Des lendemains qui chantent

Un enfant malmené devient un ténor fameux mais le roman manque de souffle
De
Alexia Stresi
Flammarion,
Février 2023
446 pages
21€
Notre recommandation
2/5

Infos & réservation

Thème

Elio Leone reçoit une ovation monumentale en 1935 à Paris à l’Opéra-Comique lors de la première du Rigoletto de Verdi.

Retour en arrière. Elio est né en 1919 dans une grange ; la jeune mère meurt. Confié à un orphelinat, devenu enfant des rues, il croise un médecin-pédiatre qui le prend avec lui. Ce sera ensuite la vie des pêcheurs sur une île au large de Naples. Une vie simple avec l’affection de Sœur Annamaria, entre la pêche et le chœur d’enfants mené par le prêtre de l’île ; ce passage révèlera la « voix en or ».

De l’Italie à la France… l’Allemagne où Elio restera prisonnier 5 ans… Retour douloureux… Embarquement comme soutier sur un bateau … Haïti où le chant est omniprésent et où un sorcier l’aide à se remonter…. Nantes… Nouvelle vie…. Nouvelle rencontre…

Points forts

  • Les belles rencontres : Giuseppe Tropeano, le médecin qui deviendra un père de substitution en le sauvant de la rue ;    Sœur Annamaria avec sa tendresse et la vie simple sur l’île des pêcheurs ; mademoiselle Renoult à Paris qui polira sa voix, lui apprendra l’importance de la culture pour le préparer au succès ;   Eugénio le sorcier qui lui redonne goût à la vie.
  • La force de la musique qui impulse tant de passion chez un personnage simple et tendre qui mettra sa générosité au service d’une belle cause à la fin de sa vie.
  • Belles descriptions de l’univers lyrique avec des airs mythiques “ Nessun Dorma,  Una furtiva lagrima,  Libiamo “  et une étude sérieuse du travail d’un chanteur lyrique.

Quelques réserves

  • De longs passages invraisemblables. L’histoire d’amour avec Fernande est superficielle et laisse présager le retour douloureux après la guerre.
  • Les errances, après ce retour, d’Elio fuyant toutes relations, abandonnant le travail de sa voix pour des travaux manuels difficiles.
  • Le passage à Haïti avec le chaman manque de réalisme, et la résurrection n’est guère convaincante.
  • Des moments qui manquent de souffle et de réalisme.

Encore un mot...

A travers la trajectoire d’un enfant malmené dès le début de sa vie, puis dans la carrière et la vie d’un ténor de légende (personnage fictif bien entendu), nous suivons un homme simple et modeste animé par la passion de la musique mais très vulnérable dans la gestion de ses sentiments.

Le fil conducteur de l’histoire est un hymne à l’amitié, aux rencontres, à la transmission. L’auteure nous raconte que ce sont les rencontres et les bonnes personnes qui font que les lendemains chantent et sauvent la vie.

Alexia Stresi est certainement musicienne ; bien entourée de chanteurs connus et de musiciens, elle a une bonne connaissance de la voix chantée. Mais une voix peut-elle être encore éblouissante après des années sans réel travail et sans se produire sur scène ?

Il y a dans ce « gros » roman de bons moments plutôt crédibles, presque  trop beaux. Mais l’intérêt est inégal et je n’ai pas éprouvé l’enthousiasme espéré par le sujet sur la musique. Si ces lendemains chantent et se lisent avec un certain plaisir, ils manquent de « peps » et l’on n’y retrouve pas toute la force de la musique de Verdi.

Une phrase

  • « C’est donc çà le trac. Ce qu’il éprouve en face du 8, rue des Lavandières-Sainte-Opportune. La nuque raide, la salive qui manque, un froid glacial jusqu’à l’intérieur des os, et une chemise trempée de sueur. Comment font les artistes pour entrer en scène dans ces conditions ? Comment réussissent-ils à chanter ? On comprend mieux leurs attaques chevrotantes et leurs trous de mémoire. Ça vous siphonne ; un état pareil. » p. 269
  • «  Eugène, on a forcément entendu les mêmes anecdotes, toi et moi. Tu le sais, j’en parle quand même, le public de La Scala est le pire qui soit au monde. Exigeant à l’extrême, éruptif à outrance…. Avec ces gens, prépare-toi à souffrir. La Scala n’est pas une salle ordinaire, c’est une arène. Tu y entres pour livrer un combat… » p. 412
  • «  Le succès n’est pas la seule des réussites ni peut-être la plus belle. Giuseppe Verdi » p. 446

L'auteur

Alexia Stresi , née en 1971, est une actrice, scénariste et romancière. En 2017 son premier roman  Looping  est paru chez Stock, remarqué dans la sélection Goncourt du Premier roman ; un deuxième roman s’intitule Batailles.

Commentaires

ROBERT Nicole
sam 27/05/2023 - 13:02

Il y a beaucoup d’humanité dans ce livre surtout à la fin,
J’ai adoré et je vais l’offrir à ma fille…
Quelques longueurs mais ce n’est pas déstabilisant,je le recommande

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