Celle qui s’enfuyait
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Thème
Phyllis Marie Mervil est celle qui s'enfuit... A soixante ans, elle vit isolée dans une ferme du Causse, sans ami, avec un amant de passage auprès de qui elle ne veut pas s'attacher. Seule l'écriture la sauve et l'emporte dans un monde sans violence et sans peur. Elle est une auteur de polar à succès.
Mais que fuit-elle ? Son pays, sa vie et son passé, ou bien plus encore...
Points forts
- Thriller psychologique, Celle qui s’enfuyait est aussi un roman d’atmosphère sur fond de vérité historique. Sous la tension d’une menace permanente, on y découvre des êtres au passé trouble, qui se cherchent et se croisent, s’aiment et se perdent. Se dessine un paradoxal éloge de la fuite, quand le désir éperdu de liberté peut devenir un enfermement, et la culpabilité un refrain impossible à oublier.
- Une seule certitude : tout se paye. Un seul constat : la vengeance a parfois des airs d’innocence. Celle qui s’enfuyait n’est pas le thriller que se complait à annoncer la quatrième, c’est une course lente – le chasseur libéré de son joug prend le temps de mesurer sa liberté et d’évaluer celle de sa proie –, une valse entre deux personnages qui s’ignorent ou croient se connaître, qui se croiseront et se percuteront, peut-être, car – c’est aussi un état de fait – chaque acte a des conséquences et ricoche bien plus loin que l’on aurait pu l’imaginer.
- L’Amérique de Martin Luther King, d’Angela Davis, la condition des Afro-Américains des années fin 60-70 nous est comptée (« des milliers de termites contre ce vieux tronc vermoulu d’Oncle Sam »).
- Le lecteur suit en alternance Phyllis et celui qui la traque, apprend peu à peu les différentes versions de l'histoire, les rôles exacts de chacun, et revisite la période éminemment trouble de la fin de la guerre du Vietnam et les dernières scories des groupes s'étant inspirés des Black Panthers.
- Une écriture poétique, descriptive, aérienne, une lecture facile ; la plume est maîtrisée, les mots s’enchaînent et forment un tout qui m’ont emportée dans un tourbillon. On sent le metteur en scène
Quelques réserves
- Personnellement, je n’aime pas le titre et lui aurais préféré un titre plus proche de la problématique soulevée dans ce roman comme « Le prix à payer « : tous victimes ou tous coupables, rien n’est jamais aussi définitif, nous avons tous nos responsabilités, nos erreurs, nos trahisons, dont nous sommes tous victimes et tous coupables.
- Un peu de lenteur dans la 1ere partie du roman
Encore un mot...
« Celle qui s'enfuyait » est un très bon roman noir, peuplé de personnages complexes et riches, englués dans un scénario dont ils ne voulaient pas mais auquel ils doivent bien s'adapter, en suivre les méandres. Leurs volontés ne sont que fraction dérisoire depuis le départ. Phyllis, bien sûr, finement analysée, décrite, animée, mais son poursuivant tout autant, ne sont que des figurants dans un jeu qui les dépasse tous les deux.
Superbement écrit, ce roman allie suspense et récit historique, un fond politique passionnant et un dénouement de polar d'excellente facture. Un roman qui interroge sur le danger des choix et des opinions lorsque l'on fait partie des opprimés. Et du courage pour l'affronter. Au-delà des lois.
Une phrase
- Je vous invite fortement à lire le passage pages 162-165. Un extrait de l’extrait :" J’ai tout vu, tout entendu Major, dans le rai de lumière du couloir, le bruit qui monte, la porte entrouverte, son corps sous ton corps,…un visage de mort. Major tu avais gardé ta veste et tes rangers.
- Un autre extrait: "Au centre du viseur, il inspectait le visage de l’homme, glissait sur le front creusé de rides, examinait les cheveux bruns aux temps poivre et sel. Puis il descendait vers la veine jugulaire qu’il avait l’impression de voir palpiter lentement, longea la chemise entrouverte jusqu’à la pochette cousue derrière laquelle battait le cœur" (page 204)
L'auteur
Après une carrière de directeur artistique, Philippe Lafitte commence son œuvre d'écrivain au début des années 2000. Ce roman « Celle qui s’enfuyait », est son 6eme.
Le critique littéraire Jean-Claude Lebrun le situe dans le courant français des « Nouveaux Réalistes », aux côtés de Michel Houellebecq, Jérôme Leroy, Emmanuel Carrère, Grégoire Hervier.
Enclin à explorer divers champs d’écriture, il publie régulièrement des nouvelles dans la revue littéraire Décapage et des chroniques culturelles pour Le Huffington Post..
Il est aussi co-scénariste.
Parallèlement il anime régulièrement des ateliers d'écriture créative, littéraire ou scénaristique.
Depuis 2010 il est membre de la Maison des Ecrivains et de la Littérature
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