Fille en colère sur un banc de pierre

Un secret de famille si lourd à porter. Un roman prenant qui se lit d’une traite
De
Véronique Ovaldé
Aux Editions Flammarion
Parution janvier 2023
304 pages
21 euros
Notre recommandation
4/5

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Thème

Salvatore Salvatore (deux fois sauveur, cet homme !) a quatre filles. Comme il est mordu d’opéra, ses filles ont des prénoms d’héroïnes : Violetta, Gilda, Aïda et Mimi. Père macho qui ne s’exprime que pour tempêter, il ne cache pas sa préférence pour Aïda, la plus jolie. Ses filles font les quatre cents coups, comme toutes les petites filles normalement constituées et un soir, Aïda décide d’aller faire un tour au Carnaval local. Elle y emmène, un peu forcée, sa petite sœur Mimi. Et là, le drame absolu : Mimi disparaît et ne donnera plus jamais signe de vie. Le père rend Aïda responsable de cette tragédie et, avant que cela ne prenne des proportions épouvantables, la mère, avisée, exfiltre Aïda en l’envoyant à Palerme. Quinze années se passent en silence. Puis l’aînée Violette appelle Aïda, lui proposant de revenir pour assister à l’enterrement du « Vieux ». Elle hésite.

Points forts

  • Le titre, expressif, déjà révolté, donné par l’auteur. Celle-ci d’ailleurs, a failli nous doter d’un titre dix fois plus long – elle aime – mais il lui a sagement été conseillé de s’en tenir là. Cela reste très visuel.
  • L’écriture de Véronique Ovaldé est un délice. L’auteur, dotée d’un solide humour caustique, nous gratifie de remarques bien senties tout au long du roman qui, en outre, ont le mérite de dédramatiser la situation. Il y a des périphrases savoureuses, notamment lorsque l’auteur nous décrit la vieille italienne – épatant portrait sans concession d’une vacharde - qui se rondifie au Bayleys dans son palais, elle nous rappelle que le « Bayleys n’est pas de nature à renforcer la réflexion et la concentration ». Vérifier les comptes après quelques verres vire au désastre.
  • L’accent est mis sur l’absence de communication et les dégâts qui s’ensuivent. Dans ce domaine, le père est un modèle du genre.
  • L’accusation, non formulée, et la culpabilité qui en résulte chez une fillette de dix ans sont à même de démolir le psychisme d’une enfant qui ne comprend pas mais sent bien qu’on la considère comme une brebis galeuse.
  • L’optimisme de la maman, qui reste persuadée que sa Mimi est quelque part et va revenir un jour ou l’autre, est à la fois touchant et désarmant.
  • La description des petites choses du quotidien fourmillant de détails à la fois tragiques et comiques, nous donne un aperçu de la façon de vivre dans ces petits villages italiens un peu à la marge.

Quelques réserves

De temps à autre, les phrases sont bien longues. Certaines font la moitié d’une page. Petit clin d’œil à Proust ?

Encore un mot...

Ce livre qui nous montre combien le non-dit peut engendrer de ravages dans une famille où tous sont plus ou moins impliqués. Et la rébellion silencieuse d’une enfant puis d’une adulte, est très bien décrite ici. Aïda, finalement très forte, se crée une existence dans laquelle rien ne dépasse, avec un quotidien quasiment millimétré pour contrecarrer sa vie familiale précédente tellement dévastée. Ce roman est prenant et se lit d’une traite, grâce à l’écriture si spécifique de Véronique Ovaldé, conteuse superbe. Et n’oublions pas les oiseaux et leurs si jolies descriptions dont nous enchantent l’écrivain dans chacun de ses romans.

 

Une phrase

  • La philosophie d’Aïda, après s’être enfuie de son village (p. 44) :
    « Depuis quinze ans, Aïda s’en tient aux faits. Les faits, en soi, sont sûrs et objectifs. La moralité des faits est une construction. Leur interprétation est un calcul. Leur interprétation est politique. La posture d’Aïda est relativement confortable si l’on ne souhaite pas une vie sociale très active. En tout cas, c’est la manière la plus élégante, la moins indigne, qu’elle a trouvée pour passer son petit moment sur Terre. Au fond, elle ressemble à un âne philosophe. » (p.44)
  • Et surtout, cette petite phrase, magnifique, significative, lors de l’enterrement du père (ou le Vieux ou sa Seigneurie), qui susurre à Aïda : « Maintenant que je suis mort, on va pouvoir parler » (p. 125).

L'auteur

Véronique Ovaldé (1972, Le Perreux-sur-Marne) est un auteur français primé. 

Après Et mon cœur transparent, prix France Culture-Télérama (2008), Ce que je sais de Vera Candida a obtenu le prix Renaudot des Lycéens (2009), le prix France Télévisions et le grand prix des Lectrices de Elle. Elle a également publié Des vies d’oiseaux (2011), La grâce des Brigands (2013), Soyez imprudents les enfants (2016) et dernièrement, Personne n’a peur des gens qui sourient (2019).

Commentaires

Fossé
sam 04/03/2023 - 09:57

Je n’ai pas du tout été sensible à l’écriture de ce roman que je trouve sans rythme, avec des phrases trop longues, des passages tarabiscotés où il faut tenter de deviner ce qui n’est pas dit … Au milieu du livre on se demande toujours ce qui va se passer … c’est d’un ennui !!!

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