Dieu n'habite pas La Havane

Pour la forme plus que pour le fond
De
Yasmina Khadra
Editions Julliard - 312 pages
Notre recommandation
3/5

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Lu
par Culture-Tops

Thème

Le nouveau roman de Yasmina Khadra nous transporte à Cuba à l'heure où le régime castriste s'essouffle. Juan del Monte Jonava, la soixantaine, chante toujours, on le surnomme Don Fuego parce qu’il enflamme tous les soirs le cabaret où il se produit. Lorsque le night-club est vendu, Juan se retrouve sans travail. Incrédule, il s'accroche au mythe de sa notoriété et à l'espoir de se produire ailleurs. Mais quand aucune opportunité ne se présente, le nuage sur lequel il vivait se dissipe et fait place à la réalité de son environnement, La Havane, au sein de laquelle les détresses s'accumulent en silence. A l’instar de nombreux Cubains habitués aux restrictions, Juan vit chez sa sœur et sa nombreuse famille.  Obligé de courir après le cachet, il traîne son mal être dans les rues de la ville  et son chemin croise celui d'une toute jeune fille, Mayensi, dont il tombe amoureux. Mais les agissements de la jeune fille et le mystère qui l'entoure menacent leur improbable idylle. Cette beauté farouche et mystérieuse semble nourrir une étrange méfiance à l’égard des hommes. Il commence alors son enquête pour comprendre le passé de cette femme écorchée..

Points forts

Le style ! Un style simple et agréable à lire. Yasmina Khadra nous entraine dans un chant d’amour dédié à toutes ces fabuleuses destinées, d’ici ou d’ailleurs, contrariées par un régime autoritaire ou par l’injustice d’un sort qu’elles n’ont pas choisi. On entend la musique, on est bercé par le rythme des vagues de la plage. Une carte postale, fort agréable. Le mot choisi est souvent pertinent et approprié. C'est simple, élégant, et efficace !

On se laisse porter par le livre, sans se demander si on doit continuer ou pas.

Chant dédié aux fabuleuses destinées contrariées par le sort, Dieu n'habite pas La Havane est un voyage au pays de tous les paradoxes et de tous les rêves. Alliant la maîtrise et le souffle d'un Steinbeck contemporain, Yasmina Khadra mène une réflexion nostalgique sur la jeunesse perdue, sans cesse contrebalancée par la jubilation de chanter, de danser et de croire en des lendemains heureux.

Quelques réserves

Le fond !  L'auteur n’est pas cubain et ça se sent. Khadra restitue une ambiance cubaine intéressante (qui n'est toutefois pas à la hauteur de ce qu'offre Zoé Valdés dans ses romans; et qui, elle, est cubaine). Il n'y a pas assez de détails d’actualité  sur ce pays si riche culturellement. Nous aurions pu découvrir à travers ce roman comment vivaient d'anciennes gloires locales, tombées dans les méandres du quotidien. Nous sommes à Cuba, plus précisément à La Havane, où plane l’ombre d’Ernest Hemingway; pourtant, nous pourrions tout aussi bien être ailleurs...

Encore un mot...

A la fin, un nouveau souffle et des dizaines de pages plus mesurées et touchantes.

Une phrase

Le personnage principal, Don Fuego: « En vérité, on ne perd jamais tout à fait ce que l’on a possédé l’espace d’un rêve, puisque le rêve survit à sa faillite … ».

L'auteur

Yasmina Khadra est le pseudonyme de l'écrivain algérien Mohammed Moulessehoul. Il a choisi de rendre hommage aux femmes algériennes et à son épouse en particulier, en prenant ses deux prénoms. Yasmina Khadra n'a révèlé son identité masculine qu'en 2001, avec la parution de son roman autobiographique,  "L'Écrivain"; et il n'a révélé son identité tout entière que dans "L'imposture des mots", en 2002. 

Son thème cher : l'intolérance.

Parmi ses ouvrages, on peut citer "Morituri" (Baleine, 1997), "L'automne des chimères" (Baleine, 1998), "A quoi rêvent les loups" (Julliard, 1999) et "Cousine K" (Julliard, 2003), où se déploie le "style Khadra", alliant lyrisme, métaphores inattendues, dépouillement et poésie. Style qui atteint son apogée avec "L'Attentat" (Julliard), retenu par les jurys du Goncourt et du Renaudot, en 2005, et lauréat du prix des Libraires 2006. 
En 2010, l'auteur délaisse pour un temps le sujet du conflit au Moyen-Orient, au cœur de ses deux ouvrages, "Hirondelles de Kaboul" (2002) et "Les Sirènes de Bagdad" (2006), pour écrire un conte moral : "L'Olympe des infortunes". 

En 2015, il publie "La dernière nuit du Rais".

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