Deux hommes de bien
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Thème
A la fin du XVIIIème siècle, deux académiciens espagnols sont envoyés à Paris, à la recherche de l’édition originale de l’Encyclopédie, alors même qu’elle est interdite dans leur royaume si hostile aux idées nouvelles et impies de cet ouvrage.
Leur long voyage sera semé d’embûches, d’autant qu’un homme de main, payé par des confrères opposés à ce projet, est lancé à leurs trousses.
Les « deux hommes de bien », guidés par un drôle d’abbé, vont découvrir avec émerveillement Paris, la ville des philosophes. Fascinés par l’effervescence intellectuelle des salons et des cafés, ce qui nourrira leurs propres débats, ils vont rencontrer des hommes éclairés, comme d’Alembert, Condorcet, Buffon ou Laclos, ainsi que des femmes intelligentes, élégantes et quelque peu libertines.
Malgré les obstacles de toutes sortes, dont un duel mémorable, nos deux comparses réussiront-ils à dénicher ce fameux trésor, pour qu’il trouve sa place dans la bibliothèque de leur Académie ?
Points forts
• Un sujet formidable et passionnant.
• Une reconstitution très réussie du Paris du XVIIIème siècle. L’auteur fait revivre ses quartiers, ses cafés, ses librairies, ses salons, sans oublier l’agitation pré-révolutionnaire, palpable dans les rues.
• Ces « deux hommes de bien » forment un duo attachant et convaincant : l’Amiral, tout en retenue, sobre, courageux, orgueilleux, un « grand », qui ne manque pas d’allure, grâce à la liberté de sa pensée et à son sens de l’honneur chevaleresque ; et le bibliothécaire replet, tout en rondeur, bienveillant, voire débonnaire, moins strict, plus fragile ; ils partagent le même goût pour les idées.
• Des personnages secondaires pittoresques, comme l’abbé Bringas et ses rancoeurs, qui ne cesse d’annoncer la Révolution ou Margot Dancenis, simple, distinguée et coquine.
• De nombreuses discussions philosophiques révélatrices des débats de l’époque sur le caractère arbitraire du pouvoir politique, sur la domination de la religion, sur le progrès, sur la place des sciences émaillent le récit autour de cette interrogation : la culture peut-elle apporter la liberté ou le bonheur ?
• Les interventions directes de l’auteur sur la rédaction de son roman, sur ses sources et sur ses choix, sont très intéressantes.
• Une langue magnifique aussi riche que subtile.
Quelques réserves
Quelques longueurs peut-être et peu de rebondissements.
Encore un mot...
Un roman d’aventures captivant et érudit, qui allie l’art du portrait, de la mise en scène et du dialogue. A travers l’Encyclopédie, l’esprit des Lumières est admiré et célébré par cet auteur francophile, qui n’hésite pas à nous proposer en contrepoint de cet hommage fervent à la France un tableau bien sombre de son propre pays.
Ce roman historique nous parle aussi de notre époque à nouveau menacée par les forces obscures du fanatisme et de l’intolérance. On retiendra de cette belle histoire que la transmission de la culture passe par les livres, « nos amis » …
Une phrase
Sur l’Encyclopédie : « Cette œuvre … s’impose malgré ses imperfections comme la plus brillante réalisation moderne de l’intelligence humaine, la somme monumentale des connaissances les plus avancées en matière de philosophie, de science, d’art et de toutes les autres disciplines connues et à connaître. C’est une de ces œuvres érudites et décisives, rares dans l’histoire de l’humanité, qui éclairent ceux qui les lisent et ouvrent aux peuples la porte du bonheur, de la culture et du progrès. » p. 27
L'auteur
Né en 1951, Arturo Pérez-Reverte a été reporter et correspondant de guerre de 1973 à 1994. Il a commencé à écrire en 1986. Il est membre de l’Académie royale espagnole depuis 2003. Il a obtenu le Grand prix de littérature policière en 1993 avec Le Tableau du maître flamand. La série des Aventures du capitaine Alatriste paraît en sept volumes de 1998 à 2012, romans historiques de cape et d’épée. On peut citer encore Le Maître d’escrime (1994), Le Hussard(2005), Cadix, ou la Diagonale du fou (2007) et Un jour de colère (2008).
Commentaires
Je partage toutes vos remarques et souhaite ajouter que ce livre, dont la lecture m'a apporté beaucoup de bonheur, est également un magnifique hommage à Cervantès. Bien que n'ayant pas lu son roman, je ne peux m'empêcher de penser qu' Arturo Perez Reverte s'est amusé à copier ses personnages...un parallèle ne s'impose-t-il pas entre Don Quichotte et l'Amiral, ainsi qu'entre Pedro Sanchez et le bibliothécaire???
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