Ecoutez nos défaites

Pas tout à fait à la hauteur de ses ambitions
De
Laurent Gaudé
Editions Actes Sud
Notre recommandation
3/5

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Thème

Pour cette rentrée littéraire, Laurent Gaudé publie un roman au titre étrange : Ecoutez nos défaites. Gaudé utilise le prétexte d’une brève rencontre entre un agent secret français au nom arabe et une archéologue cancéreuse spécialiste du Moyen Orient pour mêler actualité (Daech, sac de Palmyre…) et histoire, de façon à démontrer que toutes les victoires ne sont que le masque ou le prélude de défaites inéluctables, comme le sont d’ailleurs le vieillissement et la mort. Il convoque à cet effet Hannibal, Ulysses S. Grant, le général nordiste qui gagna la guerre de Sécession et Hailé Sélassié, le dernier empereur d’Éthiopie, sans que la pertinence de cette sélection apparaisse clairement au lecteur.

Points forts

La construction du roman est assez habile, suite de fragments relatifs à chacun des personnages, historiques ou contemporains. Aussi, en dépit d’une intrigue faible, le lecteur est tenté d’aller jusqu’au terme de l’ouvrage.

D’ailleurs, Laurent Gaudé écrit bien. On se demande simplement quelle est la raison d’un changement de style aussi radical entre le début et la majeure partie du roman. Est-ce parce qu’il présente son héros que notre auteur se sent contraint d’aller “à la recherche du temps perdu“ ?

Le voyage, enfin, dans le temps et dans l’espace, qui nous est offert est foisonnant d’informations et de notations intéressantes.

Quelques réserves

Dans un roman, même contemporain, il est convenu de trouver une intrigue et des personnages. A l’exception des figures historiques, les personnages de ce roman n’ont pas d’épaisseur, de densité humaine ; à aucun moment on ne ressent pour eux la moindre empathie. Quant à l’intrigue, parfaitement invraisemblable, elle ne présente aucun autre intérêt, que d’inciter le lecteur à relire Conrad (Au cœur des ténèbres), ou à revoir Apocalypse Now, de Coppola, qui traitent plutôt mieux le sujet.

Enfin, même s’il ne s’en sort pas trop mal,  M. Gaudé n’est pas le premier à déplorer les horreurs de la guerre et à décrire des monceaux de cadavres sur les champs de bataille. Convoquer l’art comme antidote est également assez convenu.

Encore un mot...

Un roman lisible, mais inabouti et un peu prétentieux. Peut-être est-ce le thème choisi qui pousse à la philosophie de comptoir?

L'auteur

Romancier, distingué par les lycéens et les libraires pour La mort du roi Tsongor en 2002 et par l’académie Goncourt pourLe soleil des Scorta, en 2004,  Laurent Gaudé est également dramaturge et homme de théâtre.

Commentaires

jean-pierre SNYERS
lun 14/11/2016 - 18:11

J'approuve totalement. J'ai senti un énervement croissant devant les répétitions constantes, les clichés, les thèmes éculés. Je n'ai jamais été ému le moins du monde, ni rien appris politiquement. Historiquement, en revanche, de nombreux faits se sont éclaircis: l'auteur est informé. C'est bien
le moins.
Pour moi, un ouvrage creux, que je m'empresserai de porter dans les armoires d'échanges de livre.

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