Golem

Ni Zweig ni Borges
De
Pierre Assouline
Editions Gallimard - 258 pages
Notre recommandation
2/5

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Thème

Gustave Meyer, grand maître international d’échecs, est « cueilli »  par deux policiers à la sortie de l’hôpital où son ami, le  neurochirurgien Robert  Klaptman,  le traite pour épilepsie : il est soupçonné d’être impliqué dans l’accident de voiture qui a tué son ex-femme.  Parvenant à  s’échapper,  il découvre que Klapman  lui a inséré une électrode dans le cerveau,  faisant  de lui un « homme augmenté » à la mémoire surmultipliée, un  trans (ou post) humain, un Golem.

Commence alors une longue errance qui va peu à peu se transformer en quête initiatique à travers une Mitteleuropa disparue, ordonnancée comme la partie d’échecs décrite par Samuel  Beckett dans sa nouvelle l’innommable.

Points forts

1 - La belle légende du Golem,  être informe fait de glaise,  créé par le rabbin Juda Loew pour défendre le ghetto de Prague. Il porte au front les trois lettres hébraïques aleph, mem et tav qui forment  le mot  Emet (vérité). Pour immobiliser le Golem, le rabbin efface la première lettre et Emet devient Met(mort). Un soir, il oublie de neutraliser le Golem qui sème la terreur dans la ville et son créateur doit le réduire définitivement à néant.

2 - La description de Prague vendue au tourisme,  «dépassant même Venise en âpreté au gain et en nombre de visiteurs » ;  la figure du Golem, en plâtre ou en plastique, répandue dans tous les étalages pour attirer le client, l’oreille collée à son audioguide.

3 - La symbolique du tatouage illustrée, entre autres,  par l’image des doigts de Mitchum dans la nuit du chasseur (Love et hate).

Quelques réserves

1 - Intrigue confuse, écartelée  entre les problèmes d’échecs,  les blogueurs hyperconnectés  traquant sur la toile les déviances posthumanistes,  et les engouements très personnels  de l’auteur, en particulier pour le peintre Mark Rothko et son tableau  Black on maroon.

On part dans tous les sens et le lecteur a parfois du mal à le suivre

2 - Le mélange des genres: enquête criminelle, création d’un hypermnésique par stimulation cérébrale profonde, pèlerinage dans l’après Shoah.

3 - Le style très actuel, multipliant les termes informatiques et thérapeutiques.

4 – La fin bâclée et prévisible.

Encore un mot...

Le monde d’internet et des hackers sur fond de légende hébraïque.

L’idée de départ était bonne, mais je préfère, pour ma part en revenir à lanouvelle de Borges,  Funes ou la mémoire,  ou relire  Le Joueur d’échecs de Stefan Zweig.

Une phrase

P. 61

"Qui n’a pas eu de religion à sa naissance n’en a pas à sa mort. Les parents devraient y penser. Pas seulement pour que l’enfant ait le choix plus tard, pour qu’il ait même quelque chose contre quoi se rebeller, un principe à rejeter, une vision du monde à laquelle s’affronter. Tout plutôt que rien. Pour ne pas que sa mort soit expédiée en cinq minutes et deux discours."

L'auteur

Romancier français né à Casablanca en 1953, Pierre Assouline est également biographe (Marcel Dassault, Gaston Gallimard, Hergé, Jean Jardin…),  essayiste, chroniqueur,  journaliste et bloggeur.

À l’origine de plusieurs polémiques qui ont agité le Landerneau littéraire, il est membre de l’Académie Goncourt depuis 2012.

Commentaires

Schwartz Vincent.
lun 27/06/2016 - 07:31

La critique..... Lecteur "de base" mais amateur, ce livre a croisé ma route par hasard (?) au bon moment. C'est , je crois, une tentative intelligente et honete de P.Assouline de se positionner quant a l'actualite . D'expliquer que ca n'est pas un probleme d'etre juif dans le MONDE D'AUJOURD HUI . Bien ecrit , on peut le lire au premier degré ,soit pour l'intrigue qui propose une vraie histoire, ou pour la beaute du texte , on comprend des choses (entre les lignes ) . Le passage important est (pour moi) la page 216.
Le "probleme juif" ? C'est justement l'interet de ce livre . Les aventures du heros juif auraient pu arriver a n'importe qui, juif ou pas . ( de plus , s'il faut revenir sur le passé, on peut comprendre qu'une bonne partie de ceux qui on fini dans les camps etc...ont compris qu'ils etaient juifs et que c'etait pretendument "mauvais" le jour ou on est vennu les chercher pour leur faire prendre le train !)
Ce livre a l'immense qualite d'aborder certains sujets sans pathos , et d'affranchir qui veut de la culpabilite , la responsabilite de peut etre etre Juif . Un vrai bon bouquin !

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