission en héritage (PUF). Au début 2014, à 21 ans, il publie son premier roman, En finir avec Eddy Bellegueule- un texte fortement autobiographique remarqué par la critique mais qui a déclenché de nombreuses polémiques.

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