Celle qui fuit et celle qui reste

La magie n'est plus au rendez-vous
De
Elena Ferrante
Editions Gallimard
Notre recommandation
2/5

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Thème

Troisième volet de la trilogie des aventures de Lina et Elena, les deux inséparables amies nées dans les faubourgs de Naples. Lina, la surdouée, flouée par la vie est devenue ouvrière dans une usine de salaisons de la banlieue. Elena, quant à elle, après des études brillantes, a quitté Naples, connait la notoriété avec un premier roman et s’apprête à prendre époux dans un milieu choisi et fortuné. Malgré le fossé les séparant, leurs liens et l’ascendant exercé depuis toujours sur Elena par Lina demeurent. Entre les inquiétudes de la romancière guettant les critiques tantôt flatteuses tantôt acerbes de sa première œuvre et la descente aux enfers de Lina, se glissent les souvenirs d’adolescence, les amants d’un été qui refont surface, les incertitudes, les parents pitoyables et le désir violent des deux héroïnes de ne pas se perdre. Y parviendront-elles ?

Points forts

La belle histoire commencée avec L’amie prodigieuse se poursuit et les 480 pages du dernier né d’Elena Ferrante défilent. Chacun de ses personnages a une voix, une manière de parler et de se mouvoir qui, en quelques lignes, leur donne une authenticité. On retrouve des visages familiers ayant en commun leur désarroi et leur quête pathétique d’un bonheur inatteignable. 

Coups de théâtre. Allers-retours entre succès et échecs, crises conjugales, mensonges à tout va, maternités mal assumées, solitude, tous les ingrédients y sont pour que les lecteurs soient au rendez-vous.

Quelques réserves

Le jeu du Je t’aime, moi non plus entre les deux héroïnes a perdu en chemin la saveur de l’inattendu. La déception du lecteur se fait insidieuse et durable et la magie n’est plus au rendez-vous. La violence des luttes syndicales, l’avènement du féminisme et la déchristianisation rampante de l’Italie des années 70 ralentissent l’action et déplacent l’intrigue hors de son cadre.

Encore un mot...

La page est tournée et l'on attend un nouveau souffle comme celui donné par "l'Amie prodigieuse" et "Le Nouveau nom". Un quatrième (et dernier?) volet, "L'Enfant perdu", déjà paru en Italie, est en cours de traduction. Espérons qu'il fera oublier "Celle qui fuit et celle qui reste".

Une phrase

"Depuis dix ans au moins, le Dieu de mon enfance, qui n’avait jamais été très puissant, s’était isolé dans un coin, comme une vieille personne malade et je n’éprouvais nul besoin de la sanctification de mon mariage. L’essentiel, c’était de quitter Naples".

L'auteur

L’identité de la mystérieuse (ou du mystérieux) septuagénaire qui se cache derrière le pseudonyme d’Elena Ferrante n’est plus un sujet. Ce qui prime, ce sont ses œuvres traduites dans une quarantaine de pays. On parle déjà d’un film tourné par Mario Martone qui couronnera LA série éditoriale la plus lue de la première décennie du vingt-et-unième siècle.

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