Ceux qui n’avaient pas trouvé place
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Thème
Dans les années soixante, une rencontre entre le narrateur, un avocat bordelais et Serge Elkoubi qui exerce sur lui une véritable fascination. Charmeur, au volant de sa Mustang rouge, passant d’un pays à l’autre, changeant d’identités, bientôt accro à la cocaïne, le héros traverse l’existence dans le sillage des célébrités du moment : Orson Welles, Jean Seberg, Garbo, et Peter Ustinov le croisent sur un fond de cartes postales incluant Ibiza, Cadaquès, Bali ou St Barth.
Points forts
Je les cherche encore.
Quelques réserves
Nous n’avons que l’embarras du choix dans cette recherche d’un Serge Elkoubi ayant séduit son auteur. Malgré sa passion pour la vitesse (dédiée à son livre) et en dépit d’une quatrième de couverture supposée mettre en appétit, Serge Elkoubi « jeune homme à l’œil bleu acier qui change chaque semaine de voiture et de fille. Charmeur, mystificateur, pilote de course, escroc …il n’échappera pas à la prison …Serge cavale sur toutes les plages du monde avec la femme qu’il aime. », ce Serge Elkoubi, donc, ne fait pas flipper.
Encore un mot...
Les 142 pages d’Oliver Mony se lisent dans une indifférence polie. Lisse comme le sol d’une patinoire, le phrasé de l’auteur ne suffit pas à retenir l’intérêt du lecteur. Une fois passée la cohorte des célébrités d’antan, la course du héros vers le vide nous laisse de marbre. En voici les raisons avec …
Une phrase
“ Tout ceci relaté dans un vaste nuage de ganja, activité à laquelle je refusais de collaborer, préférant en matière de fumée celle de mes chers cigares, ce que Serge ne manquait pas de me reprocher les dangers auxquels m’exposait le tabac…tout un pan de ces années-là, au moins jusqu’à l’arrivée à Bali, demeurait trouble.”
Second extrait pour lequel mieux vaut prendre son souffle :
“ Serge était bien dans ce Saint Martin foutraque jusque dans ses plus intimes contradictions, où la violence et les combines en tous genres (il se dit aujourd’hui encore qu’un quart du trafic mondial de cocaïne continue à transiter par l’île) se dissolvent dans l’émollience bleu azur des jours, mais petit poisson tout de même parmi de plus gros que lui, il continuait à lui préférer à demi-mot Bali où il pouvait encore se vivre comme une sorte de monarque paresseux et bienveillant ; le tout dans un décor, une ambiance, qu’il persistait à trouver sans pareil.”
L'auteur
Journaliste, Olivier Mony avait bien commencé sa carrière d’écrivain en 2007 avec Un dimanche avec Garbo et autres histoires (Confluences) couronné par le Prix Hennessy du journalisme littéraire. En 2011, Du beau monde (Festin) dont l’Express dira le 23 juillet 2011 « les chroniques d’Olivier Mony ont la saveur raffinée d’un gaspacho ». Ceux qui n’avaient pas trouvé place (Grasset, 2020) est son troisième roman.
Le clin d'œil d'un libraire
Librairie LE FAILLER, à Rennes : presque aussi ancienne que le Parlement de Bretagne !
Une librairie plus achalandée que LE FAILLER avec ses 90 000 références, ça n’existe pas... ou presque pas ! Plus sérieusement, cette institution rennaise fondée en 1925 et qui compte 35 collaborateurs fait partie des 10 plus grandes librairies de France. Quasiment, un monument historique, au cœur du vieux Rennes. Les déclarations qui pouvaient laisser penser que le livre n’est pas essentiel en ont ici choqué plus d'un ! «Or pendant le premier confinement nous avons eu tellement de témoignages de gens isolés qui ont exprimé le besoin de livres pour s’évader ou s’apaiser» nous confie Dominique Fredj, à la fois ému et tout en colère contenue, poursuivant : "particulièrement dans cette période anxiogène où nous sommes en quête de repères, à la recherche de nos racines, le livre nous permet de poursuivre... et de survivre".
Chez Le Failler on a joué, bien sûr, le jeu du Clic et Collect en maintenant le lien avec les lecteurs. Un exemple ? Les conseils des libraires étaient préenregistrés sur leur site internet. Dominique Fredj reste positif : «Quand on fera le bilan, on pourra dire que cette crise nous a beaucoup appris sur la chaîne de solidarité créée spontanément autour du livre et l’attachement des gens à leurs librairies indépendantes». On n’arrête plus Dominique Fredj et sa librairie est éternelle, contre vents et marées. Normal : le bâtiment à pans de bois qui l’abrite, juste à côté du Parlement, date de 1595, un des derniers qui réchappa à l’incendie qui ravagea la capitale bretonne en 1710.
Librairie Le Failler, 35 rue St Georges 35000 Rennes. Tél. 02 99 87 87 87
Texte et interview par Rodolphe de Saint-Hilaire, pour la rédaction de Culture-Tops.
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