En bas dans la vallée
Traduit de l’italien par Anita Rochedy
Parution en mai 2024
155 pages
18,90 euros.
Infos & réservation
Thème
Luigi et Alberto se retrouvent, après sept ans éloignés l’un de l’autre, dans cette région des Alpes italiennes, au pied du Mont Rose, berceau familial dont les aspérités géographiques et la rudesse climatique ont forgé chez les deux frères un tempérament mariant l’austérité d’une vie montagnarde et une expressivité sentimentale mutique.
A l’image de leur père, dont le veuvage précoce l’avait définitivement ancré dans cette vallée isolée et désertée peu à peu de ses habitants, le laissant en proie à une mélancolie profonde jusqu’à son suicide...
Luigi est resté avec sa femme dans ce territoire hostile, devenant garde forestier.
Alberto, après un séjour en prison, a rejoint le Canada espérant construire dans ce pays d’espaces une vie ample et novatrice.
La vente de la maison paternelle, modeste mais convoitée, les réunit.
La rancœur, l’opposition entre la relative sagesse de l’un et l’explosivité de l’autre, exacerbée par un alcoolisme endémique, les intérêts cachés d’un héritage empoisonné, libèrent dans ce lien familial le fiel d’une jeunesse fraternelle houleuse...
Pour le distendre et sans doute le rompre définitivement.
Points forts
Magistral.
Voilà un roman d’une musicalité sémantique diverse, alliant la légèreté d’une écriture sobre et percutante, la pesanteur d’une atmosphère froide et sombre, la lumière de l’amour de Luigi pour son épouse et pour l’enfant à naître, le scintillement éphémère de l’affection du même Luigi pour Alberto, et finalement la lourdeur d’une histoire familiale entachée par les non-dits et les souffrances d’une communication stérile.
Le paysage est un élément marquant du texte, les éclatantes couleurs du sommet de la montagne, l’ombre sclérosante du fond de la vallée, le cours imprévisible de la rivière dans son lit, autant d’images symbolisant pour les deux frères la difficulté « génétique » à s’élever et à quitter l’endroit où le destin les a faits naître.
Les animaux, en l’occurrence les chiens, donnent également à ce roman sa dimension naturelle sauvage et dangereuse, reléguant les hommes à leurs conflits d’intérêt habituels !
Quelques réserves
Paolo Cognetti nous gratifie en fin de roman d’un poème de R. Carver dont il a modifié quelques passages et d’une réflexion autour de Bruce Springsteen au moment où celui-ci travaillait sur l’un de ses disques dans les années 80.
Le rapport avec le roman peut ne pas être évident au premier abord.
En dehors peut-être de la culture anglo-saxonne inspirante pour lui ?
Ou alors le désir d’une liberté d’expression littéraire pour s’éloigner de la rigueur écriture-vallée et atteindre l’éther écriture-sommet ?
Encore un mot...
Le livre est un compagnon de passage, le roman est un substrat momentané de vie, et il est parfois difficile de les suivre, de les comprendre, d’en tirer une sève nourricière qui pourra infiltrer l’arbre du plaisir de la lecture.
Aucune crainte ici avec ce roman !
La concision est belle, les mots sont justes, les thèmes variés et riches : la loi de la nature et la nécessité de la respecter, la noblesse des durs métiers de la montagne, l’indispensable besoin de parler et de dire les choses pour ne pas mourir d’ennui et d’isolement, et enfin l’acuité du regard pour ne pas déconsidérer l’Autre...
Une phrase
« Son frère passa un bras autour de ses épaules, lui resta raide comme un balai. » Page 35
« A la fin, les femmes de la vallée se tenaient compagnie en faisant des enfants. Elle n’en avait pas senti le besoin, elle. Elle était jeune et il y avait tant de choses qu’elle aimait de cette vie : les bois et les fleuves...et les livres, qui ne la laissaient jamais seule. » Page 105
L'auteur
Paolo COGNETTI est né en 1978 à Milan.
Il étudie d’abord les mathématiques avant de suivre une formation de cinéma et de s’adonner à l’écriture.
Il a publié plusieurs ouvrages sur la montagne et la littérature américaine.
Son roman Les huit montagnes a obtenu le prix Médicis étranger en 2017.
Commentaires
Pas aimé du tout à cause de la traduction
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