Herbert von Karajan, Une autobiographie imaginaire
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Thème
La vie d’Herbert von Karajan, l’un des plus célèbres chefs d’orchestre, est racontée dans ce texte original à la première personne, sous forme d’un récit linéaire. Y sont révélés et interprétés les choix de carrière du personnage, sa recherche frénétique de la perfection, son rapport plus que polémique à la politique, notamment dans les années les plus sombres d’Allemagne, mais aussi son obsession angoissée du travail, le choix méticuleux de ses musiciens et chanteurs.
En outre, on découvre ou redécouvre plus furtivement une partie de sa vie familiale, ou encore son « amour des voitures de sport, des bateaux, des avions, de la vitesse et de la technologie ».
Points forts
- L’emploi de la première personne, dans cette « Autobiographie imaginaire », s’avère habile. Ce qui pourrait être perçu comme une faiblesse ressemble bel et bien à une trouvaille. Celle qui consiste peut-être, en premier lieu, à donner l’impression d’assumer l’impossibilité même, pour le biographe, de ne pas projeter son propre ressenti sur l’éclairage, les choix, les sentiments prêtés au personnage dont il parle. Par ailleurs, ce choix apparemment décomplexé de la narration se révèle ici presque logique, car il s’applique à un personnage très mystérieux, jusque dans ses comportements les plus indéfendables. Si bien que le « je » qui s’emploie demeure tempérant, presque sec, sans jamais se révéler tout à fait, comme s’il se refusait à être en empathie avec lui-même. Cette première personne distante était sans doute une option périlleuse. Contre toute attente, force est de constater que la recette «fonctionne » et sonne juste.
-La structure du livre est à la fois surprenante et adroite. Plongé tout d’abord et sans sommation dans l’histoire, débutant par la mort du narrateur, le lecteur est immédiatement pris par ce texte curieux, à la trame vive et bien menée. Aucune préface ne vient l’avertir des modalités de ce récit qui, à bien y réfléchir, pourrait être qualifié de roman, et c’est à une postface que l’on doit son commentaire. Cette construction a pour effet de donner un sentiment de liberté dans la lecture tout en ménageant à la fois une place nécessaire pour l’analyse et un effet de surprise.
Quelques réserves
Le livre donnera peut-être le sentiment d’être trop bref. Toutefois, il est évident que le contraire n’eût pas été un bon signe...
Encore un mot...
Un texte insolite, court et dense, qui fera le bonheur des mélomanes comme des lecteurs simplement curieux du personnage et ne laissera personne indifférent.
Une phrase
« Dans cette tour d’ivoire où j’avais élu domicile entouré d’une garde de fidèles, je n’admettais que ce qui était pur et parfait ». (p 125).
L'auteur
Né en 1972, Sylvain Fort, ancien élève de l’ENS Ulm, est docteur ès lettres et agrégé de lettres classiques. Il a écrit une biographie de Schiller et traduit plusieurs de ses pièces. Après avoir enseigné à la Sorbonne, il a travaillé dans le secteur bancaire en Italie. Il s’est ensuite orienté vers la communication avant de fonder sa propre agence à Paris en 2013.
Directeur de la publication du site « Forum Opéra », il est également chroniqueur musical pour « Classica » et a signé ou participé à plusieurs ouvrages consacrés à la musique classique dont « Puccini » (2010), « Tout l’Opéra » (2012) et « Tout Verdi » (2013).
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