Guerilla

Tableau apocalyptique et caricatural d'un futur trop vite annoncé
De
Laurent Obertone
Editions Ring
Notre recommandation
3/5

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Thème

A la suite d’un « incident» comme il pourrait s’en produire tous les jours (un policier perd son sang-froid et tire sur une bande de jeunes qui le menace), Paris, puis la France entière, s’embrasent. Pendant trois jours, les citoyens démotivés, les politiques dépassés et les journalistes doctrinaires se heurtent aux voyous, aux pillards et aux terroristes de tout poil. Sans force morale, la société explose et bascule dans le chaos.  Chacun va se retrouver face à lui-même  sans les béquilles habituelles que sont l’électricité, l’eau potable, les transports, les supermarchés, Internet et les réseaux wi-fi, bref, tout ce que le progrès avait décrété indispensable.

Points forts

A mi-chemin entre « Le Camp des Saints » de Raspail et  « Ravage » de Barjavel,  « Guerilla » dresse un  tableau apocalyptique mais plausible d’un futur proche, s’appuyant sur des sources sûres qu’Obertone dit tenir des Renseignements Généraux et autres Services Spéciaux.

 Evidemment, il force le trait (à l’image du Vivre-Ensemble devenu le Très-Bien-Vivre-Ensemble et du migrant muté en itinérant) mais l’extrapolation sonne juste : Les djihadistes, qui font d’un petit village un nouvel Oradour à seule fin de réaliser une video de propagande pour le grand califat, sont crédibles ; l’inertie des forces de l’ordre paraît ici à peine exagérée.

A noter p. 368 : Le seul   militaire à enfreindre délibérément les ordres pour venir, avec 12 hommes,  aider des civils assiégés s’appelle  Danjou… Ça ne vous dit rien ? C’est le  nom du capitaine de la Légion Etrangère qui résista avec 62 combattants à 3000 Mexicains dans une auberge nommée Camerone. Mais ça, c’était en 1863….

Quelques réserves

1-    La caricature outrée des nombreux  personnages : les citoyens paralysés par la bien-pensance et les « élites » cyniques qui les manipulent, les « Identitaires » tétanisés par la violence et  les blogueurs aspirés par le réel, les canailles encagoulées qui brûlent et tuent systématiquement (y compris le Président de la République !), aucun ne trouve grâce aux yeux de l’auteur ; sauf, peut-être, un colonel à la retraite, un toubib urgentiste, une jeune femme enceinte et un brave pépère qui manie si bien son fusil de chasse qu’il met en échec les terroristes islamistes. C’est tout.

2-   Le seul opposant déclaré est un psychopathe obsédé par la nécessité de punir les responsables et son profil ressemble singulièrement à celui d’Anders Breivik,  « un hybride de haine, de revanche et de folie, un sauvage dégénéré,(…) un fauve humain »

3-   Un pessimisme total. « La morale de cette histoire c’est qu’une telle histoire n’a pas de morale (…) Il n’y a d’issue pour personne ».

4-   Une certaine complaisance pour les scènes de massacre omniprésentes, mais c’est la loi du genre.

Encore un mot...

La force de ce roman sinistre tient à l’absence d’une dimension essentielle : le bonheur de se battre.

Une phrase

p. 270  les soldats du califat  massacrent à tour de bras ; une femme se plaint :

« La lenteur des secours était inadmissible. Elle envisageait déjà de porter plainte pour exiger une réparation du préjudice moral causé par ce sentiment d’abandon ».

L'auteur

Sous le pseudonyme de Laurent Obertone se cache un ex- journaliste de la presse hebdomadaire régionale, issu de l’ESJ de Lille, diplômé d’histoire et d’anthropologie.

Depuis 2013, ses ouvrages, « La France orange mécanique », inspiré du livre d’Anthony Burgess, «La France Big Brother », adaptation moderne d’Orwell,  et  « Utoya », étude introspective d’Anders Breivik, le tueur norvégien, font de lui un procureur très controversé de la décadence occidentale.

Son dernier roman « Guérilla » risque de ne pas arranger les choses…

Commentaires

Blanc
dim 08/12/2019 - 19:35

Fan d’Obertone ce dernier ouvrage ne m’enchante pas du tout ! Je le déconseille vraiment

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