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Thème
Sur le bandeau rouge qui ceint le livre, une invitation : « Faites la guerre, pas l’amour ». Une invitation lancée par un narrateur anonyme qui, pendant 234 pages, manie avec brillance le « je » dans une France cabossée, blessée, meurtrie et qui a déclaré la guerre au califat. Le « je » est un jeune hacker, un de ces pirates informatiques, qui traverse une période difficile, plongé qu’il est dans un désespoir amoureux. Pour (tenter de) s’en sortir, il s’engage dans l’armée, va se retrouver à programmer des drones qui survolent les conflits. Il se retrouve envoyé au Moyen-Orient, rencontre de jeunes soldats désoeuvrés : la guerre, ce ne sont plus les hommes qui la font mais les drones. On a déshumanisé la guerre… pour mieux tuer. L’époque appelle cela « la guerre propre »...
Points forts
-Un roman d’anticipation qui plonge le lecteur dans le présent immédiat.
-Une écriture aussi incisive et mordante qu’étourdissante et rapide.
-Le décodage et l’analyse de la guerre d’un nouveau genre : la « guerre désincarnée ».
-La poésie et la brutalité qui enveloppent le roman.
-La réflexion, en creux, sur l’engagement…
Quelques réserves
Romancier jeune et surdoué, Boris Bergmann se laisse de temps à autre emporter par des facilités stylistiques.
Encore un mot...
La confirmation du grand talent d’un jeune romancier français, Boris Bergmann. Avec « Déserteur », il signe un troisième roman étincelant dans lequel il mêle l’anticipation, la réflexion sur la guerre déshumanisée, sur l’époque en perte de repères (de valeurs ?) et une écriture aussi bondissante qu’âpre. Une parfaite réussite !
Une phrase
« L’idée d’être impliqué me dégoûte.
Tout ce qui m’a toujours importé, c’est de vendre mes programmes au plus offrant. Je suis un pirate pragmatique. Le verbe Avoir plutôt que le verbe Être. C’est pour ça que je n’ai jamais plu aux autres hackers : ils n’aiment pas mon caractère mi-cuit, ma tiédeur toujours critique face à leur surplus d’engagement. Pour eux, le combat doit être absolu… ou ne pas être ».
L'auteur
Né en 1992 à Paris, Boris Bergmann est écrivain.
Il se fait remarquer en 2007 dès son premier roman, « Viens là que je te tue ma belle » (prix de Flore des lycéens). Il a alors tout juste 15 ans et est qualifié de « plus jeune auteur français ».
En 2008, il publie un deuxième roman, « Nous sommes cernés par les cibles » et commente : « Je voulais sortir de cette image de jeune Parisien dandy. Pourtant, sans ma jeunesse, qu’est-ce qui m’aurait distingué des 700 autres écrivains de la rentrée littéraire ? Mais aujourd’hui, je veux être un écrivain, un vrai. A moi de prouver que je ne suis pas un « one shot », l’auteur d’un seul livre ». Il voulait être rockeur mais avoue ne pas être bon musicien. Et d’ajouter : « Ce qui a déclenché l’écriture, c’est le choc de ma rencontre avec le rock, avec les Beatles ou Stevie Wonder. Quand j’ai vu que David Bowie faisait l’éloge de Truman Capote, je me suis dit : ‘’Pourquoi pas les livres ?’’ ».
En cette rentrée littéraire 2016-2017, à 24 ans, Boris Bergmann a publié son troisième roman, « Déserteur », un livre écrit dans une cabane perdue dans le Sud américain, là où il a filé alors qu’il était en dernière année à Sciences Po…
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