Chanson de la ville silencieuse

Celle qui n'a pas besoin d'exister pour vivre
De
Olivier Adam
Editions Flammarion - 220 pages
Notre recommandation
3/5

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Thème

Un chanteur célèbre, atteint par l’usure et l’amertume, disparaît mystérieusement : il a abandonné sa voiture, ses papiers, ses bottes au bord du Rhône, mais son corps ne sera jamais retrouvé. Sa fille part à sa recherche à Lisbonne, où certains l’auraient reconnu ; musicien des rues, ses chansons resteraient belles et déchirantes. A travers cette quête qui s’apparente à une errance, elle remonte le fil du temps et raconte par bribes sa vie de « fille de chanteur ». Délaissée par une mère lointaine, son père la reprend à l’âge de huit ans, mais sa musique, son univers prennent toute la place : tout en étant là, il est absent ! Abandonnée comme une orpheline, elle avoue qu’elle ne connaît pas ou si peu son père. Discrète, effacée, elle vit en retrait, elle n’aime que la pénombre. Parviendra-t-elle à se libérer de ce fantôme encombrant pour s’inventer enfin une existence propre ?

Points forts

• La vie décousue d’un chanteur de légende, qui a marqué toute une génération, est restituée dans toutes ses folies et tous ses excès : les tournées épuisantes, les enregistrements à l’étranger, les beuveries, la « défonce » permanente, les liaisons tapageuses, le vacarme de la « meute musicienne », les paparazzis à l’affût …
• Des pages fortes sur le succès autodestructeur qui rend impossible toute vie familiale et entraîne cette aspiration au renoncement pour tenter d’échapper à ce cirque perpétuel.
• Olivier Adam a choisi cette fois-ci une narratrice, dont le portrait s’affine au fur et à mesure de sa quête. Fragile, douce, réservée, elle se sent différente des autres et tellement seule. Elle ne se révolte pas contre ses parents irresponsables, au contraire elle s’habitue et se résigne à son rôle de « chien perdu sans collier.»
• Des personnages secondaires touchants, même s’ils ne sont qu’esquissés : les grands-parents d’adoption à la bonté pudique ou ses deux amis Théo et Sofiane, complémentaires et complices.

Quelques réserves

• Une intrigue bien mince.

• De nombreux clichés sur le chanteur, le « dandy-rocker » insaisissable et imprévisible. Il disparaît sous les mille visages que lui prête l’auteur. Trop de contradictions accumulées et empruntées sans doute à des personnages réels lui ôtent toute vraisemblance.

• Un style relâché : des facilités paresseuses dans certains chapitres, comme des énumérations juxtaposées de phrases sans verbe.

Encore un mot...

Comme dans la plupart de ses livres, Olivier Adam s’attache ici à des personnages à la dérive, marqués par l’abandon de leurs parents. Il parvient à dresser un portrait sensible de la « fille d’un chanteur célèbre », hantée par la disparition de ce père, pourtant si absent. Mais le très beau titre musical de ce récit mélancolique ne remplit pas toutes ses promesses. On ne retrouve pas la passion intense, le rythme fiévreux ou la poésie urbaine des Lisières ou de La renverse.

Une phrase

« Je suis cette fille qui n’a pas besoin d’exister pour vivre … La fille qui baisse les yeux. » p.175-176

L'auteur

Né en 1974, Olivier Adam est l’auteur de nombreux romans, dont certains ont été adaptés au cinéma : Je vais bien, ne t’en fais pas (2000), Falaises (2005), Des vents contraires (prix RTL/Lire 2009), Le cœur régulier (2010), Les Lisières (2012) et La renverse (2016).

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