Ceux d’ici
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Thème
Une petite ville du Massachusetts : Howland, entre le 12 septembre 2001 (lendemain des attentats qui ont frappé New York et Washington) et 2008. C’est la destination de vacances pour de nombreux riches de New York. C’est aussi le décor de « Ceux d’ici », le nouveau roman de Jonathan Dee, l’un des plus intéressants romanciers nord-américains du moment. Une fable qu’on pourrait résumer ainsi : quand Mark Firth rencontre Philip Hadi. Le premier est un local, il est entrepreneur en bâtiment, a fait un placement hasardeux et connaît les pires difficultés pour boucler les fins de mois. Le second est un richissime gestionnaire de fonds d’investissement, il débarque à Howland, s’installe dans la maison voisine immédiate de celle de Mark. Très vite, il y a problème entre les deux. Pis : le second réussit à devenir maire de Howland, il modifie la petite ville pour la faire à son image. C’est peu de dire que les relations entre le maire et les « locaux » ne sont pas au beau fixe…
Points forts
- Une fable sociale d’une cruauté qui pince là où ça fait (très) mal.
- Une maîtrise exceptionnelle de la tension qui ne cesse de monter au fil du récit entre les « locaux » et le nouveau venu. Dee va même jusqu’à installer un climat inquiétant- jusqu’où ira-t-il ?
- La grâce extrême du style de Jonathan Dee.
- En la personne de Jonathan Dee, un maître du décryptage de cette Amérique contemporaine à deux vitesses et des tourments de la « middle class ».
Quelques réserves
Dans son souci de décryptage de la société américaine, l’auteur se laisse aller, avec certains personnages à la limite de la caricature et certaines situations, à la facilité.
Encore un mot...
Un roman aussi inquiétant que cinglant. Une plongée magistrale dans cette Amérique de la « middle class » qui traîne ses désillusions.
On a là le « roman social » de l’Amérique du 21ème siècle naissant. C’est follement réaliste, terriblement actuel. Un roman qui capte un moment d’histoire. De l’Histoire…
Une phrase
- « Alors je ne sais pas si vous avez déjà eu beaucoup d'argent, mais putain que c'est lourd. C'est-à-dire, vous pouvez avoir mille dollars et vous sentir malin, mais quand vous en avez deux cent quarante mille, qui attendent là sans rien faire, vous vous sentez sacrément idiot. Je travaillais au labo à ce moment-là, mais c'était avant l' arrivée de Yuri. Les seuls types avec qui je pouvais parler étaient fondamentalement débiles, et ils ont commencé à me mettre la pression, vous voyez ? Tu dois l'investir. Il faut que tu le places, sinon il reste là à générer des impôts jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus, ça doit fructifier ou ça meurt. C'est ça l'Amérique ».
- « Tout, chez lui, puait la grande ville. Il ne cherchait pas à tromper son monde (...) mais les gens de Manhattan semblaient surtout mus par la conviction erronée que leur vie était la seule réelle, importante, la seule influente, que les autres, les provinciaux, vivaient déconnectés de la réalité. Alors que c’était tout le contraire : sur terre, aucune espèce n’était plus déconnectée qu’un new-yorkais ».
L'auteur
Né le 19 mai 1962 à New York, Jonathan Dee est écrivain, et professeur d’écriture créative à l’Université Columbia. Il collabore régulièrement au « Harper »s Magazine » et au « New York Times Magazine ».
A ce jour, quatre de ses romans ont été traduits en français : « Les Privilèges » (2011, prix Fitzgerald), « La Fabrique des illusions » (2012), « Mille excuses » (2014) et le tout récent « Ceux d'ici ». Il est considéré comme un des meilleurs décrypteurs de l'Amérique contemporaine .
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