Dieu ramasse les copies

Une capacité de sympathie formidablement communicative
De
Denis Lalanne
Editions Atlantica, 360 pages, 15,90 €
Notre recommandation
4/5

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Thème

L'enfance de Robert Gabault ne dura qu'un temps, celui de l'exode de 40 et d'un avion qui surgit, mitraille les civils et tue son père. Robert et sa mère s'installent au Pays Basque. Et la vie continue. A l'orée d'une existence bien remplie, riche en rencontres et en aventures, celui qui est devenu « le Gab » se retourne sur ses jeunes années où l'apprentissage de la vie s'est fait à balles réelles.

Points forts

  • Lire Lalanne, c'est un peu comme retrouver Antoine Blondin ou Lucien Bodard, (tous deux personnages du roman). On y retrouve leurs thèmes de prédilection : l'amitié, l'honneur, les vertus du sport, et notamment du rugby, la fête, la gastronomie mais aussi un certain rapport à la vie : quand on a tout tenté il faut accepter sa destinée. Mais derrière l'engagement total, il existe toujours une place pour le pardon et la rédemption.
  • « Dieu ramasse les copies » est une fresque qui embrasse la France des années 30 aux années 50, une trentaine d'années qui bouleversèrent profondément notre pays : la seconde guerre mondiale, la Résistance et la Collaboration, l'Indochine, le début des 30 Glorieuses. Cette période sert de toile de fond au parcours d'un homme, chahuté par les événements au point de se retrouver dans des situations qu'il n'a pas choisies mais auxquels il devra faire face.
  • Grand Maître des chroniques rugbystiques dans sa carrière de journaliste sportif, Denis Lalanne a vite compris qu'un match de rugby offrait une dramaturgie qui n'avait rien à envier à celle de la vie. Après des livres magnifiques dédiés à l'Ovalie, il entreprit, avec le même succès, de mettre en scène des héros tels qu'on en trouvait sur le « pré ». Avec l'âge (93 printemps), son style chaleureux et tonique se pare d'une lucidité et d'un soupçon de mélancolie.

Quelques réserves

  • On saute d'une époque à l'autre comme un ballon de rugby entre les mains des trois-quarts de l'Aviron Bayonnais. Mais parfois, l'auteur va un peu vite, au risque de nous égarer.

Encore un mot...

Le livre est un roman d'apprentissage, empreint d'une grande tendresse pour tous ses personnages. Même les salauds sont finalement aussi de braves types que la vie a forcé à basculer du mauvais côté. Il porte une foi définitive en l'homme et en la vie.

Une phrase

 (page 265): « A un souffle près, le dénommé Robert Gabault serait donc mort à l'âge de sept ans, de la sorte bien empêché de rencontrer plus tard le dénommé Odelin Cartier-Belloise, lui-même promis à un bel avenir mais, à l'inverse, disparu tel un ovni dans le ciel de Californie. Et que dire de Lucien Tombach, ce poids mort, cette lumière des derniers rangs, s'il n'avait pas pris le parti le plus scabreux durant l'Occupation » ?

L'auteur

Denis Lalanne fait partie de ces grands journalistes sportifs pour lesquels le sport était à la fois trop grand et trop petit pour leur immense talent d'écrivain. Dans la lignée d'un Antoine Blondin et avant Pierre Louis Basse ou Vincent Deluc, il a ainsi réussi à entremêler les enjeux, les plaisirs et les défis du sport et de la littérature, de sorte qu'on ne sait plus qui inspire l'autre.

Son existence, riche et bien remplie, l'a ainsi conduit des terrains de rugby, de tennis ou de golf à ceux de la vie dont il est un chroniqueur sensible et magnifique, bienveillant et nostalgique.

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